Plus besoin de jeter des regards furtifs sur sa montre pour vérifier le temps d’utilisation de l’Internet, on est connecté en permanence. Avec la technologie Adsl (Ligne asymétrique numérique) que la Sonatel a lancée le 3 mars dernier, l’excès de vitesse sur la toile est désormais autorisé. Ce coup de fouet pour les Ntic au Sénégal, est, semble-t-il aussi intéressant pour son débit que pour son prix.
Samedi 13 octobre 2001. Youssou Ndour ’vocifère’ dans la prestigieuse salle de Bercy à Paris, devant quelques 17 000 spectateurs qui s’étaient retrouvés dans ce temple de la musique. Au même moment ou presque, les dakarois assistaient au premier concert en direct retransmis sur écran géant et sur Internet. Il a fallu arrêter ce direct avant minuit, mais pour la Sonatel, en partenariat avec Wanadoo-France, le pari était gagné de donner ainsi, une idée du haut débit généré par les modems Adsl. C’était le premier test ’grandeur nature’ de la technologie Adsl de connection à l’Internet (Asymetrical Digital Subscriber Line) -Ligne asymétrique numérique- dont le lancement par la Sonatel, a eu lieu le lundi 3 mars dernier. Comme le beaujolais nouveau, le haut débit est arrivé. Non pas que cette technologie n’existait pas au Sénégal, mais bien parce que les accès Internet à haut débit sont, jusqu’ici, essentiellement possédés par quelques entreprises et organisations internationales.
Haut débit, parce que la rapidité de l’accès n’aurait rien à voir avec ce qui se fait actuellement. Si avec un modem ordinaire, le débit maximum ne dépasse pas 56 Kbps (56.000 bits par seconde), et qu’avec les modems Rnis le maximum monte à 64 Kbps, avec les modems Adsl, on arrive à des taux de 256 Kbps, 512 Kbps et même plus, pour un système qui se branche sur une simple prise téléphonique analogique, qu’il transforme en support numérique, tout en permettant, en même temps, les conversations téléphoniques. Cela, parce qu’un filtre placé à l’arrivée de la ligne téléphonique classique, permet de séparer la téléphonie classique des flux de données.
À 8 500 mètres sous les eaux
Pour en arriver là, une extension du réseau était bien sûr nécessaire. Les premiers systèmes de télécommunications par câbles sous-marins étaient analogiques, avec des capacités ne dépassant pas 2580 communications téléphoniques simultanées. Pour obtenir de plus grandes capacités et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives au développement des services de télécommunications, l’idée d’adapter la fibre optique à la transmission sous-marine a giclé, ouvrant l’ère des systèmes numériques pour accompagner les services à large bande en général, et Internet en particulier. Le premier système optique atterrissant à Dakar et dénommé Atlantis 2, qui a par ailleurs permis au Sénégal de disposer d’une liaison directe de 45 Mbps (mégabits par seconde) avec la France, pour un coût de 244 milliards de Fcfa, a été mis en service en février 2000 entre le Sénégal, le Portugal, l’Espagne, le Cap-vert, le Brésil et l’Argentine. En termes de capacité, il générait 20 Gbps (Gigabits par seconde), soit l’équivalent de 240.000 communications téléphoniques simultanées.
Rien à voir cependant avec le câble de fibres optiques baptisé SAT-3/WASC, enfoui à près de 8.500 mètres de profondeur, d’une capacité maximale de 120 Gbps, et qui passe désormais par Dakar.
Mise en service le 18 avril 2002 et inauguré le 27 mai de la même année à Dakar, cette liaison sous-marine est tirée depuis le Portugal par la société Alcatel Submarine Networks, maître d’œuvre des travaux, et a atteint l’Afrique du Sud, après avoir connecté neuf pays africains. L’opération a coûté 600 millions de dollars (500 milliards de Fcfa), financés par une quarantaine d’opérateurs des pays concernés dont le Gabon, le Bénin, le Nigéria, la Côte d’ivoire, le Cameroun, l’Angola, l’Ile de la Réunion et l’Afrique du Sud, avec à leur tête, Telcom en Afrique du Sud et la Sonatel au Sénégal.
C’est grâce à ces systèmes, support idéal pour les autoroutes de l’information, ou inforoutes, que le service Adsl peut être offert au Sénégal où, depuis le 7 juin 2002, la bande passante internationale qui connecte le pays à l’Internet est passée de 42 à 53 Mbps, puis à 90 Mbps actuellement, « avec une disponibilité du service et des secours automatiques et une redondance des chemins d’accès », selon les responsables de la Sonatel.
Il est indéniable que depuis très longtemps, la Sonatel, en tant que promoteur et membre des comités techniques et financiers, s’est engagée dans la mise en place des systèmes de télécommunications par câbles sous-marins à fibre optique sous-régionaux et continentaux. Le Sénégal devient ainsi le quatrième pays du continent africain à déployer l’Adsl, après l’Afrique du Sud, le Nigéria et la Tunisie, et une station importante des trafics futurs.
Malick NDAW
(Source : Sud Quotidien 7 mars 2003