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Commentaire : Le Web 2.0 à l’assaut du journalisme professionnel

lundi 30 novembre 2009

Le Web 2.0 succède au Web classique et intègre de nouvelles applications : blogs, podcasts, flux RSS, identifiants universels, etc. Avec le Web 2.0, un site, par-delà son contenu propose dorénavant de multiples possibilités d’exploration via des services de syndication, des applications multimédia, des liaisons vers des programmes de messagerie, de navigation, etc. C’est ce qui fait dire à certains spécialistes que le Web, hypertexte à ses débuts, est devenu hypermédia au fil du temps. Ce qu’on appelle, depuis l’année 2004, Web 2.0 ou Web dynamique est justement l’émanation de ce Web hypermédia.

En Afrique en général, au Sénégal en particulier, le Web 2.0, associé aux logiciels libres, a profondément bouleversé l’espace médiatique et a favorisé l’émergence de nouvelles pratiques journalistiques et citoyennes.

Du blogueur au journaliste-blogueur

Le blog est un outil du Web 2.0 qui donne à la personne qui le tient, la possibilité de s’exprimer librement et d’échanger des idées ou des documents avec tous les internautes. En cela, il est un excellent outil d’expression. Il a permis à des citoyens ordinaires de donner leurs avis ou d’informer sur des questions qui les préoccupent.

Selon Reporters sans frontières, chaque jour, 120 000 blogs sont créés sur la Toile. Les blogueurs qu’on appelle également cyber journalistes, e-journalistes ou journalistes citoyens, équipés d’un téléphone portable ou d’un appareil photo numérique, arrivent à donner des informations très intéressantes. L’instantanéité qu’offre le Net aidant, les blogueurs commencent à devenir des acteurs incontournables dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information.

Dans les pays où la liberté d’expression n’est pas garantie, « les blogueurs inquiètent. Les gouvernements se méfient de ces hommes et des ces femmes qui, sans être journalistes de métier, publient des informations. Pire, les blogueurs abordent parfois des sujets sensibles que les médias désormais qualifiés de "traditionnels" n`osent pas traiter. Les blogs sont devenus, dans certains pays, une source d`informations à part entière ».

Au stade embryonnaire surtout en Afrique francophone, la pratique du blogging commence à séduire toutes les couches sociales. Au Sénégal, des hommes politiques, des intellectuels, des journalistes, des opérateurs économiques, des élèves ou étudiants tiennent des blogs.

Cependant, cette activité devient vraiment problématique quand c’est un journaliste qui s’y adonne. En effet, le terme journaliste-blogueur désigne un journaliste professionnel qui tient un blog. Or, cette appellation réunit deux termes (journaliste et blogueur) qui renvoient à des réalités différentes. Sur les forums, les internautes soumettent des avis partagés sur cette question.

Ceux qui veulent démontrer que le blogging n’a rien à voir avec le journalisme ou que le blogueur n’est pas un journaliste avancent l’argument selon lequel le journalisme est un métier qu’on apprend à l’école et/ou dans une rédaction.

Les blogueurs, de leur côté, soutiennent que du moment où ils vont chercher l’information, la traitent et la diffusent, ils font ce qui constitue l’essentiel du métier de journaliste. Par conséquent, ils doivent jouir pleinement de ce statut. Le journaliste citoyen Manuel Atréide soutient même qu’ils représentent aujourd’hui le 5ème pouvoir.

Dans tous les cas, ce que la réalité donne à voir, c’est que, à côté des journalistes professionnels, des blogueurs, il existe bel et bien un troisième modèle : les journalistes-blogueurs.

Déjà en 2004, en France, des journalistes animaient des blogs rattachés aux organes de presse pour lesquels ils travaillaient. On peut citer l’exemple des blogs de Libération, Le Monde ou l’Express. Aujourd’hui, les journalistes s’affranchissent de leurs organes de presse et tiennent des blogs personnels.

Qu’est-ce qui peut amener un journaliste à vouloir tenir un blog ?

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce recours au blog comme espace d’expression (envie de liberté, envie d’un nouveau ton, besoin d’instantanéité, contourner les contraintes d’espace et de temps, contourner les exigences de respect de la ligne éditoriale, volonté de raconter les à-côtés autour d’un événement, volonté de parler ou d’expliquer la manière dont il travaille au cours d’un reportage par exemple).

En Afrique de l’Ouest, le blog permet aux journalistes d’échapper à la censure et représente une garantie de la liberté d’expression. Cependant, rares sont les journalistes qui tiennent un blog. Les problèmes de temps, de moyens ou d’équipements sont souvent évoqués.

D’ailleurs, afin de soutenir la production d’informations alternatives et l’expression des citoyens, l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO), en partenariat avec Highway Africa et Global Voices Online, a initié les WAXAL Blogging Africa Awards.

L’édition 2008 de cette compétition qui cherche à promouvoir les blogs tenus par des journalistes a primé trois journalistiques africains : Cédric Kalonji de la RDC, meilleur blog de journaliste francophone, Rosebell Kagumire, du journal The Independent de l’Ouganda, meilleur blog de journaliste anglophone, Israel Yoroba Guebo de la Côte d’Ivoire, prix Spécial IPAO pour l’Afrique de l’Ouest.

D’autres journalistes africains sont souvent primés pour la qualité de leurs blogs. C’est le cas pour la journaliste Ramata Sore du Burkina Faso.

Au Sénégal, depuis l’année 2004, les journalistes Souleymane Jules Diop et El hadji Kassé sont souvent cités parmi les précurseurs quand on parle de journaliste-blogueur. Aujourd’hui, avec le développement des TIC, la pratique du blogging séduit surtout les jeunes journalistes qui s’intéressent de plus en plus au multimédia.

Le Dakar Blog, les blogs personnels des étudiants du CESTI et le blog Senegalmedias du journaliste Basile Niane peuvent être cités en exemple.

Le blogging est-il compatible avec le métier de journaliste ?

A cette question, nous répondrons par l’affirmative. Le blog est un autre outil à la disposition du journaliste. Il peut l’utiliser à sa convenance. Mais si les points de vue développés et les postures adoptées sur le blog s’opposent à ceux qu’il exprime dans son organe de presse, il s’expose à d’éventuelles sanctions.

En d’autres termes, le journaliste professionnel qui tient un blog ne peut jamais être aussi libre que le blogueur ou le journaliste citoyen.

Francis Nyamnjoh du CODESRIA comprend bien cette situation quand il parle de « l’existence d’une sorte de cyberflics qui laissent planer la menace d’éventuels règlements extrajudiciaires ».

C’est certainement ce qui fait qui fait dire à Manuel Atréide d’Agoravox que « les propos d’un blog tenus par un journaliste sont toujours les mots d’un professionnel. Qu’ils entrent en conflit avec leur travail et le clash est immédiat. Un journaliste professionnel n’est pas un blogueur comme les autres ».

Aussi, à la différence du blogueur, le journaliste sera toujours sensible aux notions d’éthique, de déontologie et de responsabilité quand il publie des articles sur son blog.

Le jeune journaliste Mamadou Niang présente ainsi son blog : « C’est un plaisir pour moi de créer ce blog. Un moyen pour m’exprimer librement mais tout en respectant les règles de l`éthique et de la déontologie ».

Mamadou Ndiaye, enseignant au CESTI
dondiaye@gmail.com

(Source : Kanal 150, 30 novembre 2009)

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