Bénin : une campagne de protestation contre la taxation des réseaux sociaux
lundi 3 septembre 2018
Au Bénin, des internautes ont lancé une campagne de protestation contre la taxation de l’utilisation des réseaux sociaux. Le hashtag #TaxePasMesMO, pour dire « ne taxe pas mes méga » devient virale, appelant les Béninois à se désabonner massivement des comptes et réseaux sociaux des officiels du gouvernement. Une campagne pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du décret n°2018-341 du 25 juillet 2018 créant une contribution de 5% sur le montant hors taxe des communications (voix, sms, Internet) et une taxe de 5F CFA par méga-octet consommé par l’utilisateur des services Facebook, Whatsapp, Twitter, Viber, Telegram, etc. Les internautes béninois sont invités sur les réseaux sociaux à se désabonner et à poster des captures d’écran où on peut lire « je n’aime plus cette page » ; « désabonner », etc.
Une restriction de la liberté d’expression
L’association béninoise des web activistes « dénonce une entrave considérable à la liberté d’expression ». Le décret n°2018-341 du 25 juillet 2018 « empiète sur la volonté du gouvernement de faire de l’Economie numérique un pilier essentiel de la relance économique », souligne un communiqué rendu public jeudi. Depuis le 28 août, Reporter Sans Frontière est monté au créneau, dénonçant elle aussi « des entraves à la libre expression » et fait observer que la mesure « contredit l’ambition du gouvernement béninois de faire de l’économie numérique un des secteurs stratégiques pour la relance économique ».
Reporter Sans frontière rappelle que le coût d’accès à Internet est déjà très élevé au Bénin (1Gb de connexion mobile valable pour 1 mois coûte environ 11 euros, selon RSF) ; la population connectée est estimée à 625.333 (selon une étude de Internet Live Stats, en janvier 2017).
Le décret pris par Patrice Talon enjoint aux opérateurs télécoms de prélever les taxes et de les reverser au Trésor public. Reporter Sans Frontière dit comprendre la volonté du gouvernement à faire participer tous les acteurs du numérique au financement du développement du secteur. « Mais faire peser le poids de ce financement sur les épaules des utilisateurs est un choix injuste qui viole la liberté d’expression et menace l’accès de tous à un internet libre et ouvert », a martelé le coordonnateur Afrique de l’Ouest de Reporter Sans Frontière, Qémal Affagnon.
Souleyman Tobias
(Source : CIO Mag, 2 septembre 2018)