Projet d’une base de données pour la communauté organique africaine par Léopold Sédar Senghor, Président de la République du Sénégal, 3 décembre 1980 (extraits)
Il s’agit d’une base de données culturelles, techniques et économiques au service du développement des pays africains et de leur coopération. Cette base culturelle
signifie que ce projet doit prendre en considération tous les aspects culturels de ces peuples, sous forme d’expression qui leur sont familières et ne pas se contenter
d’archiver des documents écrits peu représentatifs ou témoignages indirects de ces phénomènes. Cela entraîne que la base de données contiendra une majorité de
documents non écris, sonores, musicaux, graphiques, photographiques ou cinématographiques [...]
C’est sur cette base culturelle de référence que pourra ensuite être construit et organisé l’ensemble des autres informations de nature technique, scientifique ou
économique, de façon à ce que leur contexte socio-culturel ne soit jamais oublié et que l’aspect humain soit toujours présent.
Une base culturelle implique aussi que cette construction soit ancrée dans les langues naturelles des peuples concernés, symbole de leur ancienneté culturelle et de
leur identité profonde. Cela concerne surtout l’ensemble des documents d’expression individuelle ou collective, mais, il serait souhaitable que cela soit étendu à tous
les documents dont la traduction serait appauvrissante. L’obstacle des langues non écrites peut-être facilement surmonté par un codage phonétique bien étudié ou
encore un enregistrement direct du document parlé, accompagné si nécessaire d’un document usuel. Par contre, la consultation de base pourra être faite dans les
langues « techniques », français, anglais, espagnol et portugais sans oublier l’arabe, avec son double rôle de langue culturelle et de langue technique potentielle.
Cette base culturelle sera plus facilement assurée dans un contexte local par une distribution régionale des centres de documentation sous la forme des
conservatoires culturels, dépôts et réceptacles de tous les documents significatifs.
Les liaisons nécessaires entre ces centres locaux seront facilement et souplement assurées par un satellite de communication bien placé. Le satellite Symphonie,
utilisable pour un trafic commercial serait particulièrement bien adapté pour une expérience de ce genre.
Voici les idées qui dans un premier temps pourraient guider la recherche :
Chaque capitale, centre de région culturelle, centre universitaire important (au moins un par pays administratif pour simplifier l’organisation et la prise en
charge répartie par pays), comporte un « conservatoire culturel » où sont captées les données.
Tous adoptent une règle commune tant pour les procédures d’entrées que pour les procédures de liaisons
Les liaisons sont assurée par satellite (Symphonie au dessus du Tchad)
Une structure relationnelle permet de relier les diverses données (textes, iconographie, musique etc.) et la structure est dynamique afin de disposer de l’image
en mouvement, du son, etc.
Les documents sont entrés dans la langue d’origine (c-à-d dans n’importe quelle langue) ce que permet l’ordinateur
Les traductions sont aidées par ordinateur pour en faciliter l’exécution.
Les langues d’accès et de consultation prévues sont l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français et le portugais.
Chaque information comporte une présentation résumée (texte) dans les 5 langues de consultation et renvoie à la base qui est détentrice de la totalité de
l’information.
La base a un double aspect :
1/ le conservatoire
2/ l’outil pédagogique
Cet « outil pédagogique » est accessible aux enfants, adultes etc. Il peut-être intégré au programme d’enseignement des écoles, etc.
Des correspondants peuvent être installé en Europe etc. pour servir des informations de données stockées dans les musées, dans les centres de
documentation, journaux etc.