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Les sites web sénégalais doivent-ils continuer à être des zones de non droit ?

mercredi 14 mars 2012

« Le peuple n’a jamais eu autant de pouvoir que sur Internet. » disait le fondateur de GANDI (Gestion et attribution des noms de domaine sur Internet). Une vérité implacable qui ne souffre d’aucune contestation. Aujourd’hui, dans tous les pays du monde, de tous les médias, internet confère plus de pouvoir. Une arme solide à la portée de tous. Dans ce troisième millénaire, internet rime avec pouvoir. L’Afrique, longtemps en marge de cette révolution numérique, est entrée de plein fouet dans ce village virtuel et s’y meut de façon extraordinaire. Le Sénégal, pionnier enAfrique de l’Ouest dans ce secteur est aujourd’hui un des pays les plus connectés d’Afrique sur ce réseau né dans le pays de l’Oncle SAM.

Aujourd’hui, les sites internet poussent comme des champignons dans le pays du grand savant Cheikh Anta DIOP. Relais d’information incontournable, armes de dissuasion efficaces contre certains esprits mal intentionnés, ces portails sénégalais sont devenus une véritable police. Ils sont devenus de véritables contre pouvoirs. Ils informent, amusent et emploient des centaines de Sénégalais. Mieux, ces sites internet supplantent même les télévisions sénégalaises dans la diaspora parce que l’information est en temps réel et en continu. A titre d’exemple, il ne se passe pas un seul jour sans que je ne me connecte sur deux ou trois portails sénégalais alors que je peux passer des jours sans regarder 2STV ou RTS.

C’est dire que ces portails sont devenus incontournables pour plusieurs raisons surtout pour les Sénégalais de l’extérieur et ceux éloignés de la capitale. Ils sont également un lieu d’expression et d’échanges très importants où les Sénégalais du monde entier se retrouvent quotidiennement. Une interconnexion viable. Un lieu de révolution pour combattre les politiciens véreux. Abdoulaye Wadene dira pas le contraire.

Toutefois, cette révolution numérique n’est pas sans conséquences. Les portails sénégalais se détournent très souvent de leur rôle principal : Informer les citoyens du monde. Ces sites internet sont dans la grande majorité des destructeurs de vie et de carrière. Quelle tournure aurait pris l’affaire Djombass DIAW si les sites internet ne s’étaient pas emparés de ce scandale sexuel sur fond de règlement de compte politique ? C’est dire qu’internet peut en une fraction de seconde bousiller une carrière aussi prestigieuse soit -elle.

Dans la course à l’audience et la fréquentation, tous les coups sont permis. Ils se sucent comme des sangsues, se critiquent sans répit et s’adonnent à des pratiques peu musulmanes. Ils sont rares à disposer de journalistes et de correspondants pour le traitement professionnel et la couverture idoine des événements. Ainsi, ils se jettent comme des morts de faim sur les informations parues sur les journaux classiques ou celles distillées par les journalistes et correspondants des médias classiques. Ceci pose pose un problème de taille : Le copier-coller... Aucun site internet Sénégalais ne peut se targuer de ne pas se sucrer sur le dos de son prochain. D’ailleurs, avec l’avènement des sites internet, les quotidiens classiques perdent une part de marché considérable. Leur support classique payant devient accessible gratuitement sur le web. Un manque à gagner considérable pour la survie de ces médias classiques. Tout travail mérite salaire. Il faut, à défaut d’un partenariat gagnant-gagnant, s’abstenir d’exploiter le travail d’autrui à des fins pécuniaires sans contrepartie.

L’autre problème des portails sénégalais est la guerre du leadership. Chaque site brandit des statistiques pour se targuer d’être le site numéro 1 du Sénégal. Si seneweb.com est sans doute un des plus phares des portails sénégalais, les autres sites internet ont du chemin à se faire pour plusieurs raisons. Ils se crêpent le chignon quotidiennement et se chamaillent comme des poissonnières. Il est très fréquent de voir sur le net des duels entre administrateurs de site web. Chacun traite son compère de malhonnête, de maitre-chanteur et de menteur invétéré. Ils s’insultent copieusement et se gargarisent à tourner en bourrique leur adversaire du jour. Loin de servir la révolution numérique, ces querelles de base cour hypertrophient les compétences et enlèvent tout sérieux à ces relais d’information. Internet est devenu le lieu privilégié pour solder les vieux litiges et les vieilles rancunes.

Le contenu des sites internet est également devenu un véritable souci. Ils sont nombreux à verser dans le sensationnel pour capter les visiteurs. Les sujets favoris sont le sexe, le people et l’immigration. Avec l’avènement de certains sites dits people, aucun sénégalais n’est à l’abri des rumeurs. Tout sénégalais est devenu vulnérable. Le sexe est le sujet de prédilection. Dans la matrice BCG des sites people, le mannequin Adja DIALLO est sans doute le produit " Star ". Son amour pour les nuits arrosés, ses supposés ébats sexuels avec telle ou telle star, ses cuisses et ses tatouages sont servis tous les matins aux sénégalais en guise d’évasion érotique. Tous les jours, les informations de ce type sur telle ou telle star font les choux gras des sites internet sénégalais. Une intrusion flagrante dans la sphère privée des sénégalais qui enverrait bon nombres d’administrateurs de sites internet en prison si la loi était bien appliquée et bien structurée. Au mieux, ils seront dépouillés de toutes leurs ressources financières engrangées de leur business du web.

S’il est agréable de se rincer les yeux sur de belles nymphes Sénégalaises , force est de constater que le sexe à tout bout de champ devient nauséabond. Le sexe est vendeur. Les sites internet le savent et l’utilisent à outrance. Tous les jours, le Sénégalais a droit à la vue d’une belle paire de fesse, à des seins bombés en l’air et aux entre jambes de stars que ces même sites internet fabriquent quotidiennement. Point besoin de passer à la télévision pour se faire un nom, les sites internet constituent le meilleur moyen. De nouveaux noms sortent tous les jours de leurs besaces. Ils parcourent les profils Facebook des sénégalais et piquent toute photo susceptible d’aiguiser l’appétit des curieux. Ils créent des histoires à dormir debout pour créer le buzz. Des confessions intimes d’une rare violence sont servis quotidiennement aux sénégalais. " Il a couché avec son chien ", " Il a couché avec sa mère ou sa sœur " , " Mon mari ne sait pas me faire l’amour"... Autant de bribes d’histoires qui se taillent une belle part dans les publications des sites internet sénégalais.

On déforme tout. On surfe sur le sensationnel comme si les Sénégalais étaient des épicuriens invétérés, qui ne vivent que pour le sexe. Quand ils manquent de sujet, ils font des immersions fictives dans la vie des immigrés sénégalais. Leur vie dans l’immigration est passée au peigne fin. L’accent est toujours mis sur les mauvais cotés, les galères et les souffrances des immigrés dans le seul dessein de faire parler... Les commentaires fusent et c’est la fête sur le net. Ca casse de l’émigré.

Les rumeurs foisonnent souvent sur les portails Sénégalais. Rares sont les sites qui vérifient les informations avant leur publication. Ceci pose un sérieux problème de déontologie. Tout le monde est devenu professionnel de l’information. On est tous devenus des journalistes.

L’objectif de cette analyse est d’alerter les états majors des deux candidats au deuxième tour de l’élection présidentielle sur les dérives des portails Sénégalais. Internet est un outil très utile et créateur d’emplois mais cela ne doit pas autant être une zone de non droit. Dans plusieurs pays, des lois et des règlements efficaces existent pour protéger les citoyens contre les dérives de ce nouveau média. Il faut une véritable autorité administrative indépendante pour protéger les libertés individuelles et la vie privée des citoyens. Le Sénégal gagnera mieux à encadrer ce secteur très porteur mais très dangereux. Je suis pour la liberté d’expression... Mais liberté d’expression ne veut pas dire libertinage d’expression. Les sites people à caractère pornographique, les sites web classiques à la ligne éditoriale basée sur les rumeurs et le sensationnel doivent tous etre mis au banc des accusés pour séparer le bon grain de l’ivraie. La question à laquelle, ils doivent répondre est la suivante : " Quels seront les contours des portails d’informations Sénégalais après le 25 Mars " ?

Samba Fodé KOITA dit EYO, www.bakelinfo.com

(Source : Dans L’arbe à palabres de Bakel, 14 mars 2012)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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