La banque, comme nous la connaissons, avec un siège, des murs, un coffre- fort et des employés à l’intérieur, ne va-t-elle pas appartenir au passé, dans un futur proche avec l’avènement des banques virtuelles ? Non ! D’après les principaux concernés même si beaucoup de services se dématérialisent.
L’évolution ! Comme beaucoup de chose dans ce monde, les banques sont confrontées à ce phénomène naturel. L’avènement du numérique a ainsi bouleversé de nombreux secteurs et la banque ne pouvait y échapper. Grâce à la technologie, la banque est devenue virtuelle. Maints besoins qui nécessitaient l’intervention d’un établissement financier, ont été chamboulés par le numérique jusqu’au point où la question de la pérennité de la banque physique s’est posée. Va-t-on vers la disparition des grandes bâtisses qui, jadis, étaient bunkerisées pour éviter de se faire attaquer par des braqueurs ? En France, comme dans la plupart des pays développés, la banque est de plus en plus virtuelle. Certaines ne sont présentes que sur le Web : Boursorama, par exemple.
Au Sénégal, on n’en est pas encore là. Mais, comme la majorité des produits, proposés par les banques locales, sont des répliques à quelques différences près de celles déjà existant en Occident, le processus est enclenché. Actuellement, seule une partie des services bancaires au Sénégal, est numérisée. Le e-banking est en marche mais, pas encore au top. Il présente, en gros, trois atouts : un gain en productivité lié à l’automatisation des procédures, à la saisie unique des informations en un seul point et un meilleur suivi des règlements des clients et fournisseurs. Ensuite, il y a la sécurisation des opérations. En supprimant la circulation de papiers et disquettes, la banque électronique annihile le risque de perte de données ainsi que le risque lié à la ressaisie des données de l’entreprise par la banque.
Grâce à des procédures électroniques hautement sécurisées de transmission et de signature des ordres, on minimise le risque de fraude. Mais, le principal gain du e-banking est d’ordre financier : les prestations bancaires coûtent beaucoup moins cher lorsqu’elles sont fournies sous forme dématérialisée. Pour l’instant au Sénégal, on prend le temps d’étudier le phénomène et d’y aller à son rythme. Ce qui est certains, selon les acteurs interrogés, c’est que la banque physique a de beaux jours devant elle.« La banque traditionnelle ne saurait disparaitre au profit de la banque virtuelle. Pour l’instant, il y a des services que les moyens de paiement électronique ne peuvent pas offrir. La dématérialisation des services bancaires demande un cadre réglementaire complet et des réseaux télécoms et électriques fortement évolués et fiables. Soit deux conditions, loin d’être réunies dans notre environnement », précise Ousmane Ndiaye de la BIS.
Beaucoup plus catégorique, Papa Mbassor Sarr (SGBS) affirme que ce n’est pas demain la veille que la banque virtuelle va déboulonner la banque physique : « dire que la banque virtuelle est l’avenir de la banque n’est que partiellement vrai. La banque reste un métier relationnel, un métier de services et de conseils financiers », recadre-t-il. Il précise néanmoins que les services dématérialisés ont un grand avenir dans le secteur bancaire.
De fait, les banques resteront toujours des argentiers en charge de transformer, à un moment ou à un autre, la monnaie électronique en monnaie fiduciaire. Aussi, ne faudrait-il pas craindre l’arrivée d’acteurs nouveaux issus du monde des télécoms. « Des partenariats multiples verront probablement le jour. Ce qui facilitera l’inclusion financière et l’accès des services bancaires au plus grand nombre. Cette perspective est une réelle opportunité de croissance économique et de satisfaction des besoins des populations », conclut M. Sarr.
Amayi Badji
(Sorce : Réussir Business, 6 juin 2015)