’’Si cet instrument (Ndlr : le mobile) a répondu à une vraie attente et un besoin peu contestable, il peut aussi participer du renforcement de l’aliénation et de la paupérisation de l’Afrique’’, écrit l’ancienne ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré, dans une contribution à un ouvrage collectif sur les télécommunications.
Mme Traoré, titulaire d’un doctorat en psychologie sociale, estime que ’’de tous les attributs de la réussite sociale et de la modernité, le téléphone portable est celui dont la grande majorité des Africains estime avoir besoin’’.
Pour elle, ’’en posséder est apparemment vital, que l’on soit paysan, artisan, étudiant, chômeur ou chef d’entreprise’’.
’’Si l’Etat malien n’a pas perdu, au regard de l’argent injecté dans le budget natioanl, les véritables gagnants sont ailleurs’’, estime-t-elle dans un chapitre de sa contribution intitulé : ’’Accès, être, paraître ; la connectivité : les vrais et faux défis en Afrique’’.
Cependant, elle déplore que la libéralisation des télécommunications revêt une dimension ’’quelque peu tragique’’, puisqu’elle ajoute à la confusion des intérêts, à l’aliénation des groupes vulnérables et à leur paupérisation croissante.
Le ’’maillage de la terre entière’’, afin que ’’les capitaux, les images et les idées dominantes circulent, ne fait l’ombre d’aucun doute’’, a-t-elle relevé, estimant que cela se fait ’’avec la complicité des élites’’.
Les Etats ont été contraints parfois de ’’brader’’ les entreprises sous la houlette du FMI et de la BM, de l’OMC et de l’UIT, note Aminata Traoré, selon qui le succès du téléphone portable que les promoteurs ont adapté aux besoins et moyens des usagers des pays pauvres, renseigne sur cette ’’mondialisation au forceps’’.
Mme Traoré décèle une ’’confusion entretenue entre l’accès aux biens et services et le respect des droits économiques, politiques, sociaux et culturels des Africains’’.
En guise d’illustration, elle signale que ’’des populations qui ne peuvent pas faire face aux frais de scolarité de leurs enfants, aux coûts de soins de santé ni même se nourrir quotidiennement se ruent sur le téléphone portable prescrit par la publicité mensongère comme un moyen d’entrer dans le cyberespace’’.
Pour elle, la logique actuelle de la plupart des usagers apparaît comme étant celle de ’’je téléphone, donc je suis’’. ’’Il (le téléphone portable) doit être bien visible et sonner fort’’, relève-t-elle encore non sans ironie, ajoutant que certains en possèdent deux.
Ce ’’gadget’’ devient un moyen de contournement des difficultés de communication commode et moins coûteux, permettant d’atteindre son interlocuteur en évitant certains déplacements qui ne feraient qu’’’ajouter (...) à l’embouteillage et au stress urbains’’.
’’Nombreux sont les usagers démunis qui commencent déjà à le démystifier’’, note l’ancienne ministre de la Culture du Mali. La demande ’’prête-moi ton portable pour que j’envoie mon SMS’’ est courante dans les milieux lettrés de la part de détenteurs de téléphone qui ne peuvent pas s’acheter régulièrement la carte de recharge’’, poursuit-elle, ajoutant que ’’chez les analphabètes la formule est plutôt ’’prête-moi une unité’’.
Les réformes dans les télécoms obéissent à ce schéma sans que les Africains ordinaires ne se rendent compte de la dépossession et de la domination qui se perpétuent à travers ’’ces instruments puissants’’ qui sont ’’d’autant plus redoutables que nous sommes les demandeurs’’.
’’Ce que nous gagnons compense-t-il ce que nous perdons (...) ?’’, s’interroge l’auteur qui signale ’’une parenté saisissante’’ entre le cahier des charges du patronat des pays du G7 et la politique sectorielle imposée aux Etats africains, au nom de la rentabilité, de l’efficacité et de la lutte contre la pauvreté.
Selon elle, les deux visent, entre autres, à ’’démanteler les entreprises d’Etat dans le secteur des télécommunications’’, afin que les multinationales aient les coudées franches dans la bataille pour les parts de marché.
Ces documents ont également pour but, d’accroître les dépenses publiques pour l’équipement, l’éducation et la formation en NTIC, ainsi que de créer un environnement juridique et fiscal favorable aux investisseurs privés, afin qu’ils rapatrient leurs profits en toute quiétude, estime Aminata Traoré.
Selon elle, la suppression des barrières douanières sur les importations de matériels et de logiciels et l’accroissement du volume des ventes au profit des grandes entreprises de leurs filiales et sous-traitants est aussi l’un des desseins de ces dispositions. Elles visent également, selon elle, à promouvoir le commerce électronique loin d’être équitable
Pour la sociologue, ’’une véritable participation citoyenne à cette aventure exige une autre configuration de la relation entre société civile, pouvoirs publics et secteur privé’’.
(Source : APS, 14 janvier 2006)
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