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« Les télécoms, une technologie de soutien à l’économie africaine »

samedi 3 mars 2012

Henri Tcheng, directeur associé chez BearingPoint en charge des secteurs communications, contenus, énergies et utilities, a développé sa vision de l’Afrique en devenir.

Il a commencé par rappeler quelques données importantes concernant le développement des télécommunications en Afrique et explique que les télécommunications rapportent près de 56 milliards de dollars à l’Afrique dont 49 pour le seul secteur des mobiles.

Avec 15 milliards de recettes fiscales, le secteur des télécommunications se positionne comme le premier ou le deuxième contributeur dans un grand nombre de pays africains et génère près de 5,4 millions d’emplois en Afrique.

Si aujourd’hui, 36 % des Africains ont un téléphone mobile, 32% sont en couverture mais ne disposent pas de téléphone mobile. Cependant, il faudra noter que 32 % des Africains sont en zones non couvertes par la téléphone mobile. C’est qu’il convient d’appeler « le panorama des trois tiers ».

Chez BearingPoint, les pays africains sont segmentés quatre grands clusters : Maghreb, Afrique subsaharienne, Moyen-Orient et Afrique Australe. Les niveaux et les volumes d’investissements, des taux de pénétration mobile, des niveaux de revenus, varient d’une zone à l’autre.

10% de pénétration mobile = 1% de PIB

Entre les années 70 et 90, les économistes ont toujours considéré que les télécommunications étaient une conséquence du développement économique. Selon ces observations, dès lors que l’on arrive à 40 % de taux de pénétration de lignes fixes par rapport aux foyers, et non par rapport à la population, les télécoms pouvaient se développer fortement pour devenir un accélérateur de croissance. Mais à partir des années 80, des chercheurs ont démontré le contraire. Avec le développement des technologies mobile, les économistes ont prouvé que les télécoms sont devenues ce qu’il convient d’appeler une technologie polyvalente ou encore une technologie de base qui sert à développer l’économie.

On estime, aujourd’hui que 10% de taux de pénétration mobile génère près de 1 % de croissance du PIB. On voit ainsi que la téléphonie mobile apporte de la valeur à la croissance économique des pays africains. En revanche, quand on fait l’analyse de l’approche « the buttom of the pyramid », nous comparons le niveau de revenus des individus en segmentant les pays suivant la moyenne des niveaux de vie des pays. Suivant les niveaux de revenus des plus pauvres aux plus riches, et en additionnant les populations en fonction des niveaux de vie, on se rend compte qu’on n’est pas sur une courbe de Gauss.

Ce qui laisserait penser qu’il y a une population relativement pauvre, un milieu de marché et quelques personnes beaucoup plus riches. Il y a effectivement une frange de la population, en millions d’habitants qui, de par leurs faibles revenus, ne sont pas accessibles directement à la téléphonie mobile à court terme. C’est plutôt via des « villages phones », des téléphones communautaires ou des partages d’infrastructures que ces populations peuvent accéder aux ressources de communication. C’est simplement au deuxième étage que l’on peut accéder à la téléphonie mobile, essentiellement dans un mode prépayé avec aussi un accès aux nouveaux usages tels que les services de m-paiement.

Il s’agit de services à valeur ajoutée qui se substituent à la défaillance d’un certains nombre d’infrastructures. A ce titre, ces services de m-paiement, de m-santé, d’e-learning, e-gouv sont des vecteurs d’accélération pour toute l’économie en général.

m-paiement : une percée formidable

M-pesa compte environ 8 millions d’utilisateurs au Kenya. Dans ce pays, près de 30 % des transactions passent par le système de m-paiement. A titre de comparaison, cela fait un peu plus d’un an que des opérateurs français tentent une expérimentation de m-paiement via la technologie NFC à Nice. Il y a à ce jour que 3000 utilisateurs. Sur la période de Noël, il était prévu une recrudescence des opérations. Mais à l’arrivée, il y a eu zéro transaction effectuée. Aujourd’hui, ce système est exclusivement réservé au transport public. Quand on évoque l’Afrique en termes de laboratoire d’usage, on se rend compte que le continent africain continue de démonter sa maturité et son engouement dans toutes ces technologies nouvelles. Les raisons sont connues. D’une part, le système financier européen est aujourd’hui saturé et d’autre part, les fortes contraintes réglementaires ne sont pas de nature à favoriser l’émergence du marché de m-paiement en Europe. C’est tout le contraire en Afrique. Il est aujourd’hui facile de monter des partenariats entre les opérateurs de télécommunications et les banques pour proposer des services bancaires et financiers innovants. Le marché du m-paiement a toutes les chances de se développer quand on sait que le taux de bancarisation dépasse rarement les 11 %.

C’est un marché en devenir avec une vraie valeur pour les Etats. Le modèle de coopération fonctionne parfaitement. L’idéal est d’arriver à la version ultime reposant sur le modèle choisi par NTT DoCoMo. L’opérateur historique japonais a opté pour l’achat d’une banque afin de fournir à ses clients un service de paiement reposant exclusivement sur une banque mobile complètement intégrée à l’écosystème de l’opérateur.

Les télécoms représentent 2% de la santé

Alors qu’en Europe, la question de la santé liée au mobile se focalise plutôt sur les risques de cancer du cerveau et de la maitrise des champs électromagnétique, en Afrique l’enjeu se situe ailleurs. Le principal enjeu en Afrique consiste à désenclaver la population quand on sait qu’il y a des risques liés au coût, au temps et à la sécurité des transports des biens et des personnes. La téléphonie mobile apporte de la valeur dans toutes ces dimensions en ce sens qu’il permet de faire des opérations de télédiagnostic, de télé-prévention. Cela permet de diffuser de l’information qu’elle soit descendante ou remontante. Le téléphone mobile est beaucoup utilisé en Afrique du Sud lors des campagnes d’information sur le sida ou encore lors des campagnes épidémiologiques. L’internet mobile est souvent utilisé pour faire des remontées d’informations lors des campagnes de pharmacovigilance. Au Mali, il est possible via internet mobile d’assurer le suivi du poids des bébés.

GSMA a lancé un certain nombre d’initiatives parmi lesquelles, Phone for Health, qui permet de faire le suivi des campagnes d’épidémiologie. Par exemple, Orange fait du télédiagnostic en Egypte ou encore de la télé-radiologie au Mali à distance pour éviter les problèmes liés au déplacement qui est un enjeu vital pour bon nombre de personnes malades en Afrique.

Le téléphone mobile est un vecteur de santé important en Afrique. Aujourd’hui, les télécoms représentent 2 % du budget de la santé en Afrique.

En Afrique du Sud, on mesure à sa juste valeur ajoutée l’importance d’un simple SMS qui est souvent utilisé comme un système d’alerte dans le cadre de la trithérapie. Dans d’autre cas, comme au Ghana, le téléphone portable permet de s’assurer de la traçabilité des médicaments sur toute la chaîne logistique. Il est triste de constater que le continent africain est très affecté par les fraudes et autres contrefaçons liées aux trafics de tout genre surtout pour les médicaments.

Télé-enseignement : Le vecteur mobile en question ?

C’est un domaine très difficile à gérer du fait du grand nombre d’intervenants dans la chaine de valeurs. Entre les apprenants, le corps professoral, les ministères impliqués, des institutions intéressées à développer le télé-enseignement et des entreprises qui vendent des solutions, il est difficile de concilier les positions compte tenu des enjeux spécifiques pour chacune des catégories. L’internet mobile et la mobilité ne sont pas naturellement destinés à faire du télé-enseignement pour la bonne et simple raison que ces technologies sont destinées à faire du One to One. En revanche, avec la radio, on peut faire du broadcast et adresser à un large public. Mais ce système présente l’inconvénient, de ne pas permettre l’interaction. Il y a deux marchés identifiés : primo, les zones exclues des zones de couverture. C’est justement dans ces zones qu’il y a le plus grand nombre d’illettrisme et les zones urbaines. Une simple segmentation montre la diversité qu’il peut avoir entre deux pays. L’illettrisme au Mali c’est 70% de la population alors qu’il est de 10 % en Afrique. Secundo, dans le domaine de l’enseignement supérieur, il y a un certain nombre d’initiatives qui se mettent en place entre des opérateurs de télécommunications et des universités. Bien que l’on soit dans des zones urbaines, les infrastructures de transports ne sont pas très développées. La technologie mobile, même en 3G ou encore LTE n’est pas faite pour faire du broadcast pour des milliers de personnes en parallèle. Avec l’arrivée de la 4G LTE, nous restons optimistes quant au développement de services à valeur ajoutée autour de solutions mobiles. Ce sont les réseaux mobiles qui vont apporter le broadband à la grande majorité de la population africaine.

e-gouvernement : des initiatives à encourager

On se souvient du rôle déterminent qu’ont joué les télécoms mobile dans les différentes révolutions arabes. Qu’il s’agisse de Facebook, les sms pour se coordonner, les télécoms mobiles ont été un vecteur majeur de communication dans le processus de démocratisation. De plus en plus, le broadband mobile continuera de jouer un rôle pour aider les citoyens à accéder à des services gouvernementaux. Il y a l’exemple du Rwanda où la demande de visa se fait par Internet. In fine, les télécommunications mobiles et le broadband mobile sont des vecteurs de modernisation de l’ensemble des processus et des procédures administratives. On le voit à travers la montée en puissance du nombre d’appels d’offres financés par le BAD, par la Banque mondiale ou d’autres bailleurs de fonds.

Les télécoms mobiles sont des soutiens à l’activité de base de plusieurs pays, notamment dans le domaine de l’agro-business. Exemple, les pêcheurs se sont affranchis de la domination des intermédiaires et des rentes liées à cette intermédiation. Le téléphone mobile permet désormais aux pêcheurs de choisir leur port de débarquement, tout en maitrisant, en amont, les cours du poisson à l’instant T pour opérer son choix final. Dans ce cas comme beaucoup d’autres, le téléphone mobile sert à « désintermédier » des rentes de situations sur le continent africain.

Mohamadou Diallo pour le magazine Réseau Télécom No 51

(Source : Agence Ecofin, 2 mars 2012)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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