Le piratage est un phénomène mondial qui touche tous les secteurs d’activité. En valeur, il représente près de 46 milliards d’euros. D’après les estimations du cabinet BSA, près de 42% des logiciels installés dans le monde sont piratés. Après avoir mené plusieurs actions d’information, de sensibilisation et de répression sans grand succès, les éditeurs espèrent en finir avec le phénomène de la contrefaçon par la technique, notamment grâce à la généralisation du cloud computing. Fabien Poggi, directeur export chez Sage, et Audrey Plantureux, responsable juridique & propriété intellectuelle, expliquent leur stratégie.
Selon le dernier rapport publié par BSA, le taux de piratage dans certains pays comme le Cameroun ou encore l’Algérie oscille entre 75 et 80%, alors que la moyenne dans la zone Afrique/Moyen-Orient est de 60%. En 2010, la valeur marchande des logiciels non autorisés en Afrique francophone était de 27 millions de dollars, soit un taux de piratage de l’ordre de 80%, selon les estimations du cabinet BSA. Le constat est partagé par l’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle) et Sage.
Pour Sage, troisième éditeur mondial de logiciels de gestion, ces données reflètent la réalité du terrain, même s’il n’existe aucune étude spécifique réalisée en interne pour mesurer le phénomène de la contrefaçon. L’ampleur de ce phénomène est liée à plusieurs facteurs, dont le manque de volonté dans l’application des textes, et surtout l’accélération du développement économique et social dans plusieurs pays. « De ce fait, certains pays comme la Chine ont dû sauter des étapes dans leur processus de développement économique », explique Fabien Poggi, directeur export chez Sage. Pour lui, l’accélération du développement économique et social dans certains pays en développement fait apparaître de nouveaux besoins, liés notamment à la transition de certains secteurs vers un environnement formel, qui jusqu’alors évoluaient dans un environnement informel. Cette soudaine transition suscite des besoins en termes d’acquisitions de logiciels, si bien que les entreprises se retrouvent confrontées à la réalité économique du marché. Faute de ressources financières suffisantes pour s’équiper correctement, les entreprises ont le plus souvent recours aux produits contrefaits. Ainsi, le piratage de logiciels constitue un frein à la croissance économique et à la création d’emplois. Il prive les gouvernements de recettes fiscales vitales.
Mais les premières victimes d’une telle aggravation du phénomène sont les partenaires locaux des éditeurs, dont les intégrateurs qui assurent la formation, le paramétrage et le support du produit. « Ce sont ces partenaires locaux qui créent de la valeur autour du produit qui, malheureusement, en pâtissent le plus », regrette Fabien Poggi. Malgré l’existence d’un arsenal réglementaire et juridique en Afrique francophone, avec notamment la signature de l’Accord de Bangui par les pays membres de l’OAPI, le phénomène de la contrefaçon reste encore très développé en Afrique. « Pourtant, cet accord et les différentes transpositions nationales sont très proches du droit français. Mais il faut reconnaître que l’application concrète pose problème », explique Audrey Plantureux, responsable juridique & propriété intellectuelle chez Sage.
Réduction des coûts d’acquisition
C’est une question qui a eu le mérite d’être posée, d’autant plus que plusieurs éditeurs s’étaient orientés vers cette piste pour justement tenir compte des réalités économiques des pays en développement. Mais la motivation des entreprises qui acquièrent des logiciels contrefaits n’est pas que d’ordre économique. Elle est plutôt à rechercher ailleurs. Selon Fabien Poggi, « Sage a su s’adapter à l’environnement local, avec d’une part une offre très segmentée par typologie de marché ». Cette offre va des produits entrée de gamme comme Ciel Compta, commercialisé à partir de 169 euros HT, ou encore Sage pour les petites entreprises, aux produits dédiés pour les grandes entreprises comme les ERP types Sage 1000, ou encore Sage ERPX3. Néanmoins, les logiciels les plus vendus en Afrique sont les cœurs de gamme, comme Sage 100 Génération i7, qui s’adressent aux entreprises de tailles intermédiaires et qui emploient moins de 200 salariés, comme les PME/PMI. Ce sont ceux-là qui sont d’ailleurs les plus piratés.
« En revanche, à côté de l’offre licence classique, nous avons mis en place un autre modèle type souscription qui permet au client de s’acquitter de sa licence en plusieurs fois », explique Fabien Poggi. Cette offre permet à l’entreprise cliente d’étaler le paiement de la licence dans le temps tout en continuant à bénéficier des avantages du produit dont il est propriétaire de l’usage. On passe ainsi d’un mode investissement amortissable en mode charge qui peut s’avérer plus intéressant. Ce modèle commence à rencontrer l’adhésion dans plusieurs pays africains. Toutefois, cela suppose que le système bancaire soit performant dans le pays pour permettre de mettre en place un système de paiement fiable, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays africains. Avec l’arrivée du cloud et le développement des offres en mode SaaS, le mode d’acquisition évolue en conséquence vers l’achat en ligne, l’achat à l’usage. « On assiste à la généralisation du modèle souscription », prévient Fabien Poggi.
Une entreprise qui acquiert un logiciel contrefait ne raisonne pas souvent dans le long terme. Sans le savoir, elle s’expose à des risques techniques, de fiabilité et de pertes de valeurs supérieures à l’économie engendrée, sans parler des risques juridiques. Très souvent, nous arrivons à éviter les situations conflictuelles avec ces clients qui entreprennent une démarche de régularisation. « Sage se réserve le droit de mener des actions devant les juridictions compétentes aussi bien au civil qu’au pénal. Les risques encourus vont d’une sanction financière à de la peine de prison pour les contrevenants », explique Audrey Plantureux. La jurisprudence reste, pour l’heure, faible dans la zone Maghreb et Afrique, mais il y a des procédures en cours, prévient la responsable juridique de Sage.
Plan d’action pour réduire le piratage
Grâce à un travail de sensibilisation sur les risques et des plans d’actions spécifiques, il deviendra désormais de plus en plus complexe de pirater des logiciels. L’arrivée du cloud constitue d’ailleurs une étape supplémentaire dans le cadre de la protection des logiciels. Il y aura un renforcement du référencement des logiciels. « Ce référencement permettra à nos clients de se connecter à Internet pour aller chercher les compléments, améliorer les services connectés afin de faire les mises à jour. » Le mode SaaS, aujourd’hui combiné au mode hybride, continuera à se généraliser à tel point que les éditeurs de logiciels peuvent espérer faire décliner le phénomène de la contrefaçon du fait de l’évolution technologique. Il sera désormais impossible de dupliquer tout le périmètre fonctionnel d’un logiciel professionnel en vue de le commercialiser. « Il peut y avoir encore des failles, comme la malveillance ou d’autre actes liés à la défaillance technique, mais en tous les cas, ce sera d’une ampleur moindre comparé à ce que nous avons subi jusqu’ici », espère Fabien Poggi.
Alpha Kane, paru dans CIO Mag n° 22
(Source : Agence ecofin, 15 septembre 2012)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000