La construction d’un « IXP » permettra au Maroc de faire des économies de devises et d’améliorer la qualité de service
lundi 24 septembre 2018
La construction d’un point d’échange Internet « IXP » permettra au Maroc de faire des économies de devises et d’améliorer la qualité de service, tout en réduisant le temps de latence et le prix payé par l’utilisateur final, ont souligné les participants au premier Forum national de l’interconnexion au Maroc (FNIM), organisé récemment à Casablanca.
Les points « IXP » sont des installations techniques, où tous les acteurs de l’Internet sont en interconnexion directe, et constituent des emplacements stratégiques pour l’interconnexion et l’échange de trafic, ont expliqué des spécialistes, nationaux et étrangers, intervenant à cette rencontre initiée sous le thème « L’interconnexion télécom, un levier essentiel pour l’économie digitale » par MTDS et N+ONE Datacenters, respectivement acteur historique du marché du numérique au Maroc et spécialiste de l’infogérance et le cloud computing, rapporte la MAP.
Ces points d’échange permettent notamment d’échanger du trafic national entre homologues au niveau local, de réduire le nombre de sauts de réseaux lors de l’échange de trafic, d’augmenter le nombre d’options de routage disponibles, d’optimiser l’utilisation de la connectivité Internet internationale, d’améliorer la résilience des réseaux, de réduire les coûts de transmission, ont-ils fait observer.
S’exprimant à cette occasion, Karl Stanzick et Amine Kandil, respectivement directeurs généraux de MTDS et N+ONE, ont mis le point sur les enjeux de leur alliance technologique pour doter le Maroc d’un point d’échange Internet « IXP ».
Ainsi M. Stanzick a indiqué que cette rencontre marque l’officialisation du partenariat technologique entre deux acteurs du marché du digital au Maroc, à savoir MTDS et N+ONE Datacenters pour doter le Maroc d’un point d’échange Internet.
Le « IXP » permet de tripler la vitesse d’accès aux sites hébergés au Maroc du fait que la requête passera par le chemin le plus court, a-t-il précisé.
L’objectif de ce Forum, a-t-il poursuivi, est de montrer aux acteurs du marché marocain, à savoir les opérateurs télécoms, l’autorité de régulation et les entreprises des secteurs public et privé, le potentiel des opportunités techniques et commerciales de la plateforme « IXP ».
L« ’IXP » permet, en effet, une économie d’échelle au niveau des coûts du transit international pour les opérateurs télécoms. Il représente, ainsi, une aubaine financière pour les opérateurs télécoms dans la mesure où leurs coûts de transit international payés en devises se verront revus à la baisse d’une manière substantielle vu que le contenu local restera au Maroc grâce à l’interconnexion garantie par l’IXP, a expliqué M. Stanzick.
Pour les entreprises, a-t-il ajouté, au lieu de disposer des trois accès opérateurs pour répondre à la demande de leur clientèle, avec l’IXP, un seul accès réseau facilitera l’optimisation de la connectivité avec leur base client.
Pour sa part, M. Kandil a estimé que le Maroc a intérêt à se doter d’un point « IXP » pour réussir son virage numérique. « Un IXP est un levier, par excellence, d’optimisation et de sécurisation du trafic Internet », a-t-il dit.
Selon M. Kandil, grâce à cette plateforme d’échange, le trafic Internet marocain ne sera plus susceptible d’être intercepté à l’étranger du fait de la réduction du nombre des sauts entre divers points d’accès entre le Maroc et l’Europe, et le contenu local restera au Maroc grâce à l’interconnexion garantie par l« ’IXP ».
La société de services du numérique MTDS avait annoncé, il y a quelques mois, la mise en place de la plateforme technique pour le déploiement du premier point d’échange Internet (IXP) marocain. Baptisée « Marix » (Maroc Internet Exchange Point), cette infrastructure technologique et physique permettra d’échanger le trafic local des trois opérateurs télécoms (Maroc Telecom, Inwi et Orange) sans passer par le transit international.
Selon les estimations des professionnels du secteur télécom au Maroc, le manque à gagner de l’absence d’un « IXP marocain » est de l’ordre de 400.000 euros. Quant au transit Internet annuel, il coûte aux trois opérateurs plus de 10 millions d’euros par an.
Les derniers chiffres de l’observatoire de l’autorité de régulation télécom au Maroc ANRT, indiquent que le taux de pénétration d’Internet a dépassé le seuil de 50% depuis le dernier trimestre de 2016. Le Royaume compte plus de 17 millions d’abonnés Internet dont 92% ont un accès Internet mobile contre 8% pour l’ADSL.
(Source : Libération, 24 septembre 2018)