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L’approvisionnement en diesel des BTS : un cauchemar quotidien pour les opérateurs mobiles africains

jeudi 5 avril 2012

La gestion d’un réseau mobile en Afrique en comparaison avec l’Europe ou tout autre pays développés devrait grossièrement être la même. En fait il y a des différences majeures et cela commence avec l’élément au cœur du réseau mobile, la station de base. Opérer des stations de base en Afrique c’est différent d’opérer des stations de base en Europe. La problématique de l’alimentation en électricité des stations de base par exemple exige d’autres solutions en Afrique. Isabelle Gross enquête sur les moyens utilisés par les opérateurs mobiles africains pour assurer que leurs stations de base fonctionnent 24heures/24 et 7jours/7.

Un grand nombre de pays en Afrique subsaharienne manque toujours d’électricité et bien trop souvent le réseau électrique existant se limite à la capitale. Au moins dans la capitale, les opérateurs mobiles devraient avoir le choix quant à l’alimentation électrique de la station de base – l’électricité du réseau ou l’électricité produite par un générateur diesel. Malheureusement même dans la capitale, l’électricité reste erratique et souffre de fréquentes et longues coupures. Les opérateurs mobiles ne peuvent pas se permettre d’avoir une station de base hors service parce que cela équivaut à une perte de revenue pour eux. Les générateurs diesel restent la source d’énergie électrique la plus fiable lorsqu’il s’agit de faire fonctionner les stations de base 24heures/24 et 7jours/7 mais cela implique des coûts supplémentaires pour la plupart des opérateurs mobiles africains.

Dans les petites villes et les zones rurales, la seule option mis à part les solutions utilisant des énergies renouvelables c’est le générateur diesel mais ce n’est pas toujours rapide et facile de transporter du diesel dans des zones reculées. J’ai récemment voyagé de Monrovia, la capitale du Libéria, à Ganta, une ville située dans l’Est du pays pas très loin de la frontière avec la Guinée. La distance entre les deux villes est de l’ordre de 300km et il nous a fallu approximativement 4 heures pour rejoindre Ganta ce qui n’était pas trop mal. La route entre Monrovia et Ganta est macadamisée mais il y a de nombreux nids de poules dans la chaussée en particulier après Banga. Il n’est pas surprenant de voir des voitures, des camions et des bus circulés en contresens parce que l’état de la chaussée est un peu meilleur. Mon voyage a eu lieu durant la saison sèche mais durant la saison des pluies, les inondations et les glissements de terrain doivent rendre ce voyage beaucoup plus difficile. Le COO de Total au Libéria m’a dit par exemple que l’année dernière l’un de leurs camions est resté bloqué pendant six jours à cause des inondations. Durant mon voyage, nous nous sommes arrêtés à Totola, un endroit éloigné de la route principale et situé en hauteur d’une colline, un emplacement idéal pour une station de base. Pour atteindre la station de base nous avons du emprunté pour les derniers cent mètres un chemin de terre avec une pente. En montant je me suis demandée comment diable un camion de fuel arrivait à monter là haut durant la saison des pluies. L’approvisionnement en diesel des stations de base en zones rurales n’est pas une tache facile et tellement de choses peuvent mal se passer jusqu’à ce que le camion de fuel arrive à la station de base.

Le diesel est une denrée précieuse en particulier en Afrique subsaharienne ou la demande est grandissante parce qu’il y a de plus en plus de voitures, de motocyclettes et de générateurs en utilisation. Le diesel peut être facilement et rapidement échangé contre de l’argent liquide et par conséquent voler du diesel peut être une activité commerciale plutôt lucrative ou un moyen de joindre les deux bouts. Au Libéria par exemple, un agent de sécurité chargé de garder une station de base gagne entre 65 et 75 dollars US par mois. Ce n’est pas beaucoup en particulier si vous avez une famille et des enfants à nourrir. Le prix au détail d’un gallon de diesel est de 4.5 dollars US. Voler quelques gallons de diesel par-ci par-là n’est pas seulement une tentation mais la triste réalité.

Le vol de diesel peut arriver à n’importe quel stade entre le moment ou le camion de fuel quitte l’enceinte sécurisée de la société pétrolière jusqu’au moment ou le diesel est brûlé par le générateur dans la station de base. Entre ces deux points, les possibilités sont nombreuses pourqu’une petite ou grande quantité de diesel se volatilise. Pour les opérateurs mobiles africains, il s’agit d’un cauchemar quotidien qui implique des coûts additionnels. Pour minimiser le nombre de vols de diesel de nombreuses mesures et contre-mesures de contrôle ont été mises en place à différents stades. Pour par exemple éviter que le conducteur du camion de fuel ne livre une quantité inférieure de diesel à une station de base que celle prévue, l’opérateur mobile enverra quelqu’un avec lui pour surveiller la livraison et éviter que le conducteur et le gardien de la station de base s’entendent ensemble.

Bien que le niveau de diesel dans le réservoir des stations de base soit contrôlé quotidiennement, cela n’est malheureusement pas suffisant pour arrêter le vol de diesel. Des visites inopinées des stations de base sont un autre moyen de vérifier que les relevés des compteurs des réservoirs de diesel sont faits avec précision et que chaque litre de diesel est bien compté. Afin d’éviter des vols de diesel dans la station de base, les joints de la canalisation entre le réservoir et les générateurs diesel sont scellés avec des sceaux en plastique. Pour retirer du diesel au niveau du joint entre le réservoir et le tuyau ou le joint entre le tuyau et les générateurs diesel, il faudrait briser ces sceaux. Quelles que soient les mesures que les opérateurs mobiles mettent en place pour réduire les vols de diesel, ces précautions ne seront jamais suffisante et bien évidement elles s’ajoutent au de coût de fonctionnement des stations de base en Afrique.

Lorsque je rends visite à ma mère qui vit à la campagne en France, je passe souvent près d’une station de base érigée à l’orée d’un bois. Cette station de base qui a été construite il y a plus de dix ans est bien sûr connectée au réseau électrique et n’est pas gardiennée. Pour les opérateurs mobiles africains cela reste un rêve et ils ont un long chemin à parcourir avant qu’ils ne puissent cesser de s’inquiéter que leurs stations de base soient sous tension tout le temps.

(Source : Balancing Act n° 180, 5 avril 2012)

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