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Les 7 compagnies technologiques indiennes qui croient en l’Afrique

samedi 6 juillet 2013

L’Inde arrive en Afrique à pas discrets, mais grands. Son domaine d’intervention de prédilection est la haute technologie, les technologies de l’information et de la communication, l’informatique et les télécoms. Ce dossier dirigé par Beaugas-Orain Djoyum pour le magazine Réseau Télécom, présente les sept principales compagnies indiennes actives en Afrique. Bonne lecture !

1 Bharti Airtel, le fleuron de l’Inde en Afrique

Le plus grand opérateur mondial de télécoms en termes de clients, avec 271,4 millions d’abonnés au 31 mars 2013, estime que l’Afrique représente « un réservoir de croissance important », malgré les chiffres insatisfaisants de cette année. Il y compte déjà 63,7 millions de clients et envisage d’y investir 600 millions de dollars entre 2013 et 2014.

Toujours à la recherche de nouvelles acquisitions

100 millions d’abonnés en 2013. C’est l’objectif que s’était fixé Airtel en 2010 lorsqu’il entrait sur le marché africain. Cet objectif n’est pas atteint et ne le sera peut-être pas. Au 31 mars 2013, Bharti Airtel comptait en Afrique 63,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile (+2 millions d’abonnés de janvier à mars 2013) et 14,5 millions de clients à l’internet mobile, ce qui représente 22,8% du total de ses abonnés de base. L’ARPU (le chiffre d’affaires annuel moyen par client, calculé en divisant le « chiffre d’affaires des services mobiles » généré sur les douze derniers mois, hors itinérance nationale, par la moyenne pondérée du nombre de clients) pour le premier trimestre 2013 a été de 5,9 $ par mois. En baisse de 5% par rapport à un an plus tôt. Avec 271,4 millions d’abonnés au 31 mars 2013 (+19,6 millions de clients en 2012), le groupe indien est présent dans 20 pays en Asie et en Afrique. En Afrique, Airtel est présent dans 17 pays et reste optimiste quant à l’avenir, malgré le vent qui souffle.

Alors que les bénéfices nets du groupe de télécommunications indien au premier trimestre 2013 sont au rouge (baisse de 49% à 5,08 milliards de roupies (71 millions d’euros), contre 10,06 milliards de roupies un an plus tôt), en partie due à des investissements massifs pour son expansion en Afrique, Airtel reste confiant. Le continent africain représente pour lui un marché important pour soutenir sa stabilité future. « En Afrique, avec son pic d’investissements organiques, nous sommes optimistes quant au potentiel d’amélioration des parts de marché et des expansions de marge. Enfin, sur le front de données, nous assistons actuellement à une croissance cohérente, après chaque trimestre, dans toutes les zones géographiques », indique, optimiste, Sunil Bharti Mittal, le milliardaire président de Bharti Airtel, dans un communiqué rendu public le 2 mai 2013.

Le groupe n’entend pas s’arrêter de si bon chemin. Il est toujours la recherche de nouvelles acquisitions. Le 23 avril 2013 déjà, Bharti a annoncé avoir signé un accord définitif avec Warid Telecom Uganda pour acquérir la totalité de ses actions. Avec cette acquisition, Bharti Airtel deviendra le second plus grand opérateur de téléphonie mobile en Ouganda. Bharti avait 4,6 millions d’abonnés et embrasse désormais les 2,8 millions d’abonnés de Warid Telecom. Ce qui le porte à une base de clients combinée de plus de 7,4 millions et une part de marché de plus de 39% en Ouganda.

Manoj Kohli, le directeur des opérations internationales de Bharti Airtel, a confié le 2 mai dernier au Wall Street Journal (version en ligne) que le groupe envisage d’acheter les parts des partenaires minoritaires avec qui il opère en Afrique, afin d’en obtenir le contrôle. Il est à noter que la compagnie indienne compte six à sept partenaires minoritaires dans ses 17 opérations en Afrique.

Investir dans les infrastructures

Aujourd’hui, quelle est la stratégie de Bharti en Afrique ? M. Kohli répond à Business Standard que le plan en Afrique sera de maximiser les revenus des données. « Nous avons le plus grand réseau 3G (service de troisième génération) en Afrique. Maintenant, les investissements CAPEX (investissements corporels et incorporels hors licences de télécommunications et hors investissements financés par location-financement, ndlr) vont se passer dans la 3G », confie-t-il. Il affirme que Bharti a prévu de dépenser jusqu’à 2,3 milliards de dollars en 2013 et 2014 sur ses réseaux dans le monde et environ 600 millions de dollars en Afrique. Mais, Airtel souhaite que les Africains investissent dans le domaine des infrastructures pour faciliter l’essor des entreprises de télécommunications.

S’exprimant lors du dernier forum économique de Davos en janvier 2013, Sunil Bharti Mittal a invité les gouvernements africains à opter pour ce choix. « L’Afrique est un très grand continent qui a encore besoin de nombreux investissements dans le domaine des infrastructures. C’est à mon avis le plus grand risque pour la croissance économique de l’Afrique. (…) Les gouvernements devraient s’y investir et construire autant d’infrastructures possibles. Imaginez-vous si l’Afrique commençait à investir massivement dans les infrastructures ? », a-t-il conseillé.

L’entrée en Afrique

C’est en février 2010 que le groupe indien (détenu à 45,70% par Bharti Telecom Ltd et à 32,25% par Singapore Telecommunications - Sing Tel -) est parti à la conquête de l’Afrique en acquérant les actifs du Koweïtien Zain (42 millions d’abonnés au moment de son rachat) pour environ 10,7 milliards de dollars, soit environ 8 milliards d’euros. Ceci après avoir échoué un an plus tôt dans les négociations en vue de l’acquisition du groupe sud-africain MTN. Cette transaction lui permettait d’entrer directement dans quinze pays africains.

Il établit ses quartiers généraux à Nairobi au Kenya. Son objectif : toucher les populations africaines qui vivent dans les zones rurales peu desservies. C’est en effet ce que Tiémoko Coulibaly, le PDG d’Airtel en Afrique francophone, avait expliqué l’an dernier dans le magazine Réseau Télécom Network. « Nous voulons contribuer à bâtir une infrastructure télécom en Afrique francophone, et faire en sorte que les clients puissent bénéficier d’un accès le plus économiquement avantageux à la téléphonie et à l’internet mobile. Nous consolidons nos acquis sur les marchés où nous sommes déjà présents, et nous prévoyons également d’accélérer le développement du mobile au plan continental. Dans ce cadre, nous avons noué un partenariat avec IBM pour le déploiement et la gestion des technologies de l’information (TI). Ceci nous permet d’apporter des innovations de taille sur le marché africain, comme par exemple la technologie d’accès au web par la voix, laquelle permet aux utilisateurs de partager des informations à travers le réseau téléphonique existant », expliquait-il.

Pour Tiémoko Coulibaly, « l’Afrique représente pour Bharti un réservoir de croissance important ». « Le segment de croissance le plus intéressant ici étant l’internet mobile (…), nous aimerions démocratiser – ou plutôt généraliser – l’accès aux données et à l’internet sur le continent. Il existe un véritable engouement pour le haut débit mobile, qui continue de croître à un rythme exponentiel », pense le PDG.

Burkina Faso, Tchad, République démocratique du Congo, République du Congo, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Madagascar, Niger, Nigeria, Seychelles, Sierra Leone, Tanzanie, Ouganda et Zambie sont les pays où l’on retrouve le groupe indien. Le 17ème pays dans lequel Bharti s’est installé est le Rwanda. C’était en avril 2012. Il a alors brisé le duopole constitué de MTN Rwanda et de Tigo. A son arrivée au Rwanda, il a annoncé un investissement de 100 millions de dollars en Afrique de l’Est sur une période de trois ans. Entre temps, le groupe indien s’est lancé à la conquête des licences dans d’autres pays, sans succès. Il a ainsi raté le concours pour la licence 3G au Cameroun face au vietnamien Viettel. Mais, il ne désespère pas, au Cameroun comme ailleurs. Avec tous ses investissements, Bharti Aitel se positionne ainsi comme l’entreprise indienne la plus africaine.

B-O.D.

2. Infosys : l’ambition de répandre en Afrique la solution Finacle

Alors que les activités d’exportation de ses services informatiques connaissent une régression depuis la fin de l’année 2012, la division Finacle d’Infosys, spécialisée dans la fourniture des solutions bancaires, fait plutôt de bonnes affaires. Selon les récents chiffres, publiés le 16 avril 2013, cette division de la société des services ingénierie et d’informatique (SSII) a enregistré une croissance séquentielle de 6,5% et a identifié de nouvelles opportunités de croissance en Inde et à l’étranger. A l’étranger, l’Afrique occupe une place particulière pour son service Finacle, utilisé par de nombreuses banques africaines qui l’ont adopté depuis de plusieurs années. Parmi elles, on peut citer Post Bank Uganda (PBU) en août 2003, Wema Bank Plc (Nigeria) en août 2011, ABC Bank au Kenya en septembre 2003, First Bank of Nigeria Plc en janvier 2002, United Bank of Africa au Nigeria en 2005 ou encore Standard Bank en juin 2012.

Vulgariser sa solution

Commentant son partenariat avec le groupe indien Infosys, Phillips Oduoza, l’un des directeurs exécutifs d’UBA, affirme que « dans l’environnement bancaire concurrentiel et dynamique du Nigeria aujourd’hui, notre banque exige une solution qui peut évoluer jusqu’à nos plans de croissance et fournir à UBA l’agilité plus que nécessaire pour créer une différenciation claire sur le marché. Nous croyons que Finacle possède les qualités de flexibilité et d’évolutivité, nous fournissant un avantage concurrentiel pour rester en tête et offrir de nouveaux produits, l’amélioration des services et satisfaire nos clients ».

C’est en mars 2011 qu’Infosys décide d’avoir une stratégie de pénétration en Afrique, ceci après avoir constaté que l’Afrique est un immense potentiel de croissance de la demande des services de technologies de l’information. Il commence alors à vulgariser sa solution Finacle, qui permet d’implémenter des solutions de services bancaires de base, de trésorerie, d’e-banking ou encore de gérer la relation avec la clientèle. En Afrique, Infosys compte deux bureaux. A l’île Maurice et en Afrique du Sud.

L’entreprise dispose sur le continent d’un réseau d’associés et de collaborateurs qui distribuent leurs produits. Ils sont situés en Egypte, en Afrique du Sud, au Kenya, au Nigeria, en Tanzanie, au Zimbabwe et en Ethiopie. Le groupe indien pense que, si l’Afrique n’est pas encore un marché important, il y a néanmoins des régions du continent où il y a une augmentation du niveau de la technologie en raison de la croissance économique rapide. La SSII cite comme exemples l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, qui ont des grandes banques, des entreprises de télécommunications ainsi que des industries manufacturières, et qui possèdent un potentiel important.

B-O.D.

3. Tata Communications : l’Afrique comme frontière de croissance

Funke Opeke, PDG de Main One : « Nous sommes fiers de faire partie de ce partenariat innovateur, apportant de nouvelles opportunités non seulement pour le Nigeria, mais pour l’Afrique dans son ensemble. Notre réseau de fibre optique de haute qualité, couplée à l’expertise internationale de Tata Communications et au réseau mondial, va offrir de nombreuses opportunités pour les vidéos qui entrent et sortent de la région de l’Afrique. » Ainsi s’exprimait le PDG de Main One le 16 juillet 2012, à l’issue de la signature d’un partenariat avec le groupe indien Tata Communications pour l’extension de son réseau de connexion vidéo (VCN) au Nigeria. Ceci afin de permettre aux entreprises de radiodiffusion et aux producteurs du Nigeria de distribuer leurs contenus en direct dans le monde entier.

Plus de 200 pays

Tata Communications Ltd est une division du conglomérat indien Tata. L’entreprise que dirige Vinod Kumar, son président directeur général, est un équipementier télécoms et par ailleurs opérateur des télécommunications. La société est née en 2008 de l’acquisition totale par le groupe Tata de l’entreprise Videsh Sanchaar Nigam Ltd, créée en 1986 et appartenant à l’Etat indien. Présente dans plus de 200 pays, la compagnie offre un large éventail de services qui comprend, entre autres, les transmissions, l’internet (IP), les services de convergence de voix, la connectivité réseau et la pose de câbles sous-marins pour des entreprises mondiales ainsi que pour des fournisseurs de services.

23 pays africains

En Afrique, Tata Communications voudrait proposer des services à la pointe des dernières nouveautés au coût le moins cher du marché. C’est d’ailleurs pour cela que le groupe, pour le grand bonheur de sa filiale télécommunications, a signé un contrat pour la gestion et le fonctionnement du câble sous-marin Seacom, qui vient compléter son « réseau mondial » de câbles, afin que l’entreprise puisse fournir des services de réseaux totalement intégrés en Afrique du Sud, au Mozambique, en Tanzanie, au Kenya, en Zambie, au Malawi, en Ouganda, au Zimbabwe, au Nigeria et au Ghana. Bref, Tata Communications est présent dans 23 pays africains. Il compte sur ses infrastructures et sur la demande croissante en connectivité sur le continent pour répondre aux besoins des entreprises et des particuliers.

Après le Nigeria et le Ghana, Tata Communications envisage de s’installer au Maroc et en Egypte. Le groupe Tata affirme qu’en Afrique du Sud, Neotel, sa filiale, est le premier opérateur de réseau de communications convergentes. « Neotel est un chef de file dans l’économie africaine. Il sert de point de terminaison pour les câbles arrivant à la fois sur les côtes Est et Ouest », indique le groupe sur son site web.

Tata Communications estime que l’Afrique est une frontière de croissance énorme. Il compte d’ailleurs étendre ses services en Afrique en incluant les services d’hébergement et de sécurité.

B-O.D. et Muriel Edjo

4. Essar Communications : l’infructueuse expérience kenyane

Le groupe Essar est un conglomérat international indien dont les activités sont diversifiées dans plusieurs secteurs tels que l’acier, l’énergie, les constructions, le pétrole et le gaz, les communications, les activités portuaires, etc. Pour ce qui est du secteur des communications, la compagnie, fondée en 1969 par les frères Shashi Ruia et Ravi Ruia, est représentée par sa filiale Essar Communications Holding Ltd. Elle offre des services de télécommunications, opère dans la vente en détails d’appareils télécoms tout comme dans la fourniture d’infrastructures télécoms aux entreprises.

Rude concurrence

Depuis l’Inde, où elle a le gros de ses activités, Essar Communications s’en est allée à la conquête de l’Afrique, avec pour ambition d’insuffler des capacités opérationnelles au marché local. La société a alors investi dans Essar Telecom Kenya Ltd, propriétaire de la marque Yu Mobile. Yu Mobile a fait son apparition sur le marché des télécommunications Kenyan en 2008. Dans un environnement commercial dominé par Safaricom, Bharti Airtel et Telkom Kenya (Orange), ses chances de se faire une place étaient faibles, mais l’entreprise a tenu bon. En quelques années, la société a rallié 2,6 millions d’abonnés.

Mais, après quelques années de succès, l’environnement des affaires s’est révélé de plus en plus difficile, marqué par une rude concurrence et une baisse des revenus. Ce qui a conduit Essar Communications à prendre la décision de se débarrasser de ses 72% de parts dans l’opérateur mobile, quatrième au Kenya, avec 2,6 millions d’abonnés et 8,7% des parts de marché. Bien que Yu Mobile ait voulu rattraper son retard en investissant directement dans la 4G, le déficit de l’entreprise ne lui permettait plus de rester à flot. D’où la décision d’Essar de vendre ses parts. Mais un officiel d’Essar a confié en août 2012 : « Notre décision de vendre nos parts dans Essar Telecom Kenya fait suite à notre décision de vendre notre participation dans Vodafone Inde qui était le noyau principal de nos activités en télécommunications. »

Forte croissance

Il faut toutefois noter que selon la Commission des communications du Kenya (CCK), au premier trimestre 2012, Essar est l’opérateur de télécommunications qui a enregistré la plus forte croissance au Kenya. Durant cette période, les abonnements mobiles au Kenya avaient augmenté de 4%, tandis que la pénétration du mobile avait touché 74% du marché.

Entre-temps, en 2009, Essar Communications s’est engagée dans une opération d’acquisition de 51% des parts de Warid Télécom Ouganda et de Warid Telecom Congo SA, qui n’a finalement pas abouti.

Essar Communications revendique aujourd’hui trois millions d’abonnés mobile au Kenya et 900 points de vente en Inde.

Muriel Edjo

5. MTNL : une avancée timide

Après avoir posé un pied à l’Île Maurice comme porte d’entrée sur le continent, en créant un réseau GSM de 200 000 lignes (Mahanagar Telephone Mauritius Ltd (MTML) à 20 millions de dollars), l’opérateur public indien Mahanagar Telephone Nigam Ltd (MTNL) veut s’appuyer sur cette filiale mauricienne pour aller à la conquête du reste du continent.

Dans l’opération d’achat de la moitié des actions de Zain, MTNL était déjà présent dans le consortium composé de Vavasi et de BSNL, qui aspirait ainsi à mettre la main sur une quinzaine de compagnies téléphoniques en Afrique, toutes des filiales de Zain. Une tentative ratée comme celles de 2006 et 2007, lorsque la société avait voulu prendre pied au Kenya en concourant en vain pour une licence, puis en tentant d’entrer dans le capital de Telkom Kenya, toujours sans succès. Même sort pour ses discussions au Zimbabwe en vue de l’achat de 51% de TelOne.

Signer des contrats de gestion

Ces échecs, issus d’âpres négociations, n’ont pour autant pas timoré l’enthousiasme du groupe étatique indien à investir en Afrique. Toutefois la stratégie du groupe consiste non pas à concourir pour des licences et déployer ainsi de nouveaux réseaux, mais davantage à signer des contrats de gestion avec les opérateurs existants. « Nous n’avons pas d’argent pour déployer entièrement de nouveaux réseaux en Afrique. La décision de privilégier les contrats de gestion vise à générer de nouvelles sources de revenus, car MTNL a les moyens techniques et l’expérience nécessaires pour gérer les réseaux mobiles internationaux », renseigne un dirigeant de l’entreprise. Il fait ainsi valoir l’expérience de ce groupe dans les réseaux GSM et CDMA, ainsi que les services internet haut débit, qui gagnent en popularité sur le continent.

Le mastodonte indien, qui opère dans les principales métropoles du pays, a déjà prospecté en ce sens les principaux opérateurs dans des pays tels que la Zambie, le Zimbabwe, le Cameroun, Djibouti ou encore le Mozambique. Dans ces contrats de management, il s’agira pour MTNL d’offrir des services de gestion de réseau, de mise à niveau, de planification et de maintenance pour les entreprises GSM dans les marchés africains. Pour donner suite à cette orientation stratégique du déploiement du groupe public indien en Afrique, une centaine d’ingénieurs sont en cours de déploiement au sein de la filiale mauricienne, considérée comme le hub du groupe en Afrique.

François Bambou

6. BSNL : le rêve africain contrarié

Bharat Sanchar Nigam Limited (BSNL), rêvait d’une entrée en fanfare sur le marché africain. En 2009, cet opérateur indien a lancé une offensive en vue de reprendre la gestion de compagnie monopolistique éthiopienne. Mais sa stratégie, qui consiste à payer a minima tout en maximisant l’offre technique, ne lui porte pas toujours bonheur. Pour reprendre la compagnie publique éthiopienne, BSNL allongeait 10 milliards de dollars pour 93 millions de lignes GSM. Trop peu, ont estimé les autorités éthiopiennes. Il est vrai que malgré cette offre financière peu compétitive au regard de la dynamique de ce marché – où BSNL aurait géré un juteux monopole – la firme maximisait son offre technique, forte de son expérience sur le marché exigeant de l’Inde.

Une grande diversité de services

L’Inde est un pays où la technologie est pointue et où cette entreprise, qui développe un chiffre d’affaires de 6,09 milliards de dollars et emploie 290 000 collaborateurs pour environ 100 millions de clients, a développé une grande diversité de services fixes filaires et fixes en boucle locale (WLL) utilisant la technologie CDMA (75% de parts de marché des lignes fixes). BSNL commercialise aussi les services de téléphonie mobile cellulaire (14% du marché) à l’aide de plateforme GSM sous les marques CellOne et Excel (BSNL Mobile). Avec son offre 3G BSNL, elle fournit également le haut débit mobile, la TV en direct, un portail vidéo 3G et les services de streaming. Pour BSNL, qui a perdu des parts de marché sur son territoire, ce développement vers une Afrique qui connaît une très forte croissance de la pénétration des TIC, relève dans une certaine mesure de la survie. Mais jusqu’ici, la voilure de cette firme, parmi les plus en vue de l’Inde, est encore assez faible en Afrique, particulièrement dans la zone subsaharienne.

Après le loupé éthiopien

Pour BSNL, cet échec n’est pour autant pas la fin du rêve africain, car il s’agit d’une orientation clairement décidée par le conseil d’administration et encouragée par le gouvernement indien. Son Président directeur général, Kuldeep Goya déclarait, il y a deux ans, au début de l’offensive africaine, que plusieurs possibilités sont sur la table : « Nous étudions diverses options. Nous cherchons de nouvelles licences ou de nouveaux partenariats avec les titulaires de permis existants. En Afrique, nous sommes à la recherche de différentes opportunités. » Une des options majeures, après le loupé éthiopien, était le rachat d’une moitié des parts de l’opérateur koweitien Zain qui tenait une quinzaine de filiales prospères sur le continent. Là encore, BSNL a été écartée au dernier moment au profit de son compatriote Barthi Airtel. Tout comme ses incursions en Zambie et en Tunisie qui n’ont guère été payantes.

Première étape

Pour ses premiers pas en Afrique, l’Île Maurice aura été la destination test, la première étape de l’expansion de BSNL en Afrique. La compagnie vise le leadership absolu sur le marché des connexions Internet d’ici au début de 2015. « Nos produits et services seront supérieurs à ce qui est disponible actuellement », souligne le patron de la filiale mauricienne Bharat Telecom, Baljinder Sharma.

François Bambou

7.Wipro : l’Afrique comme moteur de croissance

Pour les trois années à venir, la firme indienne spécialisée en technologies de l’information et de la communication a décidé de doubler ses forces en Afrique, en employant les experts locaux. On compte déjà plus de 1100 associés du continent avec lesquels elle travaille.

En Inde, Wipro est classé comme le troisième groupe spécialisé en informatique et dans les technologies de l’information, avec 145 000 employés dans 54 pays. Ceci derrière Tata Consultancy Services (TCS) et Infosys, respectivement numéro un et numéro deux.

« Notre marché le plus dynamique »

En Afrique, Wipro compte 20 organisations qui représentent ses meilleurs clients. Le groupe ne les cite pas nommément sur son site web, mais indique simplement que parmi ces clients, il y a deux des quatre plus grandes banques sud-africaines, qui opèrent aussi à l’international, un grand opérateur des télécommunications du même pays et une grande société de production d’énergie électrique en Afrique du Sud.

Parmi les solutions et services que Wipro propose aux Africains, on peut citer les services d’infrastructures technologiques, le développement des applications, la maintenance, les technologies avancées (Cloud par exemple), l’outsourcing ou encore les services de consultation.

L’Afrique représente un réel potentiel pour Wipro et il ne s’en cache pas pour le dire. Sur son site web (www.wipro.com/africa/), on peut en effet lire : « A ce jour, l’Afrique a été notre marché le plus dynamique et le plus diversifié ». Il affirme d’ailleurs que le marché africain devient ainsi en toute logique le véhicule principal de Wipro pour une croissance accélérée. « Le rythme des affaires et le changement technologique ne feront que s’accélérer dans les prochaines années en Afrique. Et le marché africain se trouve à l’intersection de cette innovation », indique le groupe.

Talents locaux

Actuellement, la firme indienne gère ses engagements en Afrique avec une équipe de plus de 1100 associés qui travaillent sur plusieurs projets. On les retrouve en Afrique du Sud, au Nigeria, au Ghana, au Kenya, en Ouganda, en Zambie et au Swaziland. En 2011, son bureau en Afrique du Sud comptait déjà 500 employés. Wipro continue d’investir massivement pour étendre ses services en Afrique. « Dans les trois prochaines années, nous prévoyons de doubler notre force en utilisant les talents locaux, qui seront formés à travers l’initiative de développement des compétences », promet Wipro.

Wipro jouit d’une présence dans les marchés africains qui date de 2007. « Nous avons acquis de profondes connaissances au sujet de la dynamique du marché africain au cours de cette période, qui a combiné avec notre expérience globale des affaires l’excellence dans l’exécution des services et le leadership dans diverses technologies. Cela fait de nous le partenaire de choix pour aider les organisations africaines à mieux faire leur travail », se prévaut le groupe indien qui veut mettre cet acquis à profit.

B-O.D.

Dossier dirigé par Beaugas-Orain Djoyum pour le magazine Réseau Télécom n° 62. Avec Muriel Edjo et François Bambou.

(Source : Agence Ecofin, 6 juillet 2013)

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(ARTP, 30 septembre 2023)

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(Ookla, 31 janvier 2023)


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Téléphonie mobile

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