La bataille qui secoue le ciel africain pour le contrôle d’Internet
lundi 27 juillet 2015
Le taux de pénétration d’Internet en Afrique est toujours le plus faible au monde. Seulement 16% de la population du continent a accès au réseau mondial en 2014, selon les chiffres de l’Union internationales des télécommunications (UIT). Des câbles sous-marin reliés à l’Internet mondial raccordent l’Afrique au reste du monde, mais ensuite tout le problème réside dans ce que les experts appellent « le dernier kilomètre ». Autrement dit, les câbles qui doivent amener le haut-débit dans les foyers africains.
Mais beaucoup de pays africains n’ont pas les moyens ou rechignent à mettre beaucoup d’argent sur la table pour démocratiser l’accès à Internet et une majeure partie de la population n’a pas les moyens de s’y abonner.
Si bien que l’avenir du haut-débit en Afrique pourrait bien passer par les airs plutôt que par la terre : avec un double avantage, une couverture plus étendue et à moindre coût du continent. Plusieurs poids lourds du secteur technologique sont en concurrence pour un marché à très fort potentiel.
On connaissait déjà le projet Loon de Google. L’idée est d’envoyer des ballons Wi-Fi gonflés à l’hélium pour couvrir en réseau les régions les plus reculés du globe, et l’Afrique était au centre des ambitions de la firme américaine. « D’ici à 2015, Google se croit ainsi capable de créer un anneau de 80 km de large qui assurerait une couverture réseau continue dans l’hémisphère sud. Et le directeur du projet Loon, Mike Cassidy, prévoit qu’en 2016, Google pourra proposer un réseau de téléphonie mobile LTE alimenté par ses ballons dans des zones rurales d’Amérique du Sud, d’Afrique du Sud et d’Océanie », écrivait Slate.fr en décembre 2014. Mais Google n’est plus seul sur la ligne de départ.
Drones contre satellites
Invité du Forum Forbes 2015 qui se tenait à Brazzaville le 21 juillet, Chris Anderson, l’ex-patron de la revue référence sur les nouvelles technologies, Wired, théorisait l’avènement des drones civiles et leur futur rôle pour offrir le haut-débit à l’Afrique.
« Les drones sont moins onéreux que les satellites et peuvent voler plus bas ce qui permet une meilleur couverture pour un moindre coût. Les drones peuvent ainsi voler sous les nuages et offrir une meilleur résolution », expliquait l’Américain.
Mais un acteur de poids de l’aéronautique lorgne aussi sur le marché africain et ne voit pas les choses sous cet angle. Adel Fekih, vice-président en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient du groupe Airbus, a déclaré lors du Forum Forbes que le géant européen ambitionnait de déployer des satellites dans le ciel du continent africain.
« Airbus va fournir 900 satellites qui vont voler à 12.000 km d’altitude contre 36.000 km pour des satellites classiques. Cela va nous permettre d’atteindre des régions reculées et de manière plus fiable. Cette innovation va également nous permettre de fournir un réseau pour les bateaux ou les avions », explique Adel Fekih.
La bataille pour le ciel africain ne fait que commencer.
Camille Belsoeur
(Source : Slate Afrique, 24 juillet 2015)