Soutenir la SONATEL
vendredi 27 août 2010
La soif inextinguible de richesses du régime de l’alternance s’accentue à mesure qu’il prend conscience de sa chute imminente. La nouvelle trouvaille- la taxation des appels téléphoniques entrants- pour s’enrichir et enrichir une société étrangère (Global Voice) au détriment d’une société nationale suscite déjà de nombreuses récriminations de la part des Sénégalais de l’extérieur et principalement des syndicalistes de la SONATEL, qui craignent pour la survie de leur entreprise qui ne tarderait guère à subir le sort des ICS, de la SONACOS et de la SENELEC.
Ces derniers jours, la SONATEL a tenu à préciser de manière insistante que« le contrôle des communications entrantes dévolu à Global Voice peut être fait à un coût (investissement et maintenance) inférieur à 2 milliards sur cinq ans, en lieu et place des 150 milliards annoncés ». La différence est énorme. Un gouvernement patriotique, soucieux des intérêts de son pays, aurait sursis à l’application de cette mesure tant décriée et mis la SONATEL à l’épreuve ; mais le paradoxe de ce régime est qu’il n’aime pas la transparence et préfère toujours pêcher en eau trouble. La préférence nationale est un vain mot chez les « alternoceurs ».Depuis le 1er août 2010, des Sénégalais de la diaspora paient leurs communications vers le Sénégal presque trois fois plus cher du fait des faveurs accordées à Global Voice : aux Etats-Unis, la carte prépayée qui donnait droit à 13 minutes de communication à ses utilisateurs ne leur donne plus que 5 minutes. Quand on pense aux efforts et investissements des émigrés dans notre pays, on trouve injuste de leur faire payer encore plus pour communiquer avec leurs parents restés au pays. On a même dit que certaines communications à partir du Sénégal vers certains pays qui appliquent la réciprocité sont devenues plus chères. Soutenir la SONATEL dans son combat est une exigence nationale, au lieu de faire comme ces consuméristes d’opérette qui ont choisi de mener un combat à rebours et de hurler avec les loups de la mafia. Vous vous souvenez de l’un d’eux, celui-là qui avait détalé comme un lapin au lendemain de l’ouverture des Assises nationales après les premières menaces ; l’autre, politicien voltigeur, est revenu au parti au pouvoir après avoir cherché fortune ailleurs sans succès ; ces gens-là ne peuvent défendre aucun consommateur. Au surplus, il y a fort à craindre que les taxes générées ne serviront qu’à faire le tour du monde et à loger dans des hôtels de rêve au bord du Léman aux frais du contribuable sénégalais. Le syndrome du paradis perdu a donné lieu à une course contre la montre dans l’accumulation des richesses. Ce n’est pas étonnant de la part de gens dont la première réaction dès la prise de service a été d’esquisser des pas de danse dans le secret d’un bureau devant un coffre-fort rempli (à propos de coffre-fort, on raconte qu’il y a pénurie sur le marché) Les travailleurs de la SONATEL ont raison de se battre : dans un pays où les scandales sur les sociétés se succèdent au rythme de la parution de l’hebdomadaire « La Gazette », il est légitime de s’inquiéter.
Il serait suicidaire pour un pays pauvre très endetté comme le Sénégal de confier un nouveau mandat à des gens qui ont un goût immodéré de l’argent. Ils tiennent coûte que coûte à présenter leur candidat ; le chemin est déjà balisé pour la recevabilité de sa candidature mais qu’à cela ne tienne, qu’il se présente et l’humiliation n’en sera que plus grande. Il est révélateur qu’après 26 ans d’existence un parti politique s’accroche désespérément à la candidature d’un nonagénaire comme bouée de sauvetage, à moins qu’on ne veuille tirer les marrons du feu pour un dauphin.
Yatma Dièye, professeur d’anglais
Rufisque
yatmadieye@orange.sn
(Source : Seneweb, 27 août 2010)