L’Office national contre la fraude et la corruption (Ofnac) et la Direction générale des impôts et domaines (Dgid) se donnent la main, pour lutter contre la corruption et la fraude dans la fiscalité.
Deux sorties médiatiques en moins de deux semaines. Seynabou Ndiaye Diakhaté, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), opère des efforts dans sa communication. Hier, en compagnie du ministère des Finances et du Budget, une évaluation des vulnérabilités à la fraude et à la corruption a été organisée. Un atelier sur la gouvernance du secteur de la fiscalité qui permet à l’Etat du Sénégal d’identifier et d’assécher les niches de corruption dans le domaine fiscal de façon efficace. La stratégie nationale de lutte contre la corruption, validée le 25 juin 2019, est désormais opérationnelle. Toutes les modalités ne sont pas encore connues, mais pour y arriver, le coordonnateur de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid), Dama Fall, a annoncé que l’une des solutions sera numérique. Elle permettra de supprimer les chainons de transmission qui exposaient usagers et agents à la corruption.
‘‘On est là pour identifier et prévenir les risques. Quand on parle de corrompu, il y a forcément corrupteur (...) L’Administration fiscale s’est engagée dans une procédure de digitalisation. Ce qui veut dire qu’on va éviter, de plus en plus, les contacts entre usagers et agents des impôts. Tout se fera de manière automatisée. Cela participe de la lutte contre la corruption’’, a-t-il annoncé, forçant l’acquiescement satisfait de la présidente de l’Ofnac. Une digitalisation qui, en dehors d’éviter la corruption, est un gain de temps pour les consommateurs. L’inspecteur des impôts et domaines et chef du bureau de la Qualité, Alain Paul Sène, confirme son collègue, en détaillant les mécanismes et dispositifs adoptés par la Dgid et le ministère des Finances pour le paiement des impôts en ligne.
‘‘Aujourd’hui, les grandes entreprises sont obligatoirement soumises à utiliser les télé-procédures. Cela signifie que ces personnes n’ont plus besoin de se déplacer pour venir au niveau de la Dgid, pour s’acquitter de leurs obligations fiscales. Donc, le contact physique, qui peut favoriser la corruption, est endigué’’, renseigne M. Sène. Pour ce dernier, ce combat est salutaire pour les finances publiques, car ‘‘la corruption, quelque part, participe à éroder la confiance du citoyen dans le dispositif institutionnel. Cela étant, le consentement et l’adhésion à l’impôt en sont compromis’’.
Combattre cette perception d’une lourde pression fiscale
Ce qui est sûr est que le gouvernement, à travers ses démembrements, tient à combattre cette perception d’une lourde pression fiscale supportée uniquement par le Sénégalais lambda. Pour l’Etat qui tire essentiellement ses revenus de la fiscalité, il est important de faire adhérer tout le monde. Le budget sénégalais a été rectifié et revu à la baisse de 83 milliards de F Cfa par rapport à la Lfi de 2019. Les complaintes des députés de l’opposition, lors du vote de la Lfr 2019, concernaient principalement une pression fiscale trop lourde sur les usagers et des largesses faites aux grosses fortunes.
Ce qu’a tenté de réfuter Seynabou Ndiaye Diakhaté. ‘‘Les contribuables, qu’ils soient de grandes industries, de petites et moyennes entreprises ou de simples citoyens comme vous et moi, seront d’autant plus aptes à payer l’impôt qu’ils auront suffisamment confiance dans le système organisé autour de la collecte et de son utilisation’’, a avancé la présidente de l’Ofnac.
A travers cet atelier, Mme Diakhaté veut un cadre de réflexion et de partage, en vue de trouver les outils appropriés et les stratégies pertinentes de prévention, face aux potentiels risques de fraude et de corruption. Dans un contexte où notre pays reste encore fortement tributaire des recettes fiscales, il serait suicidaire que la confiance envers le fisc soit minée. ‘‘La fraude et la corruption compromettent l’efficacité de l’Administration fiscale. De surcroît, les conséquences de telles pratiques sont désastreuses. Ainsi, elles affectent les investissements, érodent les performances économiques et menacent l’équité sociale. Cette stratégie, si elle est adoptée en dernière ressort par le gouvernement, définira les orientations majeures et globales de la lutte contre la corruption pour les cinq prochaines années’’, a déclaré la présidente de l’Ofnac Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Ousmane Laye Diop
(Source : L’Enquête, 10 juillet 2019)