OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2017 > Novembre 2017 > La blockchain, tout le monde en parle mais qui sait ce que c’est ?

La blockchain, tout le monde en parle mais qui sait ce que c’est ?

vendredi 24 novembre 2017

Fintech

Cet interview donne de bonnes clés de compréhension du phénomène « blockchain” et de ses éventuelles applications.

Blockchain, Bitcoin, Smart contracts… Quelles applications dans notre quotidien ?

Même si le sujet n’a rien de nouveau, la blockchain s’est imposée cette année comme un sujet incontournable de la scène tech. Considérée par beaucoup comme une révolution à la hauteur d’Internet, la blockchain a le potentiel d’impacter tous les secteurs d’activité, à commencer par la banque et la manière dont nous échangeons de l’argent. Le Bitcoin et les cryptomonnaies en général sont devenus des sujets presque mainstreams là où ils n’intéressaient que les initiés il y a encore quelques mois. Il suffit de voir les nombreux messages de traders en herbe sur Facebook ou Twitter, qui se risquent à acheter quelques dizaines d’euros de monnaie virtuelle pour faire partie de l’aventure. Mais concrètement, qu’est-ce que la blockchain ? A quoi sert le Bitcoin ? Quand utiliser les smart contracts ? Quelle part de mythe pour quelle part de réalité ? Nous entamons aujourd’hui un dossier sur le sujet, où nous ferons intervenir de nombreux spécialistes du sujet. Nous aurons notamment le plaisir d’inviter plusieurs intervenants de la prochaine Digitale Tech Conférence dont nous sommes partenaires, qui sera en partie dédiée à ce sujet. Il n’est pas trop tard pour vous y inscrire !

Clément Bergé-Lefranc, co-fondateur et CEO de Ownest, nous fait le plaisir de répondre à ces questions dans cette interview. Issu d’un cursus en droit, économie et marketing international, Clément a créé une société de conseils qui a compté une dizaine de salariés avant de rejoindre un éditeur de logiciels pour le monde de l’assurance. Suivant la blockchain de très près depuis quelques années, il a rencontré ses futurs associés lors de conférences données sur le sujet et a lancé avec eux un premier projet autour d’Ethereum (Ledgys) mais aussi une société autour de la supply chain, Ownest, qui fait de la traçabilité et de la sécurisation, et qui dispose déjà de clients internationaux. Merci à lui pour ses réponses.

En quelques mots, qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est une technologie qui a été mise en place pour pouvoir sécuriser les monnaies numériques, comme par exemple le Bitcoin. Avant l’émergence du Bitcoin (et de ses équivalents), la problématique était de limiter les monnaies numériques à un usage unique. Une fois que je vous donne une monnaie numérique, il ne faut pas que vous puissiez la copier/coller et la dépenser plusieurs fois ! Pour compenser cette problématique de la double dépense, un registre a été mis en place avec la blockchain. Il intègre toutes les transactions qui ont été faites dans cette monnaie. Quand je vous donne un Bitcoin, je créé donc une transaction d’un Bitcoin vers vous, qui est soumise à la communauté des mineurs, qui va la valider. Le registre va être vérifié pour valider que l’émetteur possède bien le Bitcoin pour valider le fait que la transaction soit valide. Cette dernière va être inscrite dans un bloc, qui va venir s’ajouter au registre. D’où le terme « chaine de blocs ».

Pour résumer, la blockchain est donc un système de sécurisation décentralisé, sans organe central de contrôle, mais avec des millions d’utilisateurs qui valident les transactions de manière indépendante contre une rémunération (en Bitcoin ou autre cryptomonnaie). La blockchain permet trois choses : horodater les transactions, certifier les émetteurs et les récepteurs de transactions, et sécuriser l’échange en lui-même. Tout simplement. La première utilisation est donc monétaire, mais cette capacité à faire de l’horodatage, de la certification et de la sécurisation ouvre des possibilités à tous les secteurs d’activité : financier, assurantiel, juridique, logistique, industriel…

Quelles sont ses origines ?

La whitepaper de Satoshi Nakamoto, à l’origine de la blockchain, date de 2008. Son objectif est de remplacer le système bancaire actuel, en réponse à la crise financière qui venait d’avoir lieu. Le constat de cette personne (ou ce collectif, son identité restant inconnue) est que l’on ne peut pas se permettre que des intermédiaires (banques centrales, banques, acteurs influents du monde bancaire) aient la capacité de jouer avec nos actifs. La particularité de Bitcoin, qui était un projet comme des milliers d’autres dans ce domaine, était qu’il était très bien fait et donc qu’il a été adopté.

Les banques ne sont pourtant pas en reste dans ce secteur…

Les banques ont été les premières à identifier la blockchain comme un risque. Elles ont très bien compris ses mécanismes et ses objectifs. Le seul moyen pour elles de contrer son arrivée était d’abord d’essayer de la décrier, de la décrédibiliser, puis d’intégrer des bureaux d’étude sur le sujet. Certaines ont des cellules de travail blockchain depuis 2009 ! La technologie est structurée pour les détruire. Donc si elles l’intègrent, ce sera en détournant la technologie. Les projets actuels sont donc des projets d’adoption pure mais dans d’autres secteurs, ou des projets qui dévient la technologie pour la transformer en autre chose. La volonté est évidemment de ne pas se faire disrupter, ou dans le cas contraire d’être un acteur dominant de cette technologie demain.

La blockchain ne permet pas la position dominante d’un acteur, puisqu’elle est un système décentralisé. Son mécanisme de base l’interdit. C’est pour cela que l’on a vu émerger la notion de blockchain privée, aussi appelée DLT (Distributed Ledger Technology). Ils prennent le même mécanisme de décentralisation, mais au lieu d’utiliser des acteurs inconnus, ils créent un réseau interne pour maitriser les différents composants de la chaine. De grands groupes se lancent donc sur ce mécanisme afin de s’accaparer la technologie, là où d’autres projets publics tentent de transformer en profondeur business et activités. On peut faire une comparaison avec les débuts du web. Les premières réactions, dans les années 90, ont été de créer des intranets, quitte à perdre la puissance de l’ouverture créée par Internet. C’est un comportement naturel d’essayer d’adapter la technologie à soi, avant de l’adopter plus largement.

On parle beaucoup du Bitcoin, mais ce n’est pas le seul projet blockchain… N’éclipse-t-il pas les autres projets ?

On parle beaucoup du Bitcoin car c’est le protocole originel. Il existe actuellement plus de 900 cryptomonnaies. Trois projets portent le maximum d’attention, à savoir Bitcoin, Litecoin (créé quelques mois plus tard sur le même protocole) et Ethereum, qui est une autre typologie de blockchain avec un autre comportement. Ethereum facilite et ouvre des champs possibles d’application. Il est simple de l’utiliser pour créer de nouvelles cryptomonnaies et de nouveaux modèles de fonctionnement. Il est important de comprendre que 95% des projets basés sur Ethereum ne sont pas possibles techniquement ou sont simplement opportunistes. Depuis un an, il y a eu une vague très importante de sorties de nouvelles cryptomonnaies et de nouveaux projets qui ont monopolisé l’attention. Depuis quelques semaines, Bitcoin a repris le devant de la scène car les gens se rendent compte que la blockchain ne permet réellement que les trois choses citées précédemment, de la certification, de l’horodatage et de la sécurisation. Il faut se rebaser sur ce que la technologie peut faire aujourd’hui et ne pas fantasmer sur des futurs possibles, il y a des étapes à suivre avant d’y arriver.

Quelles sont les principales applications concrètes actuelles ? On parle beaucoup de smart contracts notamment.

Les smart contracts existent déjà et fonctionnent très bien, pour des applications financières, pour créer de nouvelles cryptomonnaies ou de nouveaux tokens, pour structurer certains échanges… C’est un très bon outil qui a un bel avenir devant lui. La promesse d’Ethereum (sur lequel se basent les smart contracts) est de dire que si on peut tenir collectivement un registre de manière décentralisée, pourquoi ne pas créer un ordinateur mondial central sur lequel chacun viendrait piocher de la puissance de calcul. Et quand on veut créer un logiciel, plutôt que d’installer le logiciel chez chacun, autant l’installer sur cet ordinateur commun et mondial, sur lequel chacun viendra se servir. Cela ouvre de belles possibilités, mais il faut tout de même faire attention aux fantasmes qui l’entourent.

Quels types de fantasmes ?

Un exemple de pratique qui n’est pas encore possible est celui de l’assurance sur les billets d’avion. Je décide d’acheter un Aller/Retour Paris-Bordeaux à 500 euros. Pour éviter tout problème, je veux souscrire une assurance sur le retard. Je créé donc un smart contract qui indique que j’ai payé 500 euros mon vol qui est censé arriver à 16h30. S’il arrive avec deux heures de retard ou plus, je serais remboursé des 500 euros, dans le cas contraire, je paierais simplement le coût de mon assurance, par exemple 50 euros. Ce contrat, s’il est accepté par quelqu’un (mon assureur), est ainsi posé sur ce fameux ordinateur central, la blockchain Ethereum. Chacun a versé la somme correspondante au contrat (500 euros d’un côté, 50 euros de l’autre), qui sera virée au moment de l’exécution du contrat, c’est-à-dire quand l’horaire d’arrivée du vol sera validé. Le problème, c’est que le smart contracts ne peut pas récupérer automatiquement l’heure d’arrivée du vol, ce n’est pas techniquement possible. Ce dernier ne peut pas mener des opérations vers l’extérieur. Il faut que vous veniez déclencher ce smart contract vous-même. Il faut donc une intervention humaine, une personne qui prenne l’heure d’arrivée du vol et qui pousse cette information. Vous donnez donc tout pouvoir à cette personne pour décider de la validation du contrat, sans possibilité de la contredire ensuite. Une solution existe : faire appel à un oracle, autrement dit faire appel à des milliers de personnes dans le monde pour venir renseigner cette information, contre une micro-rémunération. Mais ce mécanisme des oracles n’est pas encore au point. Un système d’assurance de ce type n’est donc pas possible pour le moment, au même titre que beaucoup d’utilisations du même type que vous pouvez imaginer à partir de cet exemple.

Quels sont donc les projets qui sont actuellement réalisables et qui ne sont pas du domaine du fantasme ou de la projection ?

Tout ce qui relève de l’horodatage, de la certification et de la sécurisation peut fonctionner. Par exemple, il existe dans les banques le principe du KYC (Know Your Customer) : il faut connaitre ses clients et récolter assez d’informations sur eux pour pouvoir valider le fait que l’on ait vérifié son identité. Auparavant, les banques pouvaient faire appel à des tiers de confiance (la Caisse des Dépôts et Consignations par exemple) pour faire horodater ces informations. La blockchain a la capacité d’effectuer cet horodatage automatiquement. Les banques ont donc une capacité permanente de certifier ces informations très simplement, et donc de gagner du temps et de l’argent. C’est une tâche qui est déjà opérationnelle.

Un autre exemple marquant est celui de la traçabilité dans le monde de la logistique, qui correspond à l’activité de mon entreprise (l’application Ownest). Pour chaque produit, nous sommes capables de créer un identifiant, un tracker digital unique, et nous transférons la responsabilité tout au long de la supply chain. Par exemple, prenons un entrepôt, un transporteur et un magasin. L’entrepôt a un iPhone X, quand il le transfère physiquement au transporteur, il va être possible de laisser une trace sur la blockchain du fait qu’il prenne la responsabilité du téléphone. Il est donc possible de retracer complètement la chaine de responsabilité. Cet usage est simple, déjà en place, mais révolutionne le monde de la logistique et de la supply chain. De grands retailers et industriels ont déjà adopté cette technologie aujourd’hui (Carrefour, Renault, …).

Quel va être l’impact de la blockchain sur notre vie quotidienne ? Va-t-elle être transparente ou va-t-on se rendre compte qu’on l’utilise ?

Aujourd’hui, quand vous faites un achat en ligne, vous passez par un protocole SSL. La plupart des gens l’ignorent. De la même manière, demain, il y aura des milliers d’applications qui utilisent la blockchain sans que vous vous en rendiez compte. La plupart des utilisateurs n’ont pas envie de savoir comment ces applications fonctionnent, ils veulent juste savoir que leur utilisation est sécurisée et digne de confiance. Dans le cas d’Ownest, le chauffeur routier n’a ni envie ni besoin qu’on lui explique ce qu’est la blockchain. Il sait juste quand il prend la responsabilité du produit, et que cela fait partie de son travail. Autre exemple, il existe actuellement une cryptomonnaie dédiée aux échanges interbancaires. Il y a donc de fortes chances pour que quand vous transférez de l’argent de votre banque à une autre, une blockchain publique ait été utilisée, sans que vous le sachiez. Cela sécurise pourtant votre transaction. Les utilisations de ce type vont se multiplier dans les prochains mois, vous utiliserez la blockchain, sans nécessairement le savoir.

(Source : Agence Ecofin, 24 novembre 2017)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2071/2234 Régulation des télécoms
  • 174/2234 Télécentres/Cybercentres
  • 1539/2234 Economie numérique
  • 847/2234 Politique nationale
  • 2234/2234 Fintech
  • 252/2234 Noms de domaine
  • 814/2234 Produits et services
  • 693/2234 Faits divers/Contentieux
  • 367/2234 Nouveau site web
  • 2154/2234 Infrastructures
  • 790/2234 TIC pour l’éducation
  • 91/2234 Recherche
  • 121/2234 Projet
  • 1443/2234 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 860/2234 Sonatel/Orange
  • 775/2234 Licences de télécommunications
  • 132/2234 Sudatel/Expresso
  • 466/2234 Régulation des médias
  • 602/2234 Applications
  • 495/2234 Mouvements sociaux
  • 783/2234 Données personnelles
  • 61/2234 Big Data/Données ouvertes
  • 298/2234 Mouvement consumériste
  • 179/2234 Médias
  • 321/2234 Appels internationaux entrants
  • 693/2234 Formation
  • 48/2234 Logiciel libre
  • 842/2234 Politiques africaines
  • 407/2234 Fiscalité
  • 83/2234 Art et culture
  • 284/2234 Genre
  • 742/2234 Point de vue
  • 483/2234 Commerce électronique
  • 706/2234 Manifestation
  • 156/2234 Presse en ligne
  • 62/2234 Piratage
  • 102/2234 Téléservices
  • 425/2234 Biométrie/Identité numérique
  • 150/2234 Environnement/Santé
  • 156/2234 Législation/Réglementation
  • 167/2234 Gouvernance
  • 827/2234 Portrait/Entretien
  • 72/2234 Radio
  • 340/2234 TIC pour la santé
  • 133/2234 Propriété intellectuelle
  • 29/2234 Langues/Localisation
  • 532/2234 Médias/Réseaux sociaux
  • 919/2234 Téléphonie
  • 95/2234 Désengagement de l’Etat
  • 486/2234 Internet
  • 57/2234 Collectivités locales
  • 188/2234 Dédouanement électronique
  • 504/2234 Usages et comportements
  • 511/2234 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2234 Audiovisuel
  • 1359/2234 Transformation digitale
  • 191/2234 Affaire Global Voice
  • 75/2234 Géomatique/Géolocalisation
  • 146/2234 Service universel
  • 331/2234 Sentel/Tigo
  • 87/2234 Vie politique
  • 726/2234 Distinction/Nomination
  • 17/2234 Handicapés
  • 338/2234 Enseignement à distance
  • 325/2234 Contenus numériques
  • 292/2234 Gestion de l’ARTP
  • 89/2234 Radios communautaires
  • 803/2234 Qualité de service
  • 212/2234 Privatisation/Libéralisation
  • 68/2234 SMSI
  • 226/2234 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1278/2234 Innovation/Entreprenariat
  • 680/2234 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2234 Internet des objets
  • 86/2234 Free Sénégal
  • 176/2234 Intelligence artificielle
  • 97/2234 Editorial
  • 16/2234 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous