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Cybercriminalite : Afrique, un continent à risque

dimanche 25 août 2013

L’Institut sur la gouvernance démocratique du CODESRIA a organisé hier, jeudi 22 août, un panel sur le thème : « Sécurité et gouvernance démocratique ». Au cours de cette séance , un expert a attiré l’attention sur la vulnérabilité du continent africain face à la cybercriminalité.

Le continent africain n’est pas épargné par une menace de la cybercriminalité. Sa vulnérabilité face à cette nouvelle forme d’agression est aussi importante que pour les pays développés, selon le professeur Abdoullah Cissé, ancien Recteur de l’Université de Bambey et ancien doyen de l’UFR des Sciences juridiques et politiques de l’Université Gaston Berger de Saint Louis et ancien Recteur de l’Université de Bambey.

A son avis, la vulnérabilité de l’Afrique relève d’une multitude de défis à relever. Ils sont entre autres liés à l’insécurité humaine, au déficit de crédibilité des institutions, à l’ inefficacité dans la gestion des affaires publiques ainsi qu’aux nouvelles menaces. Qu’elles soient terroristes, liées à la cybercriminalité, au cyber terrorisme, en terme de blanchiment de capitaux ou de lutte contre la corruption.

Le Pr Abdoullah Cissé a tenu cette déclaration hier, jeudi 22 août, lors d’un panel organisé par l’Institut sur la gouvernance démocratique du CODESRIA et portant sur le thème : « Sécurité et gouvernance démocratique ». Il a appelé à ne pas se voiler la face en croyant que le faible taux de pénétration de l’internet en Afrique protège le continent noir des risques de ce fléau. Selon lui, cette idée est fausse car « le risque numérique concerne tous les pays du monde ».

Dans le sens ou dit-il, « nos États et nos entreprises sont connectés. Et même s’ ils ne sont pas connectés, pour aller surfer ils utilisent des instruments d’identification tels que la carte nationale d’identification ou encore les cartes d’électeurs qui sont gérées dans des serveurs et dans des systèmes informatiques".

C’est pour cela a-t-il relevé, "leur sécurité vous concerne et vous interpelle", car " sur cette question-là, l’Afrique n’est point épargnée ». Pour lui, l’Afrique doit concevoir un modèle de gouvernance démocratique lui permettant non seulement de réguler la question de la sécurité mais aussi de ne pas être handicapée par l’insécurité.

Allant dans le même sens, l’ancien Recteur de l’Université de Bambey, le Dr Jeffrey O. Isima, du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’ouest (Giaba), a estimé que les pays de l’espace Cedeao (Communauté Économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) sont les plus exposés. Mieux, il assure qu’il existe une interaction entre la cybercriminalité et le crime financier dans cet espace Cedeao.

La connexion de ces deux fléaux est ainsi favorisée par la libre circulation des personnes et des biens au sein de cet espace, mais également par la prolifération des partis politiques dans les États membres. Pour lutter contre cette forme d’agression qui fragile la sécurité et la gouvernance démocratique, il a préconise l’adoption d’une réglementation sur la création et le financement des partis politiques. Il a également appelé à revoir les conditions de circulation des citoyens à l’intérieur des pays de la Cedeao.

« L’Institut sur la gouvernance démocratique » est une activité que le CDESRIA mène chaque année. C’est une occasion de mettre des chercheurs juniors (niveau doctorat) en face de chercheurs séniors expérimentés et spécialistes des questions qui sont retenues comme thèmes pour les instituts pour les aider à construire une pensée cohérente en sortant des chantiers battus et déconstruisant les concepts.

Cette édition a réuni une quinzaine de chercheurs venant de différentes régions d’Afrique, différents pays notamment le Maroc, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’Ouganda, le Sénégal qui échangent depuis trois semaines à Dakar à l’initiative du CODESRIA.

Nando Cabral Gomis

(Source : Sud Quotidien, 23 août 2013)

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Réactions...

EBRIMA SALL SECRETAIRE EXECUTIF DU CODESRIA

« S’il y a des clés pour le développement de l’Afrique, la recherche en est une »

« Je ne dirai pas repenser les concepts à l’Africain, je dirai qu’il faut qu’on ouvre les concepts, qu’on interroge les réalités et qu’on connaisse tellement bien notre réalité. C’est en ce moment qu’on peut contester les concepts là où ils sont problématiques, les enrichir là où c’est possible et adopter de nouveaux concepts là où il est question de trouver de nouvelles manières de dire les choses qui sont plus collées à la réalité africaine que nous vivons.

(... ) On peu se donner les moyens, par le savoir, de connaitre nos interlocuteurs, de mieux nous connaitre nous-mêmes et les opportunités qui se présentent et de négocier des deals, des pactes et des traités qui sont beaucoup plus favorables aux sociétés africaines, au développement de l’Afrique.

Le point de départ c’est vraiment le savoir, c’est de faire en sorte qu’on soit armé de savoir et que les gens soient dotés de capacités qui leurs permettent d’acquérir ce savoir-là, le produire et le disséminer au niveau de tout le continent auprès des autorités et des décideurs.

Il est temps que l’on réordonne les priorités et qu’on sache que l’investissement à long terme pour le développement de notre continent passe par le savoir et la recherche pour commencer. S’il y a des clés pour le développement, l’une de ces clés c’est le savoir, c’est la recherche. Mais une fois que la recherche est faite, ce n’est pas automatiquement que les décideurs vont s’en approprier. Ça fait l’objet de luttes parce qu’il y a des enjeux de pouvoir et de recherche qui s’imposent.

C’est pourquoi nous espérons que notre recherche sera accessible à beaucoup plus d’acteurs que des Etats seulement. On souhaite que les sociétés civiles, les mouvements sociaux, le secteur privé, bref tout le monde, tous les acteurs du développement de l’Afrique soient mieux informées de la recherche africaine puisque ce sont des acteurs informés qui peuvent mieux négocier avec l’Etat, faire pression là où il faut le faire pour que les politiques soient beaucoup plus favorables à la majorité des africains, qu’elles soient plus protectrices de l’avenir de l’Afrique. Si les décideurs ne veulent pas tenir compte de la recherche, nous espérons qu’au niveau de la société civil il y aura des gens qui vont s’en approprier ».

GENERAL MANSOUR NIANG OFFICIER SUPRIEUR DE LA GENDARMERIE NATIONALE EN RETRAIRE

« Il faut rebaptiser les paradigmes et nous les approprier »

« Le problème de l’Afrique en matière de sécurité, de droit de l’homme et de démocratie, pour moi, nous vient de l’occident qui juge que l’Afrique est en retard par rapport à ces principes là. Et ces principes, si nous les analysons toujours avec les paradigmes occidentaux, nous seront toujours en retard par rapport à cet occident toujours insatisfait.

Je pense qu’il faut rebaptiser les paradigmes et nous les approprier et peut-être être moins ambitieux en terme réalisation que l’occident qui a déjà des années d’avance sur nous. Il faut que nous soyons moins ambitieux dans un premier temps, essayons d’avancer à notre rythme sans que ces Européens estiment que notre manière d’avancer est rapide ou lente.

Si nous continuons toujours à les analyser avec les mêmes paradigmes, les mêmes références, nous resterons toujours insatisfaits. Il faut qu’on se batte, qu’on réalise que nous pouvons réaliser un développement qui soit propre à l’Afrique et qui ne soit pas un développement attribué avec la bénédiction de l’occident. L’Afrique est marginalisé parce qu’elle ne compte pas économiquement.

C’est normal qu’on soit marginalisé, mais ce qui est plus grave, c’est que nous nous sentons insatisfait par le simple fait que l’Europe dise : « vous n’êtes pas bon ». Il faut nous dire pourquoi et par rapport à quoi nous ne sommes pas bien. Car la façon d’un européen d’apprécier quelque chose de bien n’est pas forcément la même que celle d’un africain et dans tous les domaines. Donc il nous faut, à mon avis rebâtir cette panoplie de références et de paradigmes qui pourraient faire de l’Afrique quelque chose qui soit africain ».

AMINATA DIAW CISSE, ADMINISTRATRICE PRINCIPALE DE PROGRAMMES AU CODESRIA

« Les questions de gouvernance et de la sécurité ne se posent pas seulement aux Etats, mais interpellent la sous région voire la région et le monde de façon générale. (... ) Donc c’est important que des chercheurs, surtout des jeunes chercheurs aient à réfléchir sur des questions pareilles. Ce que l’ont peut retenir à l’issue de cette table ronde, c’est que premièrement il nous faut faire preuve d’humilité par rapport à de telles questions qui aujourd’hui sont devenues éminemment complexes.

Car on a vu lors de la discussion que la sécurité ne se limite pas simplement à la frontière des Etats, mais les dépasse avec par exemple la question de la cybercriminalité, le blanchiment d’argent... Des éléments comme ça méritent des réflexions approfondies en déconstruisant les concepts et les paradigmes avec lesquels on a l’habitude de les étudier.

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