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Les véritables enjeux dans l’affaire de la taxation des appels entrant au Sénégal

vendredi 19 août 2011

En lieu et place du débat sur la renationalisation de la Sonatel, l’actualité de l’heure doit être centrée sur la taxation des appels entrant au Sénégal puisque c’est de cela qu’il s’agit dans un premier temps.

En effet, en voulons noyer le poisson ou simplement instaurer un débat populiste, certains participants comme le syndicaliste adoré et attitré de France Télécom (NDRL : il est le représentant des travailleurs au niveau de toutes les positions de France télécom en Afrique y compris là où ils ne sont pas encore structurés !) ont cherché à faire une confusion de temps et d’objectifs pour motiver leur opposition à ce projet dont ils demeurent des invités surprises puisque devant mettre aux prises l’Etat du Sénégal et l’actionnaire majoritaire de la Sonatel qui se trouve être France Télécom.

En vérité, l’objet du dernier Conseil Présidentiel sur les télécommunications était d’expliquer aux différents acteurs pourquoi l’Etat du Sénégal a pris la décision de reprendre le décret portant taxation des appels entrant au Sénégal qui était suspendu provisoirement après trois mois d’application.

Le rachat évoqué des actions de la Sonatel détenues par France Télécom restant un vœu puisque devant obéir à beaucoup de facteurs allant de négociations entre autorités des deux pays aux exigences de la Bourse Régionale des Valeurs mobilières. Cependant, cela n’enlève en rien le caractère stratégique de ce vœu de Son Excellence Monsieur le Président de la République en perspective de la date d’échéance de 2017.

Le conseil Présidentiel, en annonçant le retour de la taxation des appels entrant, a lancé un défi aux contestataires nationaux du projet en leur demandant de démontrer l’impact de cette mesure sur la préservation de l’outil de travail et des droits des travailleurs.

Ainsi, je pense très sincèrement que la balle est dans le camp de ces contestataires puisqu’entre la prise de décision et l’effectivité de la mesure il y a une marge confortable de temps pour mener toute sorte d’étude possible. Mais je considère que c’est manquer de sincérité et d’arguments que de vouloir s’arcbouter aux deux expressions « appui au fonds de l’énergie et renationalisation de la Sonatel » pour en faire un cheval de bataille.

C’est même une peine perdue puisque le gouvernement, conscient de l’absence d’arguments des détracteurs de ce projet, ne reculera point. En effet, sur le plan financier, au regard des informations puisées des rapports d’activités et financiers de la Sonatel sur une base de trois années (2008, 2009 et 2010), personne ne peut sérieusement justifier une quelconque dépréciation de la boîte de Cheikh Tidiane Mbaye.

En effet, avec une marge nette presque constante sur les trois dernières années, un pourcentage de la balance internationale sur le chiffre d’affaire constant ou même en progression en 2010 (année où la taxe a été appliquée sur trois mois), un niveau d’investissement très satisfaisant de 19,6% du Chiffre d’Affaire en 2010, une capacité d’autofinancement de cinq fois supérieur à sa dette financière et un résultat net cumulé de 526,613 milliard de Francs CFA, la Sonatel a fini d’assurer sa survie et sa position de leader sur le marché sous régional pour les dix années à venir.

Ceci, est d’ailleurs une point sur lequel veille spécifiquement la BRVM dont elle régule 90% de son fonction compte tenu de sa position dans l’indice BRVM 10. Aussi, l’évolution du PER et le fait que depuis 1998 date de son entrée en bourse, la Sonatel n’a pas émis de nouvelles actions (toutes les dernières augmentations de son capital se sont faites par apports internes) confortent à suffisance tout actionnaire ou investisseur averti sur la capacité de cette entreprise à se surpasser même en cas de scénario catastrophe.

En vérité le seul élément susceptible d’impacter sérieusement sur le cours de l’action Sonatel ou globalement sur la situation de cette entreprise sur les dix années à venir reste un changement comportement stratégique de France Télécom dont certains spécialistes de la téléphonie relèvent que ses intérêts s’opposent déjà à ceux de la Sonatel. En effet, l’entreprise sénégalaise, après s’être implantée dans les pays limitrophes, où elle comptait en décembre 2008, 3,4 millions de clients contre 3,8 millions au Sénégal, ambitionnait de s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest, francophone dans un premier temps.

Ce sont des marchés que vise aussi France Telecom dans sa stratégie mondiale de déploiement. Devenue actionnaire majoritaire, elle confinerait donc Sonatel à sa sphère actuelle. N’est ce pas le cas au Togo ? Ce changement de comportement, si il se confirme au fil des années, impacterait très négativement l’économie sénégalaise dans laquelle la Sonatel contribue pour près de 6% à la croissance du Produit intérieur brut (Pib).

Elle génère près de 12% des recettes fiscales et participe pour près de 12,5% aux recettes budgétaires de l’Etat et représente plus de 8% des exportations du Sénégal. En vérité, la Sonatel bien que profitant encore plus au capital étranger, est depuis quelques années maintenant l’un des rares moteurs qui tirent l’économie nationale. La boîte a versé cumulativement plus de 100 milliards de Fcfa de dividendes ces cinq dernières années.

Elle a investi plus de 85 milliards de Fcfa ce qui représente quelque 9,5% de tous les investissements privés réalisés dans la période considérée. Que dire des effets induis ? Sinon que 60 milliards de Fcfa ont été versés à 966 Pme-Pmi sénégalaises. Il est vrai, confient certains cadres que ce chiffre est bien moindre à celui qui est « alloué » aux entreprises étrangères, mais il pourrait être beaucoup plus important si et seulement si, le gouvernement avait au sein du conseil d’administration un réel projet d’avenir et marquait sa préférence et son souci de valoriser l’expertise locale. Des pays émergents comme la Chine et l’Inde pour ne citer qu’eux, l’ont bien compris.

Au terme de cette analyse, il apparait donc nécessaire de se projeter sur le futur pour se poser la question de savoir « est-ce que la renationalisation de la Sonatel ne s’impose pas comme une œuvre de salubrité publique compte tenu des incertitudes sur un compagnonnage sincère avec France Télécom et la place de la Sonatel dans l’économie Sénégalaise ? » En tout état de cause, ce qui est incontestablement à regretter c’est la privatisation précoce de la Sonatel en 1997 alors que le marché du mobile ne faisait que démarrer très timidement au Sénégal

Abdoulaye Seck,
Diplômé en Finance et gestion des Risques,
Conseiller Technique à la Présidence de la République

(Source : Le Messager, 19 août 2011)

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