Les sites internet prolifèrent au Sénégal. Ils sont plus de 300. Mais, la majorité d’entre eux transgressent les règles de bonne conduite qu’un site d’information doit respecter. Ce qui a poussé le président de la République à faire une sortie pour demander qu’on remette de l’ordre sur le fonctionnement de ces sites qui ne respectent aucune règle d’éthique ou de déontologie. Le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité de réguler les sites.
Un avis partagé par Ibrahima Lissa Faye, président de l’Appel. « Je partage parfaitement les inquiétudes du président de la République. Je pense que depuis longtemps, j’attire l’attention de l’opinion et des autorités sur la nécessité de réglementer le secteur de la presse en ligne sinon les conséquences risquent d’être« désastreuses », a déclaré Ibrahima Lissa Faye, joint au téléphone.
Cependant, il demande aux autorités de passer aux actions et de ne pas se limiter aux paroles. « Il ne faut pas simplement que le président de la République se limite aux paroles. Tout le nécessaire a été fait dans les textes. Il faut que les textes soient validés et appliqués au niveau le plus élevé. Mais, si ce n’est pas fait, ce n’est pas la peine » a indiqué le président de l’Appel. Avant d’ajouter : « Aujourd’hui, il est en train de défoncer une porte ouverte parce que le nécessaire a été fait dans le code de la presse. Lequel code est voté, promulgué et publié. Donc, le président de la république n’a qu’à demander aux ministères et aux organes chargés de faire appliquer le code de passer à l’acte. C’est aussi simple que cela. Pourquoi au Sénégal on n’arrive pas à fermer les sites qui font dans le fake new et dans le buzz ».
Le CNRA peut fermer un site
Pourtant le CNRA a les prérogatives de fermer tout site qui enfreint les règles d’éthique et de déontologie qui régissent l’exercice du métier de journalisme. C’est ce qu’a fait savoir, Matar Sall, directeur de cabinet du président du CNRA, joint au téléphone. « Ces sites, s’il y a eu des violations de la réglementation, pourraient être confrontés aux sanctions prévues par la réglementation et les sanctions sont les mêmes. C’est-à-dire l’organe de régulation peut aller jusqu’à interdire à un site de continuer à être exploité sur le territoire national y compris donc les autres sanctions pécuniaires et autres », indique-t-il.
Mangoné Ka est le rédacteur en chef du site d’information « Senego ». A l’instar du président de l’Appel, il marque son adhésion aux propositions du président de la République. Lesquelles participent à l’assainissement de la presse. Ne faisant pas dans le corporatisme, il avoue qu’il y a des sites qui font « n’importe quoi ». Et, ajoute-t-il, de telles dérives doivent être interdites. Toutefois, il attire l’attention des autorités en leur rappelant qu’il y a des sites responsables qui ont des journalistes professionnels et aguerris qui font convenablement leur travail. « Ce sont des sites qui recrutent des journalistes sortis dans les écoles de formation. Ils ont une rédaction digne de ce nom et traitent l’information de manière responsable. Ces sites doivent être soutenus », plaide-t-il.
Président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, Babacar Diagne relève, pour le regretter, que les sénégalais dans leur majorité constatent les inquiétudes relatives au fonctionnement de certaines inquiétudes. A l’en croire, les éditeurs en ligne doivent être autorisés par le ministère de la Culture et de la Communication. « Ceux qui seront enregistrés seront suivis et ceux qui ne seront pas enregistrés, s’il y a déviation, on va les poursuivre et les combattre avec les moyens de police. Nous allons travailler de concert avec la cybercriminalité et ce sont des actions qui porteront leurs fruits », avertit M. Diagne.
Aliou Diouf
(Source : eMédia, 24 décembre 2020)