« Je peux le comprendre, le discours du syndicaliste de la Sonatel Aïdara Diop, parce qu’il défend tous les travailleurs, et si les primes disparaissent, ça peut poser problème. Mais d’où venait l’argent de ces primes ? Je fus opérateur de terminaison pendant six ans. J’ai fait terminer du trafic au Sénégal. Et j’ai payé à la Sonatel des virements, pour un total de plus de 58 millions de dollars ». La confidence est de Serigne Ben Niang qui a voulu lever certains amalgames, notamment en ce qui concerne la confidentialité. Selon le vice-président de Global voice, le système mis en place n’est aucunement capable d’écouter quiconque que soit. Soulignant que les Sonatéliens sont des polytechniciens qui ont fait les meilleures écoles, il estime qu’ils sont capables d’écouter les appels téléphoniques sur leur réseau, car ayant le matériel qu’il faut. « Ce qu’ils n’ont pas, c’est le logiciel que nous avons passé des milliers d’heures à concevoir et élaborer pour faire marcher ce que nous voulons faire marcher », dit-il. Mais ils savent que nous ne sommes pas capables d’écouter quiconque. Le problème de la confidentialité ne se pose donc pas, étant donné que leur travail consiste simplement à voir qui appelle qui ? Quelle est la durée de l’appel ? Quelle est la qualité ? « L’Artp a décidé de créer une commission par rapport à ce contrat. On retrouvera dans celle-ci des agents de la Sonatel, d’Expresso, de Tigo.
L’équipement apporté par Global voice
La sûreté de l’Etat va y être représentée pour voir exactement ce que nous faisons. Nous sommes limpides dans ce que nous faisons. Nous allons former des agents de l’Artp qui vont gérer ce matériel », précise M. Niang. En plus, dit-il, « privé ou pas, je suis un Sénégalais. Je ne vais pas venir aujourd’hui, pour une question d’argent, soumettre mon pays, ma mère, mes frères, mes amis, à des écoutes téléphoniques au profit de quelqu’un. Qu’est-ce qu’on va écouter ? Est-ce que vous pensez que le Sénégal ne dispose pas de moyens d’écoute plus sophistiqués que ce que Global voice va installer ici ? Pour qui connaît le Sénégal, vous savez que si le président Abdoulaye Wade veut écouter les communications téléphoniques de quelqu’un, ce n’est pas par Global voice qu’il va passer. Il existe d’autres moyens. Soyons sérieux ».
Selon MM. Dial et Ly, « les télécoms sont régies par une seule entité à savoir l’Union internationale de télécoms (Uit). Le principe de l’externalité de l’Uit dit que tout pays a le droit d’augmenter et de contrôler sa tarification sur les appels entrants pour générer de l’argent et financer des projets de développement. La meilleure conférence des télécoms, c’est celle des régulateurs, M. Diaw a ses pairs, ce sont 25 régulateurs africains qui se sont réunis cette année à Dakar. Ils ont adopté ce principe et ont recommandé aux Etats d’imposer une redevance sur le trafic international entrant pour pouvoir financer les projets de développement. Par contre, « sur le principe de réciprocité, la délégation de l’Artp estime que 92 % du trafic qui rentre au Sénégal vient d’Occident.
Les Occidentaux n’appliquent pas la réciprocité parce qu’ils ne peuvent pas, à cause de la libéralisation. Quand vous allez aux Etats-Unis, la loi ne le permet pas. Au Canada, le marché est complètement contrôlé, mais libéralisé. Et c’est la même chose dans l’espace de l’Union européenne (Ue). Seuls 8 % de ce trafic viennent des pays africains où il y a une possibilité de réciprocité ». Selon eux, même si ces pays appliquent la réciprocité, il n’y a pas de problème. Parce que toutes les puissances « économiques africaines » qui travaillent avec le Sénégal où nous avons une forte communauté sénégalaise, ont des tarifs plus élevés que celui du Sénégal. C’est le cas de l’Angola, de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique du Sud, etc. Si donc tous ces pays appliquent le principe de réciprocité, ils seront tous obligés de baisser leurs tarifs, disent-ils. « Le Maroc, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont à 27 centimes d’euro. La Guinée à 28 centimes d’euro. La Côte d’Ivoire à 22,50. S’ils appliquent ce principe de réciprocité, nous n’aurons pas de problème. C’est la seule chose d’ailleurs que j’aurais souhaité qu’ils fassent. Parce que les tarifs des Sénégalais et des hommes d’affaires qui sont dans ces pays vont baisser », ajoute Ben Niang.
Concernant les équipements, le contrat est de type partenariat public privé (Ppp). Et Global voice n’est pas en mesure de fournir un chiffre définitif, parce qu’il doit d’abord évaluer tous les besoins sur site. « Quand nous irons voir tous les opérateurs, nous saurons exactement, en fonction de leurs installations, qu’est-ce qu’il faut installer. Mais pour l’instant, nous quantifions l’investissement entre 15 à 20 millions de dollars. Ce sont des investissements physiques », dit M. Niang. D’ailleurs, il y a un investissement inquantifiable en termes d’argent. Ce sont les logiciels qui font marcher ces équipements, la supervision. Et ces équipements vont appartenir à l’Etat sénégalais à l’issue de la période de cinq ans. C’est l’Artp qui va continuer à gérer le système sans Global voice ».
(Source : Le Soleil, 28 juillet 2010)