Au delà de la réélection du président Macky Sall dés le 1er tour avec 58,27% des voix selon la proclamation provisoire faite le 28 février 2019, le scrutin présidentiel qui a eu lieu le 24 février dernier au Sénégal consacre la victoire de la démocratie contre les fake News. Comme l’a si bien dit Mamoudou Ibra Kane, directeur de I-Radio, le Sénègal est une démocratie sans démocrates. Le peuple a exercé son devoir citoyen dans un calme exemplaire et les élites politiques n’ont pas su souvent s’en montrer dignes.
Très vite accusée de partialité , la presse sénégalaise, régulatrice de l’espace public et des rapports contradictoires entre les acteurs politiques, s’est efforcée jusqu’au bout, à exercer son rôle de contre-pouvoir en relayant les chiffres et les tendances dés la fermeture des bureaux de vote.
Les menaces proférées vis-à-vis de cette presse sont certainement le fruit de fausses informations charriées depuis les réseaux sociaux et parfois par quelques journalistes aux couleurs politiques affichées . Au final, les faits, sacrés dans les rédactions mais aussi dans le déroulement de l’histoire, sont les seuls qui restent.
Si le verdict prononcé par le juge Demba Kanji à la salle 4 du tribunal de Dakar , après un interminable suspens, exprime la volonté populaire du pays réel , il convient de le dire, la bataille des réseaux sociaux, féroce et haineuse, a exprimé les fractures (parfois artificielles ) du pays virtuel.
Rien n’a été épargné en effet pour pousser les sénégalais à la révolte : images tronquées de supposés enfants votant dans les localités supposées acquises au pouvoir, manipulation de Wikipedia pour montrer qu’il y a eu gonflage du fichier électoral et piratage des comptes , le tout saupoudré de menaces à peine voilées de déstabilisation du pays en cas de résultat contraire aux attentes .
Mais au final, c’est bien la démocratie sénégalaise, construite le long des crises et des compromis, qui a eu le dernier mot. La compilation des votes a désigné un vainqueur dans une ambiance (on peut le regretter ) de suspicion et de frustration entretenue par les réseaux sociaux . A l’opposition d’exercer maintenant ses droits de recours et au conseil constitutionnel de confirmer ou d’infirmer ce qui, s’il venait à se confirmer, s’apparenterait à un ras de marée et, surtout, à l’ascension fulgurante d’un certain Ousmane Sonko (15% des votes) arrivé troisième tout juste derrière le dinosaure Idrissa Seck, leader du Rewmi (libéral), lequel, avec 20% , a réalisé son meilleur score en trois tentatives .
(Source : Financial Afrik, 28 février 2019)