Nous vivons dans un monde où les entreprises technologiques détiennent un pouvoir et une influence sans précédent. Les solutions technologiques aux défis sociaux, politiques et économiques sont monnaie courante. Dans les pays du Sud, la technologie développée avec des perspectives, des valeurs et des intérêts occidentaux est importée avec peu de réglementation ou d’examen critique. Ce travail examine comment les monopoles technologiques occidentaux, avec leur désir de dominer, de contrôler et d’influencer le discours social, politique et culturel, partagent des caractéristiques communes avec le colonialisme traditionnel.
Cependant, alors que le colonialisme traditionnel est conduit par les forces politiques et gouvernementales, le colonialisme algorithmique est conduit par les agendas des entreprises. Alors que le premier utilisait la domination de la force brute, le colonialisme à l’ère de l’IA prend la forme d’« algorithmes de pointe » et de « solutions fondées sur l’IA » aux problèmes sociaux. Non seulement l’IA développée en Occident est impropre aux problèmes africains, mais l’invasion algorithmique de l’Occident appauvrit en même temps le développement de produits locaux tout en laissant le continent dépendant des logiciels et des infrastructures occidentaux. En tirant des exemples de diverses parties du continent, cet article illustre comment l’invasion de l’IA en Afrique fait écho à l’exploitation de l’époque coloniale. Cet article conclut ensuite en présentant une vision de l’IA ancrée dans les besoins et les intérêts des communautés locales.
L’intégralité de l’étude est disponible en version anglaise ici : https://script-ed.org/article/algorithmic-colonization-of-africa/
Abeba Birhane
(Source : CIO Mag, 29 août 2020)