L’évolution du titre Sonatel en Bourse : vers les 10 ans de succès ?
vendredi 25 mars 2005
Quand le Sénégal mettait en vente partielle la SONATEL personne ne se doutait que près de dix ans après l’opérateur des télécoms allait valoir le double de son prix de vente. A quarante mille francs l’action, la SONATEL vient de recruter dans le dernier bastion des sceptiques. L’évolution de son titre à la Bourse administre la preuve les privatisations si elles sont bien pensées, bien dosées j’allais dire, conduisent a une plus grande satisfaction du consommateur et de l’actionnaire. Bien sûr le consommateur sénégalais peut et doit continuer à demander plus à la SONATEL. Cela est normal et tout à fait compréhensible. Mais beaucoup de résidents ou même d’étrangers de passage chez nous savent que comparé aux autres pays africains, le téléphone « c’est cadeau au Sénégal ».
Le titre SONATEL au cours où il est actuellement coté doit faire des fortunes et il faut être atteint de cécité financière pour ne pas sauter sur cette occasion et prendre ses bénéfices avant un retournement du cours. En termes simples, pour ceux qui avaient acheté le titre en 1997 à 19 500 et qui l’ont encore gardé, ils ont tout simplement l’occasion d’empocher 20 500 FCFA de plus-value. Alors chers investisseurs si votre critère d’appréciation est la fructification de votre épargne alors vous ne pouvez plus différer la vente totale ou partielle de vos titres SONATEL.
Au fait les initiés savent qu’avec près de 20 000 FCFA de plus value, vous détenez aujourd’hui un potentiel de près de 5 ans de dividendes à venir. Donc en termes simples ce que vous attendez de SONATEL pour les 5 prochaines années, si l’on en juge par les dividendes distribués par la société ces dernières années et qui n’ont jamais dépassé les 4000 FCFA net d’impôts, vous pouvez le toucher aujourd’hui. Face à cette nouvelle donne, il faudrait que les investisseurs de la SONATEL sachent devenir des stratèges ou du moins mettent à jour leurs mobiles d’investissement car la valeur SONATEL a dépassé le stade de valeur de fonds de portefeuille pour une gestion de bon père de famille. Je précise ici que je m’adresse plus aux investisseurs grand public. En ce qui concerne certains actionnaires de référence comme l’Etat du Sénégal, ce serait une erreur voire une catastrophe nationale de se retirer de la SONATEL sans qu’aucune urgence le commande surtout que les finances publiques se portent bien. Pour revenir aux investisseurs privés de SONATEL qui sont détenteurs du flottant en Bourse, à mon avis le titre va devenir transactionnelle voire même spéculatif puisqu’il bouge sous plusieurs plans. Au plan boursier déjà comme relaté précédemment c’est un titre qui a atteint sa véritable valeur. En 1999-2000 nous le prévoyions sans trop y insister en soutenant avec quelques spécialistes que ce titre était sous coté et qu’il fallait l’espérer autour de 40 000 Fcfa. Ça y est. Au plan de ses fondamentaux, la maison SONATEL se porte bien et donne un signal à ces concurrents réels ou potentiels. Cette entreprise a une capacité d’endettement et la confiance des banques et du marché financier qui font qu’elle peut réunir à tout moment les moyens de se défendre en situation difficile et de poursuivre sans trop de stress sa veille concurrentielle. Je ne vais pas insister sur ces aspects qui bien que faisant partie de l’analyse boursière de la société peuvent donner l’impression d’un parti pris. Que non ! Parler du bien de la SONATEL est dicté par ses résultats tant au plan de l’analyse financière que de l’analyse boursière. Quand une société est cotée en Bourse, elle est sur la place publique donc susceptible d’être plébiscitée comme d’être critiquée.
Ce qui est important à retenir, c’est qu’en nous recentrant sur l’épargnant, il faut reconnaître que les actionnaires de SONATEL se sont enrichis de près de 20 000 FCFA mais que cette richesse est scripturale car c’est leur patrimoine en valeurs mobilières qui a pris de la valeur. Pour transformer cette plus value latente en argent liquide disponible, il faut naturellement vendre ses titres. Mais la Bourse a ceci aussi d’effrayant c’est que si tout le monde se mettait à vendre, le prix risquerait de chuter, loi de l’offre et de la demande aidant. Donc pour tirer son épingle du jeu il faut faire vite et avant les autres. Mais comment agir avant les autres quand on est au même niveau d’information ? Il faut avoir plus de culot ou de goût du risque qu’eux. Le jour où les investisseurs locaux notamment de SONATEL épouseront ce type de raisonnement, nous pourrions annoncer l’émergence de la culture boursière et espérer avoir plus de boursicoteurs que de parieurs du PMU. Nous aurions aussi mis en pratique la conviction selon laquelle la culture de l’épargne est une dimension essentielle du développement. En tout cas la cotation du titre SONATEL à la BRVM est une aventure éducative inestimable et le Sénégal peut en être fier. Aujourd’hui la SONATEL entre en bonne position dans le marketing du Sénégal autrement dit elle vend la destination Sénégal pour les touristes comme pour les investisseurs et encore plus pour les deux réunis.
Ousmane Sané
Economiste financier
Consultant International en Politiques Economiques Post Conflit
(Source : Nouvel Horizon, 25 mars 2005)