L’ingénieur financier risque trois ans de prison ferme pour escroquerie
mardi 17 avril 2012
Le tribunal des flagrants délits a mis en délibéré jusqu’à mercredi le verdict d’une affaire d’escroquerie, d’association de malfaiteurs et d’accès frauduleux à un système informatif reproché à un ingénieur financier qui s’est introduit dans le système de transfert d’argent dénommé ‘’Wari’’ pour retirer la somme de 16 millions de francs CFA en deux semaines.
Déjà le procureur a requis une peine de 5 ans dont 3 ans ferme à l’égard des prévenus qui ont reconnu les faits qui leur sont reprochés, dès la première question du tribunal.
Le principal prévenu, l’ingénieur financier, est un ancien employé de la société Wari aidé par son ami d’enfance également poursuivi dans cette affaire.
Le 2 avril dernier, la direction de ladite société est avertie par son système d’alerte que les transactions délictueuses qu’elle soupçonnait venait de se faire dans un point Wari à Liberté 6. Elle se rend sur les lieux et finit par interpeller le complice qui ne tarde pas à montrer son acolyte.
Connaissant le système de transfert d’argent Wari par cœur pour y avoir travaillé avant d’être licencié en janvier dernier, le prévenu a reconnu sans ambages les faits, soulignant qu’au début ’’c’était dans un souci de vengeance mais ce n’était pas pour faire mal’’.
‘’J’ai dépensé tout l’argent. Jai acheté un portable à 380.000 francs CFA. J’ai payé quatre mois de loyer et j’ai même aidé un co-détenu à se payer un avocat’’ a-t-il expliqué. ‘’Pour chaque opération, on utilisait deux puces, au total on a utilisé 26 puces’’ a-t-il ajouté, précisant qu’il était le concepteur de toute l’affaire.
’’Ainsi, a-t-il expliqué, je m’introduisais dans le système et comme un client expéditeur normal, mon ami recevait un SMS pour aller retirer de l’argent dans n’importe quel point Wari comme cela se passe’’.
Le co-prévenu et ami de l’ingénieur financier a souligné avoir reçu 4 millions de francs CFA sur la somme. Un million de francs ont été trouvés chez lui lors de la perquisition. ‘’J’ai une fois douté mais je ne pouvais plus reculer’’, s’est-il justifié.
Interrogé sur le reste de l’argent, l’ingénieur financier n’a pas cessé d’argumenter. ‘’Je regrette vraiment. D’ailleurs à chaque fois que je retirais l’argent, je donnais cela systématiquement. C’était comme un poison’’, a-t-il indiqué.
L’avocat de la partie civile a pour sa part souligné que la cybercriminalité a atteint des proportions inquiétantes et ces agissements perpétrés dans le réseau en question sont un lourd préjudice pour cette société.
Me Macodou Ndour a en outre demandé 20 millions de francs CFA, estimant qu’il ‘’ne croit pas que le prévenu ait dépensé 16 millions en seulement deux semaines’’.
Les avocats de la défense ont tour à tour demandé au tribunal de ne pas retenir le chef d’association de malfaiteurs pour cette affaire car ’’il n’est pas établi’’.
‘’Ils sont tombés dans la facilité, c’est ce qu’on peut leur reprocher’’, a affirmé l’un des avocats de la défense. ‘’Ils sont de bonne foi et les familles sont en train de faire des collectes pour payer’’, a-t-il ajouté.
L’autre conseil de la défense, Me Yéri Fall, a dit que ‘’ils ont profité d’une situation. Ce sont des jeunes qui dépensent de l’argent comme pas possible’’. ‘’Je demande au tribunal la compréhension et la clémence envers ces jeunes’’ a-t-il ajouté.
L’affaire est mise au délibéré jusqu’à mercredi.
(Source : APS, 17 avril 2012)