Ah, ces fantastiques réseaux sociaux qui occupent nos journées. On a beau se plaindre de perdre notre temps, les yeux rivés sur notre écran comme si à chaque seconde un événement de la plus haute importance allait se produire, on y retourne chaque jour, irrémédiablement, comme si c’était la première fois.
Dans un monde de plus en plus individualiste, Twitter, Facebook, YouTube, LinkedIn ou les blogs, pour ne nommer que ceux-là, permettent de rapprocher les gens. Les réseaux sociaux sont rapidement devenus un outil de promotion pour les entreprises commerciales et les fournisseurs de service. Les professionnels y trouvent leur compte... Mais, certains utilisateurs se dévoilent tellement qu’ils se retrouvent presque exhibés sur la Toile. En y pensant bien, avons-nous vraiment besoin de 500 ou 5.000 amis virtuels ? Car l’amitié, c’est bien plus qu’un visage sur un ordinateur.
Les réseaux sociaux sont aussi des vecteurs de changement, de mobilisation. C’est en communiquant via ces derniers que les acteurs du printemps arabe ont renversé trois gouvernements en 2011 (Tunisie, Égypte, Libye). C’est en communiquant à travers ces réseaux sociaux que Erdogan a récemment sauvé son pouvoir, au bord du chaos, alors victime d’une tentative de coup de force. C’est également via les réseaux sociaux que les entreprises de presse et les organes de communication informent « à chaud » des derniers développements de l’actualité. Outils de rapprochement, ces mêmes réseaux sociaux permettent de retrouver des relations perdues, d’anciens partenaires amoureux, des copains de classe jadis appréciés, voire des parents éloignés. Ils demeurent des outils efficaces pour obtenir des nouvelles des proches situés à des centaines voire milliers de kilomètres.
Certains y ont même appris des naissances et des décès survenus dans leur propre famille. Outils de partage, les réseaux sociaux permettent, entre autres, la diffusion d’images qui peuvent changer le monde ou entraîner des interventions dans certains points du globe. Les petites vidéos des représailles face à des manifestants sont de beaux exemples de leur efficacité. Ces mêmes réseaux sociaux contribuent également, pour plusieurs, à renforcer leur ego. Ils y étalent leurs bons coups, leurs succès, y minimisent leurs échecs. Bref, les adeptes peuvent s’y montrer sous un jour avantageux, voire narcissique, en plus de bonifier le sentiment d’appartenance à un groupe défini. Les jeunes d’aujourd’hui ont grandi avec internet au bout du doigt. Utiliser les médias sociaux représente en effet l’une des activités les plus courantes chez les jeunes. Mais cela aura-il un impact sur les adultes de demain ? Sauront-ils être aussi sociables que les générations précédentes ?
Oumar Ba
(Source : Le Soleil, 23 septembre 2016)