Economiste de formation, Administrateur général de Gainde 2000, grand passionné de commerce électronique et de dématérialisation, Ibrahima Nour Eddine Diagne nous avait déjà habitué à ces belles et profondes réflexions sur la marche des sociétés à l’heure du numérique. Aujourd’hui, cet intellectuel de renom “récidive” avec une nouvelle contribution pour poursuivre la série. Bonne lecture.
Les évolutions technologiques favorisent souvent l’émergence de nouvelles entreprises et le déclin de précédentes. Le marché, qui est de moins en moins un espace sous le contrôle et la régulation d’un acteur unique, est aussi de moins en moins le refuge d’un consommateur prévisible et fidèle. Aujourd’hui, il y a des tendances lourdes qui mèneront, à très court terme, vers une reconfiguration de la marche économique du monde :
1. L’effet Green
S’il y a des divergences sur le niveau de gravité et l’effectivité du dérèglement climatique, il est cependant observable que depuis plus de 20 ans, l’industrie est dans une course technologique pour être en mesure de faire sortir des lignes de production, des biens quasi irréprochables sur le plan “Green”. De l’alimentaire à l’automobile, en passant par des services comme l’hôtellerie où les finances , le Green redéfinit les règles du jeu et le consommateur intègre désormais dans sa rationalité cette nouvelle dimension, étant souvent prêt à payer plus pour obtenir moins.
2. L’effet données
Les données nous gouvernent. S’il fallait, avant l’ ère des données des efforts incommensurables pour deviner des comportements et les caractériser, il suffit aujourd’hui d’avoir juste de bons algorithmes et de brillants analystes pour comprendre le présent et prévoir ou influencer le futur. La maîtrise de ces données, déterminantes pour les entreprises, est un enjeu très stratégique mobilisant gouvernement, lobbyistes, espions, entreprises, régulateurs, armées, ….en fait tout le monde sauf le consommateur, trop occupé à muscler son pouce devant un petit écran qu’il ne lâche plus.
3. L’effet compétence
Les génies se distinguaient par leurs études qui leur conféraient une présomption d’infaillibilité intellectuelle les dispensant ainsi de devoir argumenter pour convaincre. Du règne du savoir, nous passons au règne de la compétence. Celui qui comprend les problèmes ne séduit plus. C’est celui qui les résout qui est désormais la star. Je dis bien star parce que comme pour le sport, il faut désormais le talent et la manière pour émerger de la brumeuse des esprits simplifiés.
Voilà mon pari pour ce qui se dessine. De quoi faut-il être armé pour s’en sortir ?
Pour un individu : apprendre toujours et s’adapter en permanence.
Pour une entreprise : inventer toujours un futur différent de celui que la logique prévoit et s’outiller pour le mettre en œuvre dès que des signaux clignotent.
Pour un Etat : Une gestion stratégique avec de la prospective toujours, des compétences partout et surtout un désarmement bureaucratique…. à la faveur du digital.
Ibrahima Nour Eddine Diagne
(Source : Le Tech Observateur, 16 septembre 2022)