Deuxième pays après le Salvador à adopter le bitcoin comme monnaie légale, la Centrafrique pourra-t-elle réellement en tirer profit ?
Après le Salvador, la Centrafrique a adopté le bitcoin comme devise de référence, aux côtés du Franc CFA… Car il est précisément question d’avoir la même démarche que le Salvador vis-à-vis du dollar, à savoir de se libérer du joug d’une monnaie et d’une mécanique monétaire qu’on subit plus qu’autre chose…
Une décision prise à l’unanimité par l’Assemblée nationale centrafricaine. Maintenant est-ce une bonne chose et est-ce que cela peut apporter une source de diversification et de richesse pour un pays que l’ONU a récement classé comme avant-dernier pays du monde en matière de développement ? Rien n’est moins sûr.
Un bilan pas très clair au Salvador
D’une part, l’investissement en technologie pour développer l’usage du bitcoin risque de poser problème. Par ailleurs, si l’on regarde l’exemple du Salvador qui a adopté le bitcoin comme monnaie légale il y a quelque mois, le bilan n’est pas très clair pour le moment. Certes, le PIB de l’année dernière a rebondi de 10%, l’activité touristique notamment a signé une reprise très forte, avec un vif intérêt des touristes fans des cryptomonnaies pour le premier « Pays du Bitcoin ». Mais impossible de savoir si c’est en raison du bitcoin ou si c’est le simple effet reprise post-pandémie qui explique ces chiffres pour le moment.
Le pays subit également des vagues de manifestations populaires contre le bitcoin, dénoncé comme une nouveauté qui ne profite qu’aux riches du pays. A ce stade, il semble donc difficile de dire ce que la Centrafrique peut retirer concrètement de cette annonce, tant le pays par ailleurs en proie à la guerre civile depuis des années, et à l’influence grandissante de la Russie dans ses affaires intérieures, semble constituer un frein terrible à son développement économique.
Antoine Larigaudrie
(Source : BFM Tv, 28 avril 2022)