Un des hommes forts du système onusien, indien d’origine, Shashi Tharoor, manie aussi bien l’Anglais que le Français. Dans la « Grande Maison onusienne », certains parlent de son élégance et de son intelligence, mais surtout de son dynamisme. Un homme à suivre ! M. Tharoor nous a fait l’honneur de répondre aux questions du « Soleil » à la fin du Sommet mondial sur la Société de l’information. L’idée de solidarité numérique, prônée par Me Wade, universellement reconnue est à saluer. Le courage des pays du Sud et leur détermination à rompre avec le néo colonialisme et la politique des mains tendues, seront les éléments moteurs de leur développement futur. Ne nous trompons pas de combat ! Nous devons être fiers et garder les pieds sur terre, travailler et travailler encore, en toute dignité, c’est la seule chose à faire. Toute information que nous vous délivrons est mesurable à l’aune de la vérité et de la générosité, valeurs essentielles qui caractérisent nos actions quotidiennement. M. le Secrètaire général adjoint, quel est votre sentiment par rapport à l’organisation et aux résultats du Sommet ? Shashi Tharoor : La déclaration de principes et le plan d’action ont été adoptés par les 175 pays présents après de longs débats. La Suisse a joué un rôle de facilitateur pour permettre d’arriver à un consensus sur des points très délicats, mais essentiels et on lui doit certainement une grande partie des résultats de ce Sommet. C’est le mieux que nous pouvions accomplir à ce stade du processus puisqu’un calendrier précis et des engagements ont été pris pour le futur. Rendez-vous en novembre 2005 à Tunis. • Comment l’ONU compte-t-elle accompagner le processus du Sommet pour mieux conscientiser les Chefs d’États et de Gouvernements en ce qui concerne la solidarité numérique ? C’est grâce à la ténacité du Président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, que le Principe de solidarité numérique a pu avancer et qu’un Fonds spécial a pu être envisagé. Désormais, la balle est dans le camp de l’ONU puisque les États ont chargé le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, de constituer un groupe de travail d’ici juin 2004. Il devra examiner tous les moyens de financement déjà existants dans ce domaine et proposer des formules ad-hoc pour contribuer à ce fonds spécial. La proposition sénégalaise est un bon départ ; elle a su convaincre des partenaires importants comme la ville de Genève qui a décidé d’accueillir le Siège du « Fonds de solidarité numérique », avant qu’il ne reçoive l’assentiment de tous les États et la ville de Lyon qui s’y est associée en offrant une contribution financière. Il s’agira alors, le moment venu, de communiquer et d’expliquer les conclusions des experts chargés par l’ONU de se pencher sur les modalités de fonctionnement d’un tel fonds : les États décideront alors en toute connaissance de cause à Tunis en 2005. • L’humanité peut-elle en rêver d’un monde meilleur ? Rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication est encore à découvrir puisqu’elles évoluent et se disséminent avec une ampleur et une rapidité incroyables. Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que l’échange des informations est de l’intérêt de tous les pays sur le plan économique, social et culturel. La révolution de l’information est inconcevable sans la démocratie politique. Par conséquent, les États doivent s’ouvrir au monde extérieur, libéraliser leurs moyens de communications, résister aux tentations de contrôle et de censure de l’information. De leur côté, les pays riches ont tout intérêt à les soutenir en donnant un accès plus libre et plus juste à leurs réseaux aux pays en développement, en les aidant à bâtir ou à améliorer leurs infrastructures et en partageant avec eux leurs avancées technologiques. C’est à ce prix que la solidarité permettra l’émergence d’un monde meilleur.
EL HADJI GORGUI WADE NDOYE
(Source : Le Soleil 19 décembre 2003)
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