La crise sanitaire liée à la Covid-19 est en train de chambouler l’année universitaire. Pour minimiser le retard accusé, les enseignants du supérieur veulent maintenir la continuité des apprentissages, grâce au numérique. Seulement, semble-t-il, le secteur n’est pas assez outillé pour basculer vers le digital. Préoccupée par cette situation, la section supérieure et recherche du Syndicat unitaire et démocratique de l’enseignement du Sénégal (Sudes/ESR) interpelle les autorités sur les risques d’imposer l’enseignement à distance comme alternative sans prendre en compte certains facteurs comme l’accessibilité du net pour les étudiants.
En réunion par visioconférence ce samedi, le Bureau exécutif national du Sudes/ESR a procédé à un diagnostic de la situation universitaire actuelle pour voir quelle stratégie mettre en place pour sauver l’année académique. ‘’Le syndicat trouve heureux que les autorités universitaires et gouvernementales aient pensé, à la suite des enseignants-chercheurs, à une continuité pédagogique en mode numérique et/ou à distance. Le Sudes/ESR considère cependant que même si un tel palliatif est important, il ne faut pas perdre de vue un certain nombre de limites objectives inhérentes à ce mode d’enseignement et au pays dans lequel nous nous trouvons’’, indiquent les enseignants à travers leur communiqué d’après réunion.
Pour le Sudes/ESR, les limites de la solution de l’enseignement à distance sont liées au problème d’accessibilité du numérique à tous les étudiants. ‘’Disséminés dans toutes les zones les plus reculées de notre pays, certains de nos étudiants n’ont tout simplement pas un accès suffisant à l’électricité et à Internet pour que l’égalité de tous devant le service public de l’enseignement supérieur soit assuré par un modèle exclusivement basé sur la formation à distance’’, indiquent les enseignants chercheurs.
...Le fait que beaucoup d’étudiants, notamment ‘’ceux des premières années, ne disposent toujours pas d’ordinateurs personnels, ni de smartphones performants leur permettant de bénéficier pleinement de la continuité pédagogique’’, pose également un vrai problème pour l’enseignement à distance. S’y ajoute le déficit d’enseignants dans les universités publiques qui fait qu’il est impossible de réaliser un encadrement rapproché des étudiants de niveau Licence, de sorte à assurer leur succès. Aussi, indique-t-on, dans certaines universités, comme celle de Ziguinchor, les étudiants de première année n’avaient pas encore commencé à recevoir les enseignements.
‘’Nous saluons les efforts consentis par les collègues et les étudiants pour assurer la continuité pédagogique, singulièrement en Master. Nous sommes toutefois extrêmement inquiets quant au sort de l’année universitaire dans certaines de nos universités publiques. Nous préconisons, au sortir de cette crise, un examen au cas par cas de la viabilité de l’année universitaire selon les institutions et les niveaux. Nous espérons aussi qu’au sortir de cette crise, le gouvernement accompagnera enfin les universités publiques pour qu’elles disposent de personnels suffisants et réalisent pleinement la directive issue de la Cnaes, selon laquelle les Tic devaient être mises au cœur de la formation’’, espère le SG du Sudes/ESR, Mamadou Dia.
(Source : [Enquête>http://www.enqueteplus.com/], 20 avril 2020)
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