Second volet de cette galerie non exhaustive de mini-portraits des ces femmes et hommes qui œuvrent à bâtir une Afrique innovante.
Le monde des nouvelles technologies en Afrique est riche de ses pionniers, de ses entrepreneurs, de ses cyberactivistes et de ses penseurs qui guident et influencent l’innovation en Afrique. Ces leaders tech sont pour la plupart animés par le rêve un peu fou de transformer le continent avec des outils digitaux pensés pour l’Afrique. Là où des technologies occidentales connaissent parfois leurs limites en Afrique, ils innovent et adaptent un savoir faire, souvent acquis aux États-Unis, aux réalités concrètes du continent. Satisfaire les besoins des Africains et contribuer au développement avec les technologies pourrait bien révolutionner l’Afrique et créer des opportunités entrepreneuriales sans précédent. Galerie de mini-portraits de ces leaders tech qui bâtissent e-Africa.
Chris Uwaje, le parrain Nigerian de la cybersécurité
Toujours smart avec son noeud papillon ou sa cravate et son costume bien taillé, Chris Uwaje est un personnage central et influent de la scène technologique africaine. Considéré comme le gourou de l’innovation au Nigeria, ça fait trois décennies que cet ingénieur informatique évolue dans le milieu des nouvelles technologies. Trente ans qu’il essaie de convaincre et d’évangéliser le Nigeria, pays géant d’Afrique, aux bienfaits des tech. Ce pionnier dirige l’entreprise Connect Technologies, et préside l’Institut des développeurs de logiciel du Nigeria (ISPON). Spécialiste de l’utilisation des tech appliquée à la gouvernance, il est également l’un des premiers à avoir compris les enjeux de la cybersécurité en Afrique de l’ouest. Il donne des conférences un peu partout dans le monde et sensibilise à la nécessité pour les Etats africains d’exister sur les territoires digitaux mais ausis d’être capable de s’y défendre et de contre-attaquer. Entrepreneurs et militant de la cause technologique, il est certain que la création de logiciel et le développement d’un écosytème de codeurs africains pourra contribuer au développement économique de l’Afrique. « Les banquiers ont des banques, les professeurs ont des écoles...Mais les développeurs de logiciels n’ont pas de lieu consacré à leur profession », aime-t-il à dire en martelant que le développement de logiciel pourra générer des millions d’emplois au Nigeria.
Ory Okolloh, la diplomate Google
Cette activiste est devenue la numéro 1 de Google en Afrique où elle est en charge de gérer la stratégie de l’entreprise californienne sur le continent. Cette kényane diplômée d’Harvard qui a co-fondé la start-up Ushahidi occupe désormais un poste de « diplomate privée » qui doit trouver le juste milieu entre le développement de l’Afrique grâce aux tech et les intérêts de Google sur le continent. Elle incarne cette excellence africaine formée aux Etats-Unis pour mieux rentrer sur le continent où elle a combattu avec les nouvelles technologies la pauvreté, la corruption, la mauvaise gouvernance... Avec ses discours et ses actions guidées par des valeurs humanistes, elle est devenue un modèle d’inspiration pour les geeks d’Afrique. Elle a choisi de rejoindre le géant californien où elle est notamment en charge de convertir les décideurs africains aux bienfaits des tech au service des populations. Elle traite directement avec les chefs d’Etat et est devenue l’une des femmes africaines les plus influentes du monde.
Slim Amamou, un cyberactiviste de Tunis à Yale
le cyberactiviste « Slim4 » ou « Slim404 », Slim Amamou pour l’Etat civil tunisien, cet informaticien est l’un des héros numérique de la première révolution arabe. Celui qui continue de rouler en 4L à Tunis est une figure de proue du mouvement de cyberactivistes tunisiens talentueux qui ont contribué très activement au démâtage de Ben Ali en janvier 2011. Pendant cette révolution tunisienne, il fera un passage par la case prison. Dans les geôles de Ben Ali, les internautes pouvaient le suivre après qu’il ait activé la géolocalisation sur son smartphone. Plus proche des Anonymous, ces hackers libertaires qui défendent mordicus la liberté d’expression et qui ont appuyé les révolutions arabes, Slim4 s’est impliqué dans la mécanique du nouveau gouvernement de transition tunisien en devenant secrétaire d’Etat à la jeunesse. Et il va tweeter en direct le premier conseil des ministres. Depuis sa démission du gouvernement en mai 2011 il continue de militer sur les territoires numériques. Il vient d’être accepté par la prestigieuse université américaine Yale, où il a déjà donné des conférences. Cette fois, il y intègre le très sélectif programme « World Fellows » qui accueille depuis dix ans l’élite 2.0 internationale. De Tunis à New Haven sur la côte est américaine, Amamou l’ancien ministre, cyberactiviste de toujours continue sa route sur les territoires digitaux.
Juliana Rotich, la blogueuse militante
Cette blogueuse kenyane de la première heure est devenue en quelques années la personnalité phare des nouvelles technologies en Afrique. Son blog Afromusing (en anglais) est une référence de l’actualité tech africaine mais traite également d’énergies renouvelables, de tendances et de sujets légers. A 33 ans, cette visionnaire imbibée d’innovations et de la volonté de développer l’Afrique est également une ambassadrice de l’organisation californienne TED. Elle encgaine les conférences à travers le monde pour sensibiliser, informer et diffuser un continent noir innovant. Pour elle, « les jeunes sont la clé du succès de la révolution technologique en cours en Afrique » et elle milite ardemment pour supporter, encourager et contribuer au mouvement tech africain. Depuis cette année, elle remplace Ory Okolloh à la tête de la start-up Ushahidi qu’elle a co-fondée. Cette militante est aussi une pragmatique pour qui les technologies doivent transformer positivement l’Afrique tout en générant des richesses et une économie viable.
Wael Ghonim, le cadre devenu révolutionnaire
Les médias ont fait de lui le visage de la révolution égyptienne. Lui, refuse cette image et se voit comme un cyberactiviste, citoyen égyptien parmi des milliers d’autres manifestants qui ont manifesté sur la désormais mythique place Tahrir. Ancien cadre chez Google pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, il a quitté son job bien payé pour se consacrer à la révolution. Emprisonné, libéré, interviewé, ses larmes ont fait le tour du monde. Après la chute de Hosni Moubarak le 11 février 2011, Ghonim continue son combat pour une Egypte libre et démocratique. Il a demandé à réintégrer Google pour finalement annoncer vouloir se consacrer à la transition en Egypte lors de son séjour dans la Silicon Valley en avril dernier après avoir été élu homme de l’année par le magazine américain Time. Saturé par la presse, Ghonim, allergique aux caméras, est désormais en retrait du cirque médiatique et s’attelle à la lourde tâche de (re)construire un futur prospère pour l’Egypte avec les nouvelles technologies comme arme de développement et de transparence démocratique au service de la liberté.
Joan Tilouine
(Source : Africa Tech, 20 août 2011)