Toujours les méfaits du monopole
lundi 30 avril 2001
Le cinglant rappel à l’ordre de la Direction des Etudes, de la Prospective et de la Réglementation du ministère de la Communication et des Technologies de l’Information signifiant à la société Sentel qu’elle n’avait ni le droit d’installer ni le droit d’exploiter une boucle locale radio pour fournir des accès Internet à large bande, est une illustration supplémentaire des méfaits découlant du monopole qui continue à être accordé contre toute logique politique, économique et sociale à la Sonatel. En effet à l’heure où les fournisseurs d’accès Internet et tous ceux qui veulent se lancer dans le secteur des téléservices se plaignent de l’étroitesse, de la piètre qualité et de la cherté de la bande passante fournie par la Sonatel, quoi de plus absurde que d’interdire une telle initiative au nom d’un monopole qui porte préjudice au plus grand nombre et surtout entrave le développement d’un secteur porteur de l’économie nationale au profit des intérêts d’une société privée étrangère. Une fois de plus l’esprit d’initiative a été condamné au nom de la défense d’une situation de rente qui se nourrit principalement du refus de la concurrence. Lorsque l’on analyse l’évolution qui prévaut dans tous les secteurs de la vie culturelle, politique et sociale depuis le changement de régime de l’année dernière, on a d’autant plus de mal à comprendre l’immobilisme qui règne dans le secteur des télécommunications. Alors que la fin des privilèges indus, la liberté d’entreprendre, la libération des énergies créatrices, l’équité, la transparence et la recherche de l’excellence sont exaltés en permanence dans les discours des plus hautes autorités de l’Etat, le secteur des télécommunications continue lui à fonctionner avec les règles et les valeurs de l’ancien régime. Hier comme aujourd’hui, de nombreux spécialistes ont pourtant démontré qu’il est non seulement possible mais indispensable de faire autrement si le Sénégal veut garder l’avantage comparatif qui est aujourd’hui le sien dans le domaine des télécommunications et pouvoir se positionner comme il l’ambitionne sur le marché des téléservices. Mieux de multiples opérateurs ont prouvé que non seulement d’autres technologies pouvaient valablement être utilisées mais encore que des prix nettement inférieurs à ceux de la Sonatel pouvaient être pratiqués sans pour autant remettre en cause les impératifs de rentabilité. La question qui est donc aujourd’hui posée aux autorités sénégalaises est de savoir jusqu’à quand les internautes et les professionnels du secteur des télécommunications devront-ils continuer de subir les méfaits de ce monopole suranné, vestige d’une époque aujourd’hui révolue. Pour l’écrasante majorité des acteurs du secteur, la réponse est claire : il faut en finir au plus vite et une fois pour toute avec le régime de « parti unique » qui sévit encore dans le domaine des télécommunications et dont la survie retarde chaque jour un peu plus les chances du Sénégal de profiter au mieux des opportunités offertes par la Société de l’information.
Amadou Top
Président d’OSIRIS