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« Le numérique, un levier d’entrainement pour les autres secteurs »

jeudi 16 mai 2019

Directeur de l’Economie numérique et du partenariat au ministère de la Communication, des télécommunications, des postes et de l’économie numérique, Seth Sall analyse, dans cet entretien, les opportunités d’emplois du secteur numérique.

Il évoque aussi les contraintes qui pèsent sur l’environnement des startups et propose des pistes de solutions.

Macky Sall s’est engagé à créer un million d’emplois pendant son second mandat. Quelle peut être la contribution du secteur numérique ?

La contribution de l’économie numérique sera déterminante dans l’atteinte de cet objectif d’un million d’emplois. L’économie numérique est aujourd’hui érigée au rang de priorité avec une volonté politique affirmée par la haute autorité. Nous avons la chance d’avoir un président de la République qui a une pleine conscience des enjeux et opportunités qu’offre l’économie numérique. L’enjeu aujourd’hui pour le Sénégal est d’exploiter tout le potentiel dont regorge le digital pour booster la croissance économique et accélérer la création d’emplois. Cette option est reflétée dans le Plan Sénégal émergent (Pse) qui positionne l’économie numérique comme un moteur de croissance et d’emplois, mais également comme un levier d’entraînement des autres secteurs de l’économie. C’est ce qui explique également l’initiative salutaire prise par le chef de l’Etat de faire de l’économie numérique un programme spécial pour son second mandat. Le potentiel du secteur de l’économie numérique en termes de création d’emplois n’est plus à démontrer. Ce potentiel est à situer à plusieurs niveaux. D’abord, l’économie numérique en tant que secteur d’activité est source d’emplois, de production, de distribution et de consommation de biens et services digitaux liés aux infrastructures, aux matériels et logiciels informatiques ainsi qu’au déploiement et à l’exploitation des réseaux de télécommunication. De même, l’économie numérique en tant que support et levier des autres secteurs d’activité est à l’origine d’une quantité considérable d’emplois liés à la numérisation des contenus et à la dématérialisation des procédures des secteurs de l’économie. Egalement l’économie numérique, en tant que facteur de transformation, n’a pas encore fini de générer de nouvelles modalités de création de richesse et donc de nouveaux types d’emplois liés au e­commerce, au marketing digital, aux services financiers digitaux, au e­learning, au e­santé, bref aux nouveaux métiers du web et du mobile. Enfin, l’économie numérique, considérée comme source d’innovation, offre des promesses énormes de création d’emplois liés à la fintech, aux métiers du Cloud, de l’intelligence artificielle, l’Internet des objets (Iot, en anglais), de la robotique et de la blockchain.

Quelle analyse faîtes-vous de l’environnement des startups au Sénégal ?

La startup a un rôle clé à jouer en tant qu’entreprise ayant un caractère innovant et disposant d’un important potentiel de croissance économique et de création d’emplois. L’analyse de l’écosystème des startups fait ressortir, d’une part, un fort taux de natalité des startups lié en partie au dynamisme du secteur du numérique et d’autre part, un taux élevé de mortalité occasionné par la traversée de la fameuse vallée de la mort. Cette situation peut s’expliquer par plusieurs raisons : les financements bancaires sont quasi inaccessibles pour les startups compte tenu de leurs spécificités (pas d’actifs tangibles, structure de coûts différente…). Les fonds d’investissements privés sont encore anecdotiques au Sénégal, et les délais de financement sont longs. En dehors de la Der (Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes) et du futur Fonds du numérique, il n’existe pratiquement aucun fonds public pour appuyer les porteurs de projets aux premiers stades, où le niveau de risque est trop élevé pour attirer des investisseurs privés. Pour pallier ces contraintes, d’importantes initiatives sont en train d’être prises par le gouvernement pour garantir aux startups un environnement permettant de promouvoir le développement d’une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat ; de faciliter la création et le développement d’entreprises innovantes ; de renforcer les capacités techniques et managériales des startups ; de renforcer l’écosystème du financement des startups ; de promouvoir un environnement incitatif pour les startups et pour les investissements dans le secteur du numérique. C’est dans cette optique que s’inscrivent des projets et initiatives majeures comme la création du Parc de technologie numérique de Diamniadio. On peut aussi citer d’autres initiatives comme la création prochaine d’un Fonds de développement du numérique ou l’organisation du Forum de Diamniadio, occasion pour le chef de l’Etat de rencontrer et d’échanger avec l’ensemble des startups sur leurs préoccupations et leurs contraintes et de prendre des mesures phares portant l’octroi d’un financement d’un milliard de FCfa pour l’année 2018, montant qui sera porté à trois milliards à partir de cette année. En outre, il faut signaler le démarrage, au ministère en charge de l’Economie numérique, d’un processus d’identification et de labellisation de toutes les startups ainsi qu’une consultation de tous les acteurs pour l’adoption d’une loi sur les startups.

Quelles sont les principales contraintes qui pèsent sur le secteur numérique et qu’est-ce qui est prévu pour les lever ?

Au Sénégal, l’une des contraintes majeures qui pèsent sur le secteur du numérique est liée à la gouvernance institutionnelle et stratégique du secteur. Le Sénégal, à l’instar de nombreux autres pays, possède une pléthore d’institutions publiques couvrant divers aspects de l’économie numérique – chacune avec ses obligations et prérogatives spécifiques qui, parfois, se chevauchent – sans pour autant avoir établi un leadership clair en matière de pilotage stratégique. Face à cette complexité institutionnelle, le gouvernement du Sénégal a posé comme pré­requis de la Stratégie Sn2025 la réforme du cadre juridique et institutionnel et a engagé une consultation des acteurs dont les résultats permettront de proposer un cadre potentiel de gouvernance institutionnel inspiré des modèles développés dans certains pays cités comme références dans le numérique. Le cadre proposé permettra d’assurer un alignement institutionnel des rôles et des responsabilités des divers organismes en rationalisant leurs liens hiérarchiques et en évitant les chevauchements de mandat et les ambiguïtés.

Sur quels leviers l’Etat doit-il agir pour faire du Sénégal une véritable « startup nation » ?

Pour faire du Sénégal une véritable « startup nation », l’Etat doit sensibiliser la population sur les enjeux liés aux nouvelles technologies et l’entrepreneuriat numérique. Il doit aussi renforcer la formation dans le secteur (codage, blockchain, robotique, intelligence artificielle, etc.) et favoriser l’émergence d’une classe d’entrepreneurs Tic. Il faut aussi renforcer les synergies du dispositif national d’incubation et le dispositif d’appui aux startups et les capacités techniques et managériales des entrepreneurs, dirigeants et salariés de startup à tous les stades de développement. Enfin, on doit combler le gap de financement des startups de la phase d’idée jusqu’au stade de développement. Il faut aussi stimuler l’écosystème de leur financement à travers le cofinancement et l’amplification des « deal flows » (flux d’affaires) et promouvoir la mise en place d’infrastructures de connectivité compétitives (qualité et coût) sur l’ensemble du territoire, promouvoir un cadre réglementaire et fiscal véritablement incitatif, et promouvoir des partenariats avec les bailleurs de fonds pour développer l’écosystème du numérique au Sénégal.

Le cabinet Performances Group avait évalué, dans une étude publiée en juillet dernier, à 100 milliards de FCFA les besoins de financement du secteur pour la période 2019-2023. Quelles sont les initiatives prises par l’Etat depuis lors pour mobiliser ce montant ?

L’étude en question a permis de déterminer le budget du Fonds, de proposer une stratégie de financement, d’identifier le modèle institutionnel et organisationnel optimal et d’élaborer la feuille de route pour le lancement du Fonds. Une évaluation des impacts attendus a également été menée, montrant que pour une enveloppe de 100 milliards de FCFA sur cinq ans (investissement et frais de fonctionnement), le Fonds permettrait d’attirer jusqu’à 47,5 milliards de FCFA du secteur privé dans l’écosystème du numérique ; de dégager 166 milliards de FCFA de chiffres d’affaires par les entreprises bénéficiaires des fonds ; de dégager 59 milliards de FCFA de valeur ajoutée dans l’économie nationale ; de créer 5.400 emplois sur l’ensemble du territoire et de générer 58,1 milliards de FCFA de recettes fiscales pour l’Etat. Ce Fonds sera entièrement financé sur fonds public.

Seydou Ka

(Source : Le Soleil, 16 mai 2019)

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