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Les start-up africaines ont levé plus d’un milliard de dollars US en 2018

samedi 23 mars 2019

C’est peu de dire que le momentum de « l’African Tech » s’amplifie avec force et enflamme les investisseurs. Illustration avec le rapport que vient de publier le fonds Partech Africa.

Où en est-on des levées de fonds réalisées par les start-up du continent ? C’est la question à laquelle répond Partech Africa qui dispose de bureaux sur le continent à Dakar et Nairobi. À partir d’une étude serrée et précise sur le terrain, le géant du capital-risque a établi qu’en 2018, 146 start-up réparties entre 19 pays ont explosé tous les records de levées en atteignant collectivement la somme vertigineuse de 1,16 milliard de dollars. Une masse financière en très forte progression (+ 108 %) par rapport aux cumuls des levées réalisées en 2017 (560 millions de dollars, déjà un record à l’époque) au profit des entrepreneurs africains du numérique.

Et une illustration de la validation du marché de la Tech africaine par les capitaux-risqueurs du monde entier, qui parient ainsi sur l’avenir : qu’ils soient africains, occidentaux ou asiatiques, les investisseurs se laissent séduire plus facilement par les innovations digitales qui se multiplient sur le continent.

Une maturité presque déconcertante pour Cyril Collon et Tidjane Deme, tous deux General Partner de Partech Africa et coauteurs du rapport : «  en 2015, nous envisagions que la barre symbolique du milliard de dollars serait franchie, mais pas avant en 2020. La réalité nous a rattrapés avec deux années d’avance ! Il est clair que l’écosystème tech africain se renforce chaque année de manière considérable, et que les entrepreneurs africains ont fortement gagné en attractivité  ». Partech Africa précise en préambule avoir adopté une méthodologie particulièrement stricte pour parvenir à ces chiffres impressionnants. Le rapport, qui se focalise exclusivement sur le secteur du numérique, ne répertorie que les levées de fonds annoncées officiellement, supérieures à un plancher minimum de 200 000 dollars et inférieures à 100 millions. Des règles de calcul qui écartent du «  scope  » les «  petits tickets  » (le plus souvent réalisés de manière confidentielle par des «  business angels  » individuels) qui sont plus difficiles à suivre et à vérifier d’après Partech Africa.

Séries A et B : la grande accélération

Les «  rounds  » d’investissement en série A (pour les sociétés qui se situent au stade post-amorçage) et série B (seconde levée de fonds pour les sociétés en processus de scalabilité) ont fortement augmenté selon Partech Africa : plus de 70 levées de fonds cumulant plus de 482 millions de dollars ont été enregistrées en 2018, soit une hausse en volume de 51 %. Si le ticket moyen en série A se stabilise autour de 4,1 millions de dollars d’une année sur l’autre, il croît fortement en série B (14,4 millions d’USD en moyenne en 2018 contre 10,5 millions l’année précédente). Au niveau inférieur, les levées de fonds en seed (amorçage) – la phase la plus risquée pour les investisseurs – sont aussi en hausse en 2018. Avec 80 levées enregistrées pour un ticket d’entrée moyen de 1 million de dollars.

Le Kenya accélère, l’Afrique francophone marque le pas

Pionnier historique de la Tech en Afrique, le Kenya reprend l’ascendant sur l’Afrique du Sud et le Nigeria en se hissant à la tête du Top 3 selon Partech Africa. 44 start-up kenyanes ont attiré des sommes records en 2018 à l’instar de Cellulant dans l’inclusion financière (47,5 millions de dollars), Dlight dans le «  Off-Grid  » (41 millions de dollars) ou encore Twiga Foods dans la distribution (10 millions d’USD). Au total, les jeunes pousses de Nairobi ont attiré plus de 348 millions de dollars (+ 136 % par rapport à 2017). Incontournable avec ses 190 millions d’habitants, le Nigeria n’est pas en reste : 26 success-stories nigérianes ont attiré 306 millions d’USD d’investissements en 2018. En particulier dans le secteur des technologies financières. Avec la poussée de pépites emblématiques de Lagos comme Flutterwave ou Paga, qui continuent de tirer le secteur vers le haut. Les deux Fintechs ont chacune levé en 2018 la coquette somme de 10 millions de dollars pour doper leurs activités. Enfin à noter dans le paysage du e-commerce nigérian l’investissement (non rendu public à ce jour) réalisé par le célèbre groupe français Pernod Ricard dans le capital de Jumia, la première licorne africaine (qui vient par ailleurs d’annoncer son intention d’entrer à la Bourse de New York).

Du côté de Cape Town et de Johannesburg, 37 start-up ont attiré collectivement la bagatelle de 250 millions d’USD (un volume en hausse de 49 % par rapport à 2017). Avec notamment l’acquisition, pour 98 millions de dollars, de la sud-africaine WeBuyCars – une start-up spécialisée dans la vente de véhicules sur Internet (et qui pour la petite histoire a vu le jour dans un garage il y a 18 ans) – par le puissant groupe de multimédia Naspers.

Une bouffée de croissance que l’on ne retrouve pas dans la partie francophone du continent, à l’exception notable du Sénégal. Car si Dakar parvient à tirer son épingle du jeu avec plus de 22 millions de dollars levés par les start-up locales, dans leur globalité, les levées de fonds réalisées dans les pays d’Afrique francophone stagnent selon les auteurs. Avec «  seulement  » 54,3 millions de dollars attirés en 2018 contre 55,5 millions de dollars l’année précédente. Les deux auteurs du rapport se veulent néanmoins confiants : «  en dehors des 3 locomotives Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, la dynamique des écosystèmes tech locaux va moins vite, mais cela est vrai aussi bien dans l’espace francophone qu’anglophone, par contre les talents sont là et l’amorçage se structurant, de belles start-up vont éclore  ».

Les services aux entreprises décollent

Côté sectoriel, les entreprises spécialisées dans l’inclusion financière ont sans surprise été les plus courtisées de la scène tech africaine en 2018, confirmant une tendance déjà observée en 2017. «  L’inclusion financière est au cœur des enjeux, le paysage 2018 le confirme massivement avec 50 % des investissements. L’affirmation de l’avènement d’acteurs clés, au niveau paiements et agrégation en particulier, est fondamentale dans la transformation requise du continent  », détaillent Cyril Collon et Tidjane Deme. Les seules start-up Fintech ont ainsi absorbé en 2018 un peu moins de 380 millions de dollars, ce qui représente le tiers de la totalité des levées comptabilisées.

Mais c’est surtout le boom des «  marketplaces  » spécialisées dans le B2B et les services aux entreprises qui donne le tournis cette année. Avec près de 353 millions de dollars attirés par les start-up du secteur, ce qui représente un saut quantique de + 397 % en un an. «  Dans un contexte où la monétisation est au cœur des enjeux, les clients entreprises peuvent payer. Cela rassure bien sûr les investisseurs, d’où l’attractivité du secteur  », expliquent ainsi les auteurs.

C’est le plébiscite des solutions digitales africaines qui, grâce à l’optimisation des précieuses «  datas  », aident les petites entreprises informelles à se structurer en les rendant plus autonomes. Avec des impacts importants sur des pans entiers de l’économie réelle, en particulier dans la logistique et le retail. À l’image de la start-up Trade Depot, au Nigeria, qui démultiplie la productivité de milliers de petits commerçants informels à Lagos grâce à un système d’inventaire et d’approvisionnement en temps réel. L’ère des plateformes «  made in Africa  » ne fait que commencer.

Samir Abdelkrim [1]

(Source : Le Point Afrique, 23 mars 2019)

[1] Samir Abdelkrim, fondateur du sommet sur la #Tech4Good EMERGING Valley et de l’entreprise de conseil StartupBRICS, a parcouru une vingtaine d’écosystèmes numériques africains et en a tiré un livre, « Startup Lions, au coeur de l’African Tech », disponible sur Amazon.

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