Juste une coïncidence ? Au moment où Karim Wade et Thierno Ousmane Sy crachent le feu sur Millicom et Tigo, relativement à l’affaire de la licence, les employés de la société de téléphonie mobile déterrent la hache de guerre. Ils ont déposé vendredi dernier un préavis de grève pour le respect des engagements pris par la Direction générale, à savoir le rétablissement des avantages auxquels le personnel avait renoncé, comme les bonus.
L’année dernière, à pareil moment, ça chauffait si fort entre le pouvoir et Tigo, que la Direction générale, expliquent les délégués syndicaux, avait réussi à faire renoncer aux travailleurs certains avantages. Mais depuis la semaine dernière, les travailleurs sont sur une autre posture. Celle de la radicalisation de leur mouvement.
C’est sans doute pour tuer le poussin dans l’œuf qu’une Assemblée générale avait été organisée, sur l’initiative de la Direction générale. Et les délégués syndicaux de crier à la manipulation en demandant aux travailleurs de ne pas s’y rendre. « Le personnel a suivi notre mot d’ordre, malgré les menaces de licenciement de la direction », déclarent, satisfaits, les syndicalistes. Mais le son de cloche est différent au niveau du Service de Communication de la société de téléphonie. « Le personnel a répondu présent », indique Lucien Ndong. Qui ajoute que « la situation est normale, le travail se passe bien. Que des travailleurs réclament des choses rentre dans le cadre normal du fonctionnement de toute entreprise », tempère M.Ndong. Sur la coïncidence entre la crise à Tigo et les crispations notées ces derniers temps avec l’Etat du Sénégal, M.Ndong déclare : « vous pouvez en tant que journaliste le constater. Ce sont des choses qui peuvent arriver, mais tout cela sera géré ». Toute la question est de savoir comment.
Restons avec ce dossier pour dire que le Centre international de règlement des différends liés aux investissements (Crdi), qui planche sur le contentieux Tigo/Etat du Sénégal, a dernièrement recommandé à l’Etat de demander la suspension de la procédure initiée au tribunal régional de Dakar. Le temps qu’il étudie sa compétence à juger ou non cette affaire à Paris. Et apparemment, l’Etat du Sénégal a coupé la poire en deux, renvoyant tout au 26 mai prochain, le temps que la chambre arbitrale se prononce sur sa compétence. Un bras de fer qui risque donc d’être très long. Avec des rebondissements comme vous ne pouvez en imaginer. On compte les points et les coups de... poings...
(Source : L’Observateur, 16 février 2010)