La 5G est la prochaine génération de réseau de téléphonie mobile qui va succéder à la 4G communément appelée LTE. Les travaux de normalisation de la 5G ont débuté en 2012 sous l’égide de l’UIT, suivie par la 3GPP, dans un objectif d’apporter des améliorations considérables aux réseaux 4G notamment par rapport aux aspects suivants : débit, fiabilité, latence, communication de masse pour les objets connectés, etc. Les réseaux 5G vont permettre une amélioration majeure du débit offert aux utilisateurs du téléphone mobile, une transmission bout en bout (latence) de moins d’une milliseconde (1ms) et une densité accrue du nombre d’objets et de terminaux servis dans une cellule. Ces performances sont atteintes grâce à de nouvelles techniques introduites sur la partie accès mais également sur le cœur des réseaux 5G. Avec ces dernières, la 5G va permettre le développement de nouvelles applications non envisagées dans les réseaux 4G notamment la télé chirurgie à temps réel, les voitures autonomes, la réalité virtuelle, les drones, l’internet fixe et mobile haut débit massif, etc.
Dans un cadre plus général, les spécifications préliminaires de la 5G ont été définies dans le cadre du groupe de travail WP 5D (Study Group WP 5D) de l’IUT-R avec comme exigence le support de trois grandes classes d’usage, notamment :
1. mMTC – Massive Machine Type Communications : communications entre une grande quantité d’objets avec des besoins de qualité de service variés. L’objectif de cette catégorie est de répondre aux usages de l’IoT ;
2. eMBB – Enhanced Mobile Broadband : connexion en ultra haut débit en outdoor et en indoor avec uniformité de la qualité de service, même en bordure de cellule ;
3. uRLLC – Ultra-reliable and Low Latency Communications : communications ultra-fiables pour les besoins critiques avec une très faible latence, pour une réactivité accrue.
Pour permettre le développement de services répondant à ces trois classes d’usage, les réseaux 5G exploitent une multitude de fréquences allant du GHz aux ondes millimétriques pour délivrer les débits et la fiabilité demandés par lesdits services.
Selon l’agenda de l’UIT, les premiers déploiements de réseaux 5G standardisés doivent avoir lieu durant l’année 2020, mais, selon les experts, ces déploiements se feront principalement avec la version NSA (Non-Stand Alone) de la 5G, qui utilise encore le cœur des réseaux 4G LTE avec un réseau d’accès 5G NR (5G New Radio).
Aujourd’hui, vu les enjeux de la 5G, la course commerciale est déjà lancée dans plusieurs régions du monde avec des déploiements annoncés dans plusieurs pays et des attributions de fréquences déjà faites en Suisse [1], en Finlande [2], en France [3]], etc. et un déploiement d’offres commerciales en Corée du Sud [4].
En Afrique, des initiatives sont également notées avec des expérimentations réalisées par des opérateurs au Sénégal [5], en Algérie, au Maroc, en Afrique du Sud [6], au Nigéria [7] et un lancement commercial annoncé par l’opérateur Vodacom [8] au Lesotho. Toutefois selon la GSMA, les perspectives de lancement commercial dans la plupart des pays africains sont orientées vers les horizons 2022-2025 [9].
Les régulateurs ont un rôle important dans le déploiement et l’adoption des réseaux 5G en Afrique. Il est nécessaire que ces derniers définissent des agendas pour l’introduction de la 5G dans leurs pays respectifs. Ces agendas doivent prévoir les usages prioritaires de la 5G. En Afrique où dans la plupart des pays, il est encore noté un développement limité des infrastructures filaires fixes (cuivre et fibre), les réseaux 5G devraient être encouragés, dans les étapes préliminaires de leur introduction (horizon 2020), à développer le haut débit massif fixe (eMBB) pour les particuliers et les entreprises. Dans ce sens, il est nécessaire d’anticiper en identifiant les fréquences permettant ce type d’usage et les réserver aux opérateurs.
La deuxième phase de l’introduction de la 5G pourrait se concentrer vers les usages industriels avec les systèmes de contrôle automatisés à temps réel, la télé chirurgie, (uRLLC) et l’Internet des Objets (mMTC), etc.
Ainsi, les recommandations qui sont faites aux gouvernements et aux régulateurs des pays africains pour tirer des dividendes des réseaux 5G sont les suivantes :
– Définir un agenda pour l’introduction des réseaux 5G en mettant la priorité sur les services eMBB ;
– Identifier les fréquences pour assurer les services de type eMBB ;
– Assouplir les procédures d’attribution des fréquences pour les services eMBB ;
– Adopter une démarche pro-investissement ;
– Définir une stratégie de pour la sécurité des réseaux 5G.
Ousmane Ndiaye
RSSI chez ARTP
(Source : https://www.linkedin.com/, 9 mars 2020)
[2] https://selectra.info/telecom/actualites/acteurs/reseau-5g-quels-seront-premiers-pays-a-profiter
[3] https://www.arcep.fr/cartes-et-donnees/nos-publications-chiffrees/experimentations-5g-en-france/tableau-deploiements-5g.html
[5] https://www.socialnetlink.org/2019/11/experimentation-de-la-5g-au-senegal-les-precisions-de-lartp/