L’exploitation des données de télécommunication en Afrique pour le développement socio-économique
mercredi 3 octobre 2012
Avec l’explosion des télécommunications en Afrique, les données que l’on peut extraire des réseaux sont de plus en plus abondantes. Quelle information peut-on extraire de ces données ? Comment peut-elle contribuer au développement économique et social des pays ?
Bienvenue dans l’ère du Big Data
Le « Big Data » désigne la production de grands jeux de données numériques non forcément structurées, entraînant des problématiques de stockage et d’outils d’analyse, pour lesquels les méthodes classiques de gestion de base de données sont inopérantes.
En Afrique, le marché des télécommunications est en forte croissance, dominé par les services mobiles (80% des revenus en 2011) et les cartes prépayées (95% du marché). De 246 millions d’abonnés mobiles en 2008, on est actuellement à plus de 600 millions (source OVUM). La même source estime que ce nombre atteindra 1 milliard d’ici 4 ans.
Au-delà du volume, ce sont les défis posés par une exploitation « intelligente » de cette masse d’information qui nous intéresse et la valeur que nous pouvons en tirer. Certains voient déjà dans les données numériques le « nouveau pétrole » de l’économie (« Personal data is the new oil of the Internet and the new currency of the digital world. » Meglena Kuneva, European Consumer Commissioner).
Quelle information dans les données de télécommunications en Afrique ?
L’acquisition, le stockage et l’accès à des données est en général nécessaire à la conduite des politiques de développements sociaux et économiques des pays émergents. Certains pays ne disposent pas, par exemple, d’un système permettant d’enregistrer numériquement les actes civils de naissance, mariage et décès.
Les besoins en statistiques sont colossaux et plusieurs initiatives sont mises en œuvre pour construire ces bases de données. A titre d’illustration, la Banque Africaine de Développement (BAD) a lancé le « Programme de connaissance de l’infrastructure en Afrique (AIKP) » visant la collecte de données couvrant les infrastructures (TIC, énergie, eau, transport routier, transport ferroviaire, transport maritime et aérien) dans 24 pays africains.
Orange, en tant qu’opérateur majeur des télécommunications en Afrique, est en mesure de produire des données liées à l’utilisation des services de télécommunications. En usage interne, ces données permettent par exemple, de mesurer la charge et la performance du réseau et sont exploitées pour améliorer la qualité du service.
Ces données possèdent aussi un potentiel d’information sociologique qui peut être exploitée pour mieux appréhender les besoins des populations et développer ainsi des services innovants adaptés dans les domaines de la santé, de l’éducation, des services financiers, et de l’agriculture [1].
Pour approfondir et enrichir notre connaissance dans le domaine, Orange a lancé le concours « Data for Development » D4D, à l’intention de la communauté des chercheurs [2].
Via ce challenge, Orange et sa filiale Orange Côte d’Ivoire mettent à disposition de la communauté scientifique internationale une base de données inédite dans le cadre exclusif du Concours. Ces données proviennent des communications passées par les abonnés à la téléphonie mobile d’Orange en Côte d’Ivoire entre Décembre 2011 et Avril 2012. Elles ont fait l’objet d’un travail d’agrégation et d’anonymisation avant leur mise à disposition. Les concourants sont appelés à soumettre des projets basés sur l’analyse de ces données, permettant par exemple d’anticiper des épidémies, d’être réactif en temps de crise, ou encore d’imaginer des nouveaux services susceptibles de répondre à des besoins des populations. Le sujet de recherche est libre tant qu’il s’inscrit dans la problématique du développement socio-économique des pays.
Kitty Boullé et Ludovic Centonze (Orange)
(Source : Starafrica, octobre 2012)
[1] Big Data for Development : Opportunities & Challenges, Global Pulse, May 2012