Le milliardaire va racheter, avec deux partenaires, l’opérateur Tigo , sur un marché dominé par Orange .
Le suspense aura duré neuf mois. Mais le numéro deux des télécoms sénégalais, Tigo, va bien passer dans les mains de Xavier Niel.
Plus exactement, un consortium de trois acteurs va racheter l’opérateur : NJJ (le holding personnel du Français), Sofima (le bras armé d’Axian, le groupe du milliardaire malgache Hassanein Hiridjee) et Teyliom (le groupe de l’entrepreneur sénégalais Yerim Sow).
Une affaire à rebondissements
L’opération a traîné en longueur car le groupe luxembourgeois Millicom avait d’abord accepté de céder son activité au Sénégal à un acteur local, le groupe Wari, pour 129 millions de dollars. Suite à des difficultés dans le paiement, cet accord avait été dénoncé par le vendeur, pour faire affaire avec le trio Niel-Hiridjee-Sow.
En fin de semaine dernière, le président sénégalais, Macky Sall, aurait finalement signé le décret débloquant la cession, « après avoir reçu des assurances sur des investissements dans l’amélioration du réseau de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA [plusieurs dizaines de millions d’euros, NDLR] », selon une source proche du dossier. L’opération devrait être finalisée dans les prochains jours.
Première incursion en Afrique
Pour Xavier Niel, ce n’est pas une première. Le fondateur de Free a investi via NJJ dans plusieurs opérateurs à l’étranger : Monaco Telecom , Salt en Suisse, Golan Telecom en Israël (dont il est aujourd’hui sorti) ou récemment l’irlandais Eir .
Avec Hassanein Hiridjee - par ailleurs propriétaire de Telma à Madagascar et aux Comores -, Xavier Niel est également co-actionnaire de l’opérateur Only à Mayotte et de Free à La Réunion.
C’est en revanche la première incursion du trublion des télécoms en Afrique. « Mais Axian a une bonne expertise de la distribution locale, du prépayé ou des ARPU [revenu moyen par abonné, NDLR] très bas », commente un connaisseur.
Le trio a promis de lancer des réseaux 4G - qui manquent aujourd’hui à Tigo - et de casser les prix pour redonner du pouvoir d’achat aux Sénégalais. Un discours bien connu... d’Orange. Le groupe français, qui contrôle plus de la moitié du marché local, va devoir défendre son pré carré.
Sébastien Dumoulin
(Source : Les Echos, 23 avril 2018)