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Bloggeurs africains : Mais pourquoi s’associent-ils ?

mardi 15 octobre 2013

« Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite ». C’est par cette citation de Henry Ford que Sinatou Saka a bien voulu résumer le bien-fondé d’une association de bloggeurs. Au Bénin, son pays, il n’existe pas encore de regroupements de bloggeurs. Pour la jeune bloggeuse de la plateforme française Mondoblog, il est grand temps de mettre en place ‘’une institution unique’’ pour représenter les férus du Web chez elle.

Ce pas, les Ivoiriens l’ont déjà franchi. Au mois de d’Aout dernier, l’Association des Bloggeurs de Côte d’Ivoire (ABCI) naissait. Dans ce pays de près de 20 millions d’habitants, Internet occupe désormais une place importante dans la vie des citoyens. Les Ivoiriens se sont approprié ainsi des outils tels que Facebook et Twitter pour ne mentionner que ceux là.. Le Hashtag #ci225 est la porte d’entrée sur Twitter à l’univers Ivoirien d’informations sur le Web.

Passer du virtuel au réel

‘’Fédérer les compétences’’. Ce sont les mots de la vice- présidente de l’ABCI pour parler du but de son association. A en croire Edith Brou, l’ABCI a pour objectif de ‘’raffermir la cohésion’’ au sein la blogosphère ivoirienne. Pour elle, il s’agit de ‘’passer du virtuel au réel’’ pour l’échange d’idées dans sa communauté.Ce passage, les Camerounais ne l’ont pas encore effectué. ‘’Nous fonctionnons sur le principe de la virtualité. Nous avons Facebook, et nous avons une liste de diffusion qui nous permet de nous coordonner lorsque nous montons des projets ou actions’’, expliqueFlorian Ngimbis.

Pour ce blogueur d ’Afrique centrale, il n’existe pas, à sa connaissance, une réelle association dans son pays.Entre temps, au Sénégal, le NdajeTweetup est à sa deuxième édition. Cette manifestation permet aux blogueurs du Sénégal de se rencontrer en chair et en os pour échanger sur leurs activités. La dernière rencontre s’est tenue en présence des ambassadeurs du Royaume Uni, des pays bas et des Etats-Unis. Le réseau des blogueurs de ce pays comprend environs 75 membres actifs, selon Basile Niane, son président.

‘’C’est un garantie de sécurité et un gage de crédibilité’’, estime Demba Gueye, l’homologue d’Edith Brou au pays de la Téranga.De son avis, se réunir en association est aussi une affaire de visibilité pour le blogueur qui s’y engage.‘’Si le blogueur veut que sa voix porte, il est important pour lui de s’associer à des blogueurs influents, par le principe de l’affiliation’’, laisse-t-il entendre. Se mettre sous la bannière d’une telle association, selon lui, ne procure que des avantages.

Crispation chez les blogueurs maliens

Peut-être que leurs voisins maliens ont compris ces avantages. Car, à en croire le responsable des blogueurs maliens, le projet de mettre en place une association aurait germé dans la capitale sénégalaise.Mais pour Lancinet Sangaré, qui a préside l’Association de bloggeurs du Mali (ABM), tout est parti d’un constat amer : L’insuffisance de l’accès à l’information pendant la crise du Nord du Mali.Il s’agit donc, pour lui et ses camarades, à travers cette association de rectifier le tir en la matière.

"Notre objectif est d’informer et de sensibiliser l’opinion nationale sur des thématiques comme le civisme, le patriotisme, la bonne gouvernance ", explique-t-il . Il regrette, en outre, que les passionnés de technologies de l’information évoluent en ‘’rang dispersé’’ dans son pays.Une réunion pour mettre en place l’Association des Blogeurs au MaliEn rang dispersé, tout porte à le croire. Car, quelques jours après l’annonce officielle de la mise en place de l’Association des blogueurs du Mali, est née la Communauté des blogueurs maliens .Incompréhension totale. Fidèle Guindou, Secrétaire général de l’ABM, tente d’apporter une explication à cette déconvenue.

‘’Nous avons lancé l’avis d’une assemblée générale en vue de la création d’une association de blogueurs au Mali et des personnes ont répondu à cette invitation. Et à la surprise de certaines personnes comme moi, nous avons appris que des personnes présentes à la réunion avaient aussi muri cette idée…Donc nous nous sommes dit que ce serait l’occasion de se mettre ensemble pour une dynamique commune. C’était juste une rencontre d’informations, nous avons décidé d’adopter les statuts et règlements à la seconde réunion. Et c’est à cette réunion que l’autre groupe nommé la communauté des blogueurs maliens a décidé de faire route séparément’’, tente d’éclaircir le bloggeur malien.Les responsables de la Communauté des bloggeurs du Mali, de leur côté, n’ont pas jugé nécessaire d’apporter une suite à notre invitation.

Dans une interview accordée à Dakaroiseries, Basile Niane comparait le Web à une vaste étendue d’eau où l’on a point besoin de se bousculer pour nager. Une affirmation qui pourrait bien soulager Bamako et ses blogueurs.‘’Ce sont des initiatives qui ne font jamais l’unanimité. Certains peuvent se sentir frustrés’’, tente de commenter le blogueur sénégalais Alexandre Lette. Ce spécialiste des Tics estime ne pas se sentir appartenir à une communauté ou une association de blogueurs dans son pays. ‘’Cette communauté est beaucoup plus accentuée sur l’organisation des évènements que la création de contenus de blogs’’, regrette-t-il.

‘’Quand on parle d’association, l’argent n’est pas loin"

Au-delà de son regret se pose la question de l’utilité réelle pour les blogueurs de s’associer. Si pour Edith Brou, l’ABCI constituerait un ‘’interlocuteur direct’’ auprès des autorités et des différentes institutions, c’est en revanche là que se trouve tout le problème selon Florian Ngimbis.Des blogueurs de Côte d’Ivoire à la faveur de l’Ag constitutive de leur association‘’Le bloggeur a-t-il besoin de mandater quelqu’un pour parler en son nom ? ’’, S’interroge-t-il. Avant de répondre : ‘’Je ne le pense pas. Pour cela, nous avons nos blogs, espace de partage, d’échange, et surtout de liberté de nos opinions sur la politique, l’art, ou tout autre sujet qui nous intéresse’’.

Cependant, bloguer est une activité personnelle, l’idée d’association ne pourrait-telle pas biaiser ce principe ?‘’Non pas du tout, répond Edith Brou, Bien au contraire, Notre objectif est de conseiller et d’orienter tout en offrant la possibilité aux membres de s’exprimer sur tous les sujets qui les concernent ’’.‘’Je partage l’avis que vouloir encadrer une activité dont l’essence même reste la possibilité de s’exprimer librement, on tombe dans un non-sens. Heureusement, pour notre réseau, l’essentiel reste de donner plus de force aux activités individuelles des membres’’, estime pour sa part le responsable des blogueurs Burkinabés,Justin Yarga. Au pays des hommes intègres, c’est depuis Juin 2012 que leur association a vu le jour.Toutes ses déclarations de bon sens ne convainquent guère le bloggeur camerounais qui signe et persiste.

‘’Quand on parle d’associations, c’est que les histoires d’argent ne sont pas loin (.) J’ai peur que tout finisse en manipulation et autres détournements (…) Mon blog est ma tribune, elle est libre et vraie, elle parle pour moi et c’est pourquoi les gens me font confiance. Mais s’il devient une entité, d’un vaste ensemble, je perds de ma crédibilité, car on ne sait plus si mes idées sont de moi, ou subissent l’influence des courants d’idée et d’argent qui ne manqueront pas de traverser l’association’’, explique le rédacteur de chroniques camerounaises, qui pour sa part est plutôt adepte de la virtualité pour mener les projets.Sa compatriote, Danielle Ibohn ne voit pas les choses de la même manière

. ‘’Non l’association, c’est une entité, Le blogueur un individu. Aussi différents que nous sommes, l’association nous réunit juste. L’activité personnelle contribue à faire connaître l’entité’’, lance la ‘’Mondoblogeuse’’.Quant à Basile Niane, bien qu’il soit président de l’Association des blogueurs du Sénégal, il avoue cependant partager l’avis selon lequel les blogueurs n’ont pas besoin de s’associer. Il est plutôt adepte du mot communauté ou encore réseau, plutôt que celui d’association.

Cela conduirait, à l’en croire, un grand nombre de personnes à participer à l’activité du blogging.‘’Mais il faut noter aussi que nous avons parfois besoin d’une structure si on nous voulons monétiser notre travail. Il y a beaucoup d’ONG et de sociétés qui recherchent des blogueurs pour leur visibilité’’, précise-t-il.

Le rêve d’une association des bloggueurs africains

Si les avis semblent diverger sur la question, beaucoup de blogueurs souhaitent cependant voir élargir leur association en dehors de leur pays.‘’Je suis partant par ce que les blogueurs peuvent même permettre de bousculer les dirigeants de l’Union Africaine’’, espère Mamadou Ndiaye, blogueur sénégalais.Ce rêve de voir un jour une association de tous les blogueurs d’Afrique est aussi partagé par son compatriote Demba Gueye, par ailleurs président de la Ligue des bloggeurs africains. ‘’Je pense qu’il ait grand temps de déconstruire les frontières héritées de la colonisation’’, affirme le vice-président des blogueurs sénégalais.Pour Lancinet Sangaré, ce serait l’idéal de voir réunir les blogueurs de la sous région au préalable.

Selon lui, Une dynamique allant dans ce sens s’impose avec acuité. "Je crois que la dynamique sous régionale s’impose pour mettre en place une communauté ouest-africaine qui sera une force de veille et de développement des différents États", confie-t-il.En voilà une autre qui abonde dans le même sens. ‘’Plus on est fou, plus on rit, Ce sera un plaisir de fédérer au plan panafricain toutes nos forces’’, confie Edith Brou avec le sourire.Mais , à la question de savoir s’il serait partant pour une association des bloggeurs d’Afrique ou d’Africque centrale, Florian Ngimbis dira : ‘’ Non c’est trop lourd (…)

Pour un blogueur Internet est l’association qui lui garantit tout ce qu’il pourrait chercher dans ce genre de regroupement’’.Internet continue de se développer sur le continent noir à une vitesse faramineuse. Le web constitue un outil indispensable pour la liberté d’expression. Les blogueurs s’en sont accaparés pour en faire leur arme de guerre. Qu’Est-ce qui se joue ? Et qu’est-ce qui il a à gagner derrière leurs associations ?

Si ces questions méritent d’être posées, elles n’enlèvent cependant rien à leur envie de s’autodéterminer via cet outil. Désormais, il va falloir faire avec les blogueurs.

Rémy Mallet

(Source : Dakaroiseries, 15 octobre 2013)

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