Zoom sur des initiatives
– Les femmes : formations souvent trop réservées aux hommes, difficultés pour accéder à l’information en général et aux ntic en particulier, marginalisation des femmes dans les zones rurales, visibilité insuffisante des activités des femmes au plan régional, national et international... Autant de constats négatifs dressés par les femmes africaines réunies à Bamako au sein de l’atelier « Les femmes dans la société de l’informatique ». Pour y répondre, plusieurs propositions ont été avancées et notamment une sensibilisation et une formation accrues de ce public aux ntic qui, selon Aïcha Tamboura, présidente de l’atelier et chargée du programme communication et Internet de l’association RECIF/ONG-BF (Réseau de communication, d’information et de formation des femmes dans les ONG du Burkina Faso), « doit passer par un mécanisme de lobbying à mettre en place par les associations, les ONG et les groupements féminins pour influer sur les politiques afin que des mesures de facilitation de l’accès des femmes aux ntic soient prises dans chaque pays ». Déjà au Burkina Faso, l’association RECIF a créé un cadre permettant aux femmes qui travaillent dans les ONG et les associations d’avoir accès aux informations, d’échanger avec d’autres, de bénéficier de cadres de concertation et de renforcer leurs compétences par des formations. Informées grâce à Internet (//recifong.citeweb.net/accueil.html) mais aussi par l’intermédiaire d’un bulletin d’informations trimestriel, d’actions de communication, etc., les femmes vont ensuite diffuser leur savoir dans leur village. Objectif : une meilleure prise en compte, intégration et reconnaissance des femmes dans la société. Sous l’impulsion de RECIF, un réseau de collectifs de femmes du Sahel a vu le jour. Par ailleurs, des relations via le mél sont entretenues avec Famafrique (http://www.famafrique.org/), espace d’informations et de ressources sur le développement durable pour les femmes d’Afrique francophone.
– La télémédecine : « L’objectif recherché à travers la télémédecine, c’est l’amélioration de la couverture sanitaire du pays ainsi que la qualité des soins prodigués aux communautés de base ». C’est ainsi que le Professeur Mamadou Guèye, chef du projet Télémédecine/Télésanté au Sénégal résume l’enjeu de la médecine interactive dans la revue « Recherche Impact » (revue de vulgarisation des résultats de recherches du CRDI en Afrique). Enjeu de taille quand l’on sait que les médecins spécialisés ne sont présents que dans les capitales, certaines régions bénéficiant de médecins généralistes et les zones les plus reculées seulement d’infirmières ou d’aides infirmières. Le programme Acacia du CRDI qui soutient le projet a organisé son déploiement en trois phases : développement au plan national des applications concrètes de télémédecine ; élargissement de l’expérience au Mali, Guinée Conakry, Burkina Faso et Tunisie ; création d’un réseau africain de télémédecine autour des pôles de compétence que sont le Sénégal, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et la Tunisie. Le projet comprend plusieurs volets, notamment l’établissement des diagnostics de patients résidants dans les régions, le transfert d’images (et notamment de radios) et la prise en charge des malades par des spécialistes en cardiologie, neurologie, etc. Par ailleurs, la plate-forme technologique, appelée à servir de support à la télémédecine, contribuera à la formation à distance des médecins, des infirmiers et des paramédicaux mais aussi à décloisonner la recherche médicale. Dans le domaine du sida, les nouvelles technologies représentent également un formidable espoir facilitant la mise en réseau d’ONG, la circulation de l’information et notamment de la prévention mais aussi l’acheminement des médicaments, etc. L’initiative Hivnet travaille aujourd’hui à la mise en place d’un réseau d’informations dans ce domaine sur plusieurs pays africains (http://www.fdp.org/). « Les ntic permettent aux jeunes de s’informer sur la prévention vis-à-vis du sida : il existe de nombreux sites sur le sujet. Quant au développement de la télémédecine, il est freiné, aujourd’hui, par le manque de fiabilité des informations, le besoin en équipement sophistiqué mais aussi par la non-électrification des campagnes. Tout cela devrait être réglé d’ici cinq à dix ans ; il suffit que les décideurs s’y impliquent poussés par les associations et les ONG », conclue ce jeune étudiant en médecine.
– Le commerce électronique : « Les entreprises ont un esprit conservateur : elles attendent que la terre tremble pour se trouver un abri. Quant aux petites entreprises, elles ont la volonté mais pas les moyens de se lancer dans le e-commerce », résume Ibrahima Nour Eddine Diagne. Et en tant que Directeur de la promotion et du marketing du Trade Point Sénégal (http://www.tpsnet.org/), il sait de quoi il parle. Cette structure, imaginée par le CNUCED, a pour objectif de jeter les bases du commerce électronique dans les pays en voie de développement. Présent dans 60 pays, le réseau des Trade Points a mis en place une bourse d’opportunités permettant aux entreprises de chacun des pays concernés de proposer leurs produits, leurs services et leurs compétences. « En Afrique, le commerce électronique commence à se développer en Afrique du Sud, au Maghreb et en Egypte. Ailleurs, il est inexistant. C’est pourquoi, nous avons ouvert un Trade Point au Sénégal en espérant que chaque pays de la sous-région se dote prochainement d’une telle structure. Reste que les freins au développement du e-commerce existent : en Afrique, l’approche des ntic est collective - or, l’achat sur le Net relève d’une démarche individuelle - et très locale : il n’y a pas de demandes de produits à l’exportation », ajoute Ibrahima Diagne. Concrètement, le Trade Point de Dakar propose aux entreprises de concevoir et d’héberger leur site Internet et de leur faciliter les différentes démarches liées à l’exportation des produits par le biais d’un intranet. Par ailleurs, le Trade Point joue un rôle d’incubateur de commerce électronique. « Nous démarchons les artisans et les entreprises oeuvrant dans le secteur du tourisme et d’après sélection, les heureux élus sont hébergés dans l’incubateur. De notre côté, nous nous chargeons de leur communication et de leur promotion sur le Web, de la vente en ligne de leurs produits et de l’expédition. Par la suite, nous leur transférons les compétences afin qu’ils deviennent indépendants », explique Ibrahima Diagne. Aujourd’hui une vingtaine d’artisans et de sociétés de tourisme sont présents dans l’incubateur. Un guichet physique a également été ouvert permettant à tout un chacun d’avoir accès à certains services offerts par le Trade Point, notamment la bourse d’opportunités.
– Les télécentres communautaires : « En Afrique, il y a une appropriation collective des moyens de communication : un journal est lu par dix personnes, pour le téléphone, c’est la même chose. La radio et la télévision sont également mises en commun et utilisées collectivement. C’est pourquoi, il est difficile de comparer les chiffres de connectivité en Europe et en Afrique : ici, un poste connecté à Internet sera utilisé par beaucoup plus de personnes que dans les pays occidentaux », explique Olivier Sagna, Secrétaire général d’Osiris (Observatoire sur les systèmes d’informations, les réseaux et les inforoutes au Sénégal). Partant de cette réalité africaine, le programme Acacia, mis en place par le CRDI, s’est fixé comme objectif de faciliter l’accès et l’utilisation des ntic aux communautés de base en privilégiant les populations les plus défavorisées (femmes et jeunes), les villages et les zones péri-urbaines. Pour ce faire, le programme s’appuie sur les télécentres, lieu où la population peut utiliser téléphone et fax. L’objectif du programme Acacia est d’assister les propriétaires de télécentres privés dans l’achat d’un ordinateur et sa mise en réseau. Acacia leur fournit un appui logistique, des animateurs et une formation aux ntic. Dans certains cas de figure - ouverture d’un télécentre dans un village ou dans un quartier en difficulté -, l’appui peut également être financier. Aujourd’hui, plusieurs télécentres communautaires ont été ouverts au Sénégal, au Mali (Tombouctou), en Afrique du Sud, en Ouganda et au Mozambique.