Pour se développer en Afrique, Orange chercherait-elle à démanteler et à faire de l’ombre à l’une de ses propres filiales ? Les salariés de la Sonatel, opérateur public de télécommunications du Sénégal, sont en conflit ouvert depuis plusieurs mois avec le groupe français, leur actionnaire principal. En cause, un projet d’externalisation qui pourrait fragiliser la Sonatel et affecter l’emploi. Orange fait de plus en plus directement concurrence à sa propre filiale en Afrique de l’ouest, au lieu de l’aider à s’étendre dans les pays voisins comme elle s’y était engagée. (Voir les explications de Mediapart).
Selon les syndicats, Orange bloque désormais le développement à l’international de la Sonatel (déjà présente en Guinée et au Mali), alors qu’elle s’était engagée à le favoriser. Le continent africain apparaît en effet comme de plus en plus stratégique pour le groupe français, qui cherche maintenant à s’y implanter directement, sans passer par le Sénégal.
S’y ajoutent des contentieux fiscaux dont l’Observatoire des multinationales faisait état il y a quelques semaines.
Autre illustration du « colonialisme » dénoncé par les syndicats et d’autres Sénégalais : les grandes décisions ne sont pas prises par la direction sénégalaise de la Sonatel, mais par le conseil d’administration, dominé par des Français. Y siège notamment Thierry Breton, ancien ministre des Finances, ancien PDG de France Télécom et actuel dirigeant de la firme de services informatiques Atos. « À propos de ce dernier, les ingénieurs du service informatique de la Sonatel s’interrogent : « Ils ne comprennent pas : tous les projets de développement informatique sont confiés à Atos ! », rapporte un syndicaliste. »
Au fond, Orange semble chercher à faire de la Sonatel un élément parmi d’autres de sa présence en Afrique, étroitement intégré au reste du groupe et dirigé depuis la France, alors que pour les Sénégalais, la Sonatel est encore avant tout leur opérateur public de télécommunications et un potentiel « champion national ».
OP
(Source : Observatoire des multinationales, 27 avril 2016)