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Les enjeux colossaux d’internet et de la téléphonie mobile en Afrique

mercredi 18 septembre 2013

L’Afrique avance à pas de géants dans les usages de la téléphonie mobile. Avec l’espoir de bénéficier prochainement d’une couverture internet aussi importante ? Pour les opérateurs, les enjeux sont colossaux. Pour le continent africain aussi, qui pourrait bénéficier par la suite des effets économiques structurants d’un meilleur système de communication.

L’Afrique est en train de réaliser un véritable « saut quantique » en passant directement au téléphone mobile sans passer par la case du téléphone filaire. Et bientôt les Africains pourront envisager la même chose pour l’accès à internet ? C’est ce que ne sont pas loin de penser certains analystes, dont ceux de la société Bearing Point qui viennent de réaliser une étude intitulée « Les enjeux des télécoms dans les pays émergents ».

« Le monopole des opérateurs concerne moins de 10% des pays »

On apprend dans cette étude que les opérateurs qui verrouillaient les pays africains dans une situation de quasi monopole il y a 20 années se retrouvent au sein d’une concurrence sommes toutes bénéfique pour les consommateurs de nos jours. Ainsi, selon cette étude, en 1992, « 75% des pays africains n’avaient aucun réseau mobile et les 25% restants étaient en situation de monopole. Cinq ans plus tard, on retrouvait 95% des pays avec un réseau mobile mais 75% étaient encore en monopole. En 2002, il ne restait plus que 20% de monopoles et aujourd’hui, le monopole concerne moins de 10% des pays. » L’Afrique ferait même rêver les opérateurs de téléphonie, tout comme les fournisseurs d’accès à internet ou les géants de la Toile. Exemples emblématiques, la firme Google qui s’intéresse à ce marché via son loon project et Twitter qui s’associe gratuitement aux opérateurs en se garantissant à peu de frais des abonnés.

L’Afrique représente moins de 5% des utilisateurs internet dans le monde !

Mais l’internet via haut débit fixe demeure peu développé en Afrique. Il s’agit même du continent qui a le plus de retard dans ce domaine car l’Afrique représente moins de 5% des utilisateurs internet dans le monde ! Dans le même ordre d’idée, à l’intérieur du continent africain, le développement s’avère très inégal. Ainsi, on retrouve la moitié des usagers en Afrique du Sud alors que la population de ce pays ne représente que 5% de la population africaine totale. La marge de manœuvre est donc grande et, d’ores et déjà, des moyens existent pour envisager de désenclaver l’Afrique via le développement des câbles sous-marins, par exemple. Ce qui fait écrire aux responsables de l’étude : « Nous sommes convaincus que dans le domaine de l’internet, l’Afrique va connaître le même "saut quantique" que dans la voix avec le développement accéléré de l’Internet mobile. » Ce désenclavement des régions grâce à l’internet fixe haut débit pourrait même devenir un enjeu gouvernemental et international, afin de soutenir le développement économique et social des pays africains.

Au Kenya 30% des flux financiers passe par téléphone mobile

Car les télécoms ont une réelle influence sur la croissance économique d’un pays. D’un côté, c’est une source de revenu considérable pour les gouvernements locaux. Selon l’étude, « le marché de la téléphonie mobile produit ainsi 7% des recettes fiscales totales de l’Afrique subsaharienne ! ». Et d’un autre côté, les téléphones mobiles en Afrique peuvent contribuer à développer de nouveaux usages. On découvre ainsi que le pays au monde où on utilise le plus le paiement avec un téléphone mobile, n’est ni le Japon ni les États-Unis mais le Kenya ! « Un pays au sein duquel 30% des flux financiers passe par téléphone mobile », explique Jean-Michel Huet, directeur associé de la société Bearing Point et coordinateur de l’étude. Les usages liés au téléphone peuvent également modifier positivement les économies.

De manière structurante, comme au Sénégal ou au Kenya, où la mise en place de systèmes d’enchères pour la vente de poissons avec SMS a amélioré la productivité et les conditions de vente. De manière innovante aussi quand un système de prêt de minutes via SMS renvoit à des usages séculaires en Afrique comme les tontines (« prêt » communautaire où plusieurs personnes co-empruntent pour que l’un(-e) d’eux ou une partie d’entre eux bénéficient d’un produit). On peut penser également aux effets positifs envisageables dans les domaines de la santé ou du télé-enseignement. Ainsi, lors de ce qui est devenu sur Twitter #drameplateau en Côte d’Ivoire, c’est la mobilisation via les réseaux sociaux qui a permis d’améliorer les soins aux victimes et de retrouver les personnes disparues. Ce qui fait dire aux auteurs de l’étude : « Le déploiement des réseaux 3G, 3,5G, 4G quelle que soit la famille technologique retenue (UMTS, LTE, etc.) constitue l’enjeu technologique majeur de la décennie en Afrique. »

Le taux de pénétration des télécoms en Afrique, au niveau de l’accès à l’eau courante

Véritable paradoxe pourtant, on en vient à parler de bonne couverture téléphonique dans un continent où l’approvisionnement de son chargeur en électricité n’est absolument pas garanti. Car l’électricité est un produit rare en Afrique, continent au taux d’électrification limité à 42%, soit le taux le plus faible de l’ensemble des régions en développement. De plus, ce taux moyen masque à la fois de fortes disparités régionales (99% au Maghreb, mais seulement 31% en Afrique subsaharienne), et un clivage urbain-rural très marqué (69% en urbain contre 25% en rural). Ainsi, moins de 10% des populations rurales d’Afrique subsaharienne ont ainsi accès à l’électricité.

Reste, et c’est un autre paradoxe mis en avant par l’étude, que « le taux de pénétration des télécoms en Afrique est au niveau de l’accès à l’eau courante (64%), et il est largement supérieur à l’accès à l’électricité (40%) ou à un compte en banque (21%) ». Ainsi, en 2011 le cap des 50% de taux de pénétration a été franchi en Afrique subsaharienne, celui des 100% en Afrique du Nord, pour s’établir à 68% sur le continent. Cependant, seuls 11% des Africains (ensemble du continent) ont accès à l’internet. Aujourd’hui, le retard de l’Afrique sur le reste du monde réside bien dans l’accès haut débit. Le broadband mobile va-t-il changer la donne ?

Thomas Bourdeau

(Source : RFI, 17 septembre 2013)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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