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Didier Schaub, juré Dak’Art 2004 : L’art numérique n’intéresse pas les acheteurs privés

mardi 2 novembre 2004

Directeur artistique de l’espace Doual’Art, un centre d’art contemporain basé à Douala au Cameroun, Didier Pierre Schaub était membre du jury international de la dernière édition de la Biennale qui s’est passée du 7 mai au 7 juin 2004. Il a également pris part à son d’évaluation au cours d’un séminaire tenu les 27, 28, et 29 octobre dernier à la Maison de la Culture Douta Seck. Connaisseur du continent qu’il parcourt depuis une quinzaine d’années, il revient avec nous sur l’enjeu que constitue la Biennale de Dakar pour la création contemporaine Africaine.

elle place occupe la Biennale de Dakar sur la scène artistique internationale ?

C’est le principal rendez-vous du calendrier général des évènements culturels du continent. Je fréquente la Biennale de Dakar depuis 98, et en six ans, la plupart des artistes qui ont fait une carrière internationale sont tous passés au préalable par ici. C’est primordial dans un Cv artistique, pour un créateur du continent. Pour l’ensemble des artistes du Cameroun, par exemple, Dak’Art, c’est le premier moment de visibi-lité à l’international. Beaucoup ont intégré le marché international par Dakar, et ensuite se retrouvent à être exposés ou à participer à des grands évènements internationaux, du type la Documenta. Donc aujourd’hui c’est clair qu’il y a de plus en plus d’artistes africains sur la scène internationale. Un signe important : la dernière Documenta a eu pour commissaire général un Africain, en la personne Okwui Enwezor, un Nigérian d’ori-gine. C’est la première fois qu’une telle responsabilité - la Biennale de Venise est le plus grand rendez-vous mondial de l’art contemporain - est confiée à un Africain. C’est une chose dont on peut être fier.

Pourtant d’aucuns regrettent que “Dak’Art se réduise juste à un événement qui revient tous les deux ans, après, il ne se passe plus rien” ?

C’est vrai. Et c’est une chose que je regrette. Ici à Dakar, il y a cet événement qui est magnifique, hyper visible qui a lieu tous les deux ans, et j’ai un petit peu l’impression qu’entre deux Biennales, il ne se passe pas grand-chose. Et il serait sans doute intéressant qu’un lieu expérimental où les artistes puissent montrer leurs travaux puisse exister pour faire vivre la création entre deux Biennales.

La dernière édition de la biennale était très numérique. N’est-ce pas là une façon de s’aligner sur l’international ? En ce sens est ce que Dak’art n’est pas en train de perdre sa spécificité ?

Je ne crois pas. Ce n’est pas la Biennale qui incite les artistes à s’exprimer par ce média. On retrouve de plus en plus d’artistes qui, aujourd’hui, dans le secret de leur atelier, se mettent à travailler avec cet outil. C’est une réalité. Je parle d’artistes africains qui travaillent sur le continent et pas d’artistes de la diaspora. Avec la démocratisation des appareils numériques comme les appareils photos, les caméras ou les ordinateurs, les artistes se sont approprié ces outils. En ma qualité de membre du comité de sélection, sur 340 dossiers que nous avions reçus au total, il y avait une offre énorme en termes de support numérique.

Malgré sa visibilité internationale, la Biennale n’a pas encore réussi à susciter un marché d’art africain... ?

Peut-être que le « off » a créé un marché. Mais la Biennale, non. Son objectif n’est pas marchand. Alors existe-il un marché africain ? Oui, mais il est encore très, très embryonnaire. Je travaille au Cameroun dans ce champ depuis une bonne quinzaine d’années. Au début, quand nous montions des expositions à l’espace Doual’Art, il y avait 80 % du public qui était d’origine expatriée. Aujourd’hui, la tendance est pratiquement inversée. En ce qui concerne les acheteurs, il y a 15 ans, on avait 99 % d’étrangers résidants ou de passage, aujourd’hui, j’ai environ 50 % des acheteurs des œuvres que nous proposons à l’exposition qui sont des collectionneurs camerounais. Et ça c’est une très grande victoire. Mais parmi ces acheteurs, très peu achètent des œuvres des nouveaux médias. Il y a très peu de vente ou d’intérêts pour les installations. Il est clair que ce qui se vend le plus facilement ce sont les choses que l’on peut accrocher chez soi.

Donc cette tendance numérisante de l’art africain ne va-t-il pas dans le sens contraire à celui souhaité d’un marché africain ?

La photographie d’origine numérique a un petit marché. C’est clair que je n’ai encore jamais vu de collectionneurs privés acheter des œuvres numériques même des vidéos,(parce que quelques vidéos peuvent être d’origine non numérique). Ça intéresse plus des musées, des institutions, ou des gros-ses collections et qui sont très souvent basées à l’extérieur du continent.

Il y en a qui prônent la présence d’artistes africains dans le jury international de Dak’Art pour recentrer la sélection sur la tendance réelle de la création africaine... ?

Nous étions huit dans le comité international. Sur ces huit membres, il y avait une majorité qui venait du continent : quelqu’un venant du Cameroun, moi-même, quelqu’un venant d’Ethiopie, un autre d’Afrique du Sud, et deux Sénégalais. Donc il y a eu une majorité de membres venant du continent et y travaillant. On ne peut pas vraiment dire qu’il y a eu un poids international excessif par rapport aux gens venant du continent. Je ne sais pas précisément quel était le dosage pour les anciens comités de sélection, mais je pense qu’on est resté dans la même veine. Il n’y a eu aucune volonté délibérée de privilégier un support par rapport à un autre. On a reçu toute une série de travaux : peinture, dessin, photographie, pièces vidéos, installations, sculptures. Parmi tous ces moyens d’expression, le numérique, pour parler globalement, était très présent. Et finalement ce que nous avons sélectionné reflète, en termes statistiques, ce que nous avions reçu.

Propos recueillis par A. R. M. 

(Source : Le Quotidien, 2 novembre 2004)

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