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La fracture numérique

mardi 23 décembre 2014

La fracture numérique désigne les distorsions très souvent observées au niveau de l’accès aux technologies et services numériques au sein d’un territoire. Il s’agit communément des inégalités constatées dans la distribution spatiale des moyens mis à la disposition des populations pour leur permettre d’accéder aux outils et ressources technologiques. Ces inégalités sont fortement marquées entre les pays développés du Nord et ceux du Sud dits en voie de développement. Elles englobent aussi le clivage fort remarqué entre les producteurs de contenus ou infos-producteurs essentiellement issus du Nord et les simples consommateurs ou infos-consommateurs du Sud.

Dans la dernière décennie, le secteur des télécommunications a connu en Afrique un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 35% et un taux de pénétration de l’internet de 40%. Ces chiffres cachent mal l’importante fracture numérique qu’on y constate. En effet, selon l’UIT il y a 2,7 milliards […The World in 2013 : ICT Facts and Figures, ] de personnes - soit 39% de la population mondiale - qui fréquenteront Internet à la fin de cette année mais que dans les pays en développement leur nombre ne dépassait guère 31% de leur population et que dans les pays moins développés ce chiffre tombait autour de 6%. En 2011, L’Afrique ne comptait que 140 millions d’internautes, soit un taux de pénétration d’Internet de 13,5%.

Cela a amené le Secrétaire général de l’ONU, Monsieur Ban Ki-moon, à l’occasion de la Journée Mondiale des Télécommunications et de la Société de l’Information du le 17 mai 2012, à souligner la nécessité d’améliorer l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour soutenir le développement durable et réduire le gap numérique.

La fracture numérique est un concept nouveau apparu avec l’avènement d’Internet et de ses technologies qui constituent une véritable révolution technologique dans le domaine de l’information et de la communication (TIC) et qui touchent tous les secteurs de la société et de l’économie. Il (le concept) est utilisé pour traduire le creuset qui sépare d’une part ceux qui ont la chance de bénéficier de l’accès aux contenus et services numériques informationnels (les infos-riches ou info-privilégiés) et d’autres part ceux qui sont laissés en rade et qui ne peuvent y accéder pour des raisons à la fois d’ordre géographique, économique, sociologiques et de formation (les infos-pauvres ou info-défavorisés).

C’est ce fossé numérique ainsi creusé qui est communément appelé fracture numérique. Il a introduit une nouvelle division sociale en accentuant l’inégalité d’accès aux bénéfices du numérique entre les groupes sociaux, entre les riches et les pauvres. Sur cette base, la fracture numérique ne se limite pas seulement aux moyens (matériels, infrastructurels, financiers, de formation) d’accès à l’Internet, mais elle s’élargit à l’ensemble des technologies de l’information et de la communication : l’ordinateur, la télévision numérique interactive, les produits multimédia, les télécommunications mobiles, la photo et la vidéo numériques, les arts numériques, les services publics, associatifs et commerciaux en ligne. Ainsi, il apparait que la fracture numérique adresse l’accentuation du fossé dit numérique qui met en exergue la forte discrimination qui ne cesse de croître entre les « info-privilégiés » et les « infos défavorisés ». A l’échelle mondiale, il est avéré que plus de 75% des utilisateurs de l’Internet sont concentrés dans la partie du monde qui compte moins de 15% des habitants de la planète (source UIT). Autrement dit, plus de 80% des êtres humains n’ont pas accès, par des moyens modernes, aux informations, aux connaissances et aux savoirs accumulés par l’humanité. En effet, le développement fulgurant des technologies numériques booste continuellement la croissance des économies modernes et a fini de les installer comme levier de croissance incontournable pour ne pas dire indispensable. Leur absence et/ou faiblesse d’appropriation constitue, à n’en pas douter également, une source d’exclusion que la théorie économique qualifie de fracture numérique (Montagnier, Muller, Vickery, 2002). Cette fracture numérique peut être interne à un pays (entre ses différentes régions), comme elle peut être externe (entre des pays d’une même région), telle que celle qui oppose les pays du Nord à ceux du Sud. Dans les deux cas, elle est multidimensionnelle puisqu’elle peut être infrastructurelle (répartition géographique non équitable), financière (non accessibilité des coûts des équipements et de la communication), sociologique (dimension genre non prise en compte, taux d’analphabétisme élevé, illettrisme, manque de formation, etc.).

Illettrisme

Il désigne l’état d’une personne ne sachant ni lire ni écrire. Il constitue un facteur d’exclusion d’une frange très importante de nos populations du sud à l’accès aux ressources numériques. Aujourd’hui c’est plus de 860 millions d’hommes et de femmes à travers le monde qui sont confrontés à l’incapacité de lire et d’écrire, ce qui les privent des plus simples compétences de base et constitue pour eux un obstacle majeur à l’accès aux technologies et ressources numériques.

Proposition 1  : « Inscrire dans une résolution des dispositions incitant les Etas à initier des programmes d’utilisation des TICs pour combattre et éradiquer l’illettrisme. Il s’agira de développer des contenus d’apprentissage numériques permettant aux populations cibles de se capaciter en auto-alphabétisation »

Inaccessibilité financière

Le fossé ou fracture numérique est rarement appréhendé sous l’angle de l’accessibilité financière des populations aux outils et contenus numériques or cela constitue une importante cause de disparité pour les couches sociales à faible revenu. Quelle serait la pertinence d’une résolution de l’accessibilité géographique par la réalisation d’un aménagement numérique conséquent et la disponibilité généralisée du haut débit, si les populations n’ont pas les moyens financiers qui leur permettent d’exploiter ces ressources et de bénéficier ainsi des services fournis ?

Le principe de solidarité numérique a certes été consacré dans l’article 61 de la Déclaration de principes de Genève qui invite « toutes les parties prenantes à adhérer au Pacte de solidarité numérique » énoncé dans le Plan d’action de Genève.

Inauguré en avril 2005 à Genève, la création d’un Fonds de solidarité numérique a été accueillie favorablement lors du Sommet mondial sur la société de l’information (Genève 2003-Tunis 2005) et du Sommet du Millénaire qui s’est tenu à New York en septembre 2005.

Il urge aujourd’hui de dépasser les déclarations d’intentions et de passer aux actes en mettant en œuvre de manière effective des mécanismes de financement volontaire des projets numériques.

Proposition 2 : « Inscrire dans une résolution les dispositions élargissant les composantes du paquet de services universels de base à l’accès aux services Internet et fixant une norme qui serait un pourcentage du budget national des Etats à consacrer exclusivement au financement de l’accès à ces services ».

Fracture genre

La résolution 70 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) adoptée en 2010 à Guadalajara (Mexique) préconise l’égalité homme-femme et l’autonomisation de la gent féminine grâce aux TiCs. A ce titre M. Hamadoun Touré, Secrétaire général de l’UIT déclare : « Au cours de la prochaine décennie, le nombre d’emplois dans le secteur des TIC devrait dépasser de deux millions celui des professionnels à même de les pourvoir. C’est une chance extraordinaire pour les jeunes filles et les jeunes femmes dans un monde où l’on compte plus de 70 millions de jeunes au chômage. » Il ajoute : "Les TIC contribuent à améliorer la vie de tous les habitants de la planète en leur donnant accès à de meilleurs soins de santé, une meilleure éducation, une meilleure gestion de l’environnement, de meilleures communications et une meilleure gouvernance."

Dans ce contexte, persister à perpétuer les pratiques et stratégies anciennes de développement de l’économie numérique, équivaudrait à passer à coté de l’enjeu réel et se condamner à répéter/consolider des visions, des processus et des approches obsolètes qui n’ont pas fait leur preuve en termes d’efficacité, d’inclusion de toutes les franges de la population et de changement social et qui oblitèrent le potentiel de changement de la société de l’information. Il urge d’intégrer la dimension genre qui favoriserait une discrimination positive tendant à réserver à la gent féminine une place de choix dans les stratégies et politiques nouvelles en termes d’usage des TICs.

Proposition 3  : Renforcer les initiatives inscrites dans la résolution 70 de Guadalajara et multiplier les programmes visant à inciter les filles à d’avantage investir les filières scientifiques liées aux TICs (concours nationaux et internationaux dotés de prix, programmes spéciaux réservées aux filles, etc.) et fixer des seuils à atteindre dans une féminisation des métiers TICs.

Analphabétisme numérique

Une autre cause d’accentuation du fossé numérique est le taux encore très élevé d’hommes et de femmes, certes lettrés, mais qui ne savent pas utiliser l’ordinateurs et les autres outils numériques, bloqués qu’ils sont par une barrière psychologique qu’ils pensent infranchissable. Ce fossé numérique qui « est une inégalité face aux possibilités d’accéder et de contribuer à l’information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC. Ces éléments sont quelques-uns des plus visibles du fossé numérique, qui se traduit en réalité par une combinaison de facteurs socio-économiques plus vastes, en particulier l’insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l’accès, le manque de création locale de contenus et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d’activités à forte intensité d’information. » Elie Michel dans " Le fossé numérique. L’Internet, facteur de nouvelles inégalités ? ", Problèmes politiques et sociaux, La Documentation française, n° 861, août 2001, p. 32.

Mor Ndiaye Mbaye

(Source : Leral, 22 décembre 2014)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

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- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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