Après quinze ans passés au Cirad (Centre international de recherche agricole pour le développement), structure basée à Montpellier au service des pays émergents, Daniel Annerose, informaticien et biologiste de son état, a décidé de mettre les nouvelles technologies au service du développement. Pour l’instant boudée en Europe, le WAP trouve ainsi sa pleine justification au Sénégal. Installée dans la pépinière d’entreprises Cap Alpha de Montpellier, grâce à sa plate-forme de services en ligne, Manobi fournit en temps réel sur les téléphones mobiles les informations nécessaires à la gestion des marchés. L’agriculteur découvre les cours du jour pratiqués sur les cinq grands marchés de Dakar et peut ainsi ajuster sa cueillette. Quant aux dizaines de milliers de pêcheurs, ils peuvent s’informer du cours du poisson à l’export bien avant de mettre pied à terre.
Comment fonctionne le système ? Un certain nombre d’enquêteurs arpentent les marchés, terminaux mobiles en main. Ils engrangent les informations qui, enrichies de celles fournies à partir de la France via Manobi, alimentent ensuite le système. En partenariat avec Sonatel, l’opérateur local qui héberge également la plate-forme, des téléphones mobiles ont été distribués. La téléphonie mobile au Sénégal a pris le pas sur la téléphonie fixe et couvre 80 % du territoire. Le service est disponible depuis septembre 2001 pour 5 euros par mois pour les utilisateurs ayant les plus bas revenus. Manobi a déjà enregistré une centaine d’abonnés au Sénégal. Le potentiel est important : le secteur pêche représente environ 200.000 entités. De nouveaux services seront offerts afin de segmenter l’offre avec des abonnements qui pourront aller jusqu’à 50 ou 60 euros par mois. Les services qui seront également disponibles sur ordinateur permettront par la suite d’assurer les transactions, Manobi se rémunérant en percevant un pourcentage. Créée en octobre 2001 par six fondateurs, trois Européens et trois Africains, Manobi (25 emplois) devrait réaliser cette année un chiffre d’affaires de 700.000 euros. La société prépare une prochaine levée de capitaux car Daniel Annerose a une ambition panafricaine.
©Les Echos n°18648 du 05/2002