Les africains communiquent plus que les européens avec 55% d’utilisateurs de téléphones portables dans le continent. C’est le constat fait par le Pr Abdoulaye Diagne, ce mercredi 29 juin à Dakar, à l’occasion du séminaire de restitution des résultats du programme de recherche sur « Technologie de l’information et de la communication (Tic), croissance économique et pauvreté ».
Cette rencontre financée par le Centre de recherche pour le développement international (Crdi) et organisée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), entre dans le cadre du projet de recherche sur les technologies de l’information et de la communication. Autrement dit, les chercheurs cherchent à comprendre la contribution des Tic dans l’amélioration durable du bien être des populations sénégalaises.
Selon le Pr Abdoulaye Diagne, « 55% des africains ont une couverture de réseau de téléphonie mobile. Et pourtant il y a encore des défis à relever car jusqu’à présent, les métiers qui peuvent être exploités sur l’Internet sont encore très peu exercés en Afrique. » A son avis, avec les (Tic), il s’agit de faire face aux contraintes afin qu’on soit au même niveau que les autres pays du monde. Et de préciser que « d’après les nombreuses enquêtes menées à l’échelle du pays, on a pu collecter une masse importante d’informations sur les tic. Ce qui nous a permis de soulever plusieurs questions à savoir : est ce que les Tic permettent d’améliorer les conditions de vie des populations, ou encore d’échapper à la pauvreté, de contribuer au développement des entreprises ? Quels sont les impacts sociaux des Tic et ont-ils modifié les rapports de genre ?... D’ou l’importance de ce séminaire susceptible d’identifier les recherches sur les programmes à venir ».
Dans le même sens, Abdou Aziz Diéye du Cres a estimé que « la communication est plus importante que manger aux yeux des africains. » Pour être plus explicite, il soutient qu’en Afrique, aujourd’hui, « il y a plus de porteurs de portables qu’en Europe et environ 400 millions de personnes l’utilisent. » Ce qui veut dire selon lui que « les choix d’économies peuvent remettre en cause certaines visions du monde qui consistent à dire qu’il faut d’abord manger. » Mais, ajoute-t-il, « les Africains ont montré que la communication était aussi importante que manger, peut-être parce que pour eux, si on ne communique pas on ne peut pas manger », a-t-il dit.
Pour sa part, la représentante de la directrice du Crdi, Mme Ramatou Thioune, « ce projet a pour rôle d’appuyer la recherche pour le développement pour qu’en réalité les nouvelles technologies qui ont un potentiel transformateur de structure économique et même social, puissent permettre aux Etats et en particulier le Sénégal, de pouvoir comprendre les études qui permettent d’élaborer des politiques adéquates afin que les effets transformateurs positifs attendus des nouvelles technologies soient une réalité ».
Et d’ajouter que « il faut qu’aussi les chercheurs suggèrent des moyens, des approches qui permettent à moindre coût d’identifier la politique la plus adéquate afin d’impliquer ces effets transformateurs des Tic, mais aussi des structures de l’Etat et la population en général »
Sur la question de la pauvreté, Abdou Aziz Diéye du Cres pense, lui, qu’avant de s’occuper du développement, il faut d’abord régler le problème de la pauvreté qui est, selon lui, une problématique non pas sociale mais de développement politique. A l’en croire, « puisse que ventre vide n’a pas de poids, il faut faire en sorte que les éléments qui constituent les freins à la lutte contre la pauvreté soient attaqués. Et pour cela, il s’agit de combattre la pauvreté sur tous ses aspects et surtout en utilisant l’angle économique qui est le plus important parmi eux ». Il a ainsi indiqué que l’économie n’a de sens que si les produits sont accessibles aux consommateurs, alors, a t-il poursuivi, « l’instrument le plus important c’est la communication.
Donc les Tic peuvent participer à l’accès des produits. Il y a même un projet qui est en cours constituant à permettre aux gens qui produisent de connaître le prix auquel leurs produits sont vendus au Sénégal. Etant donné que la pauvreté est un manque de capacités, alors ceci c’est un renforcement de capacités », a t-il conclu.
Fatima Aicha Bocoum
(Source : Sud Quotidien, 30 juin 2011)