Avant, pratiquement, toutes les communications internationales devaient passer par la France ce qui en rendait les coûts prohibitifs mais en plus tendaient à générer une forte dette. Cette dernière fait souvent partie aujourd’hui des négociations lors de la privatisation des sociétés nationales de télécommunication. Si vous prenez un pays comme le Sénégal, sur les 17.000 villages qui attendent d’être connectés, seulement 1000 l’ont été. Et le cahier de charge signé par France Télécom, l’actionnaire majoritaire de la Société nationale de télécommunication du Sénégal, prévoit d’en connecter 1.000 chaque année. Dans d’autres autres pays comme la Guinée, la situation est encore moins réjouissante. Les privatisations en cours dans d’autres Etats du continent comme le Nigeria sont mal engagées, parce que peu de repreneurs de renommée internationale se sont manifestés.
La privatisation de la Sonatel est intervenue en juillet 1997, avec un capital de 195 milliards de FCFA, soit 10 millions d’actions au prix de 19.500 FCFA l’action. Capital repartit avec 42 % pour le partenaire étranger France Télécom, 27 % à l’Etat sénégalais, 20 % aux institutionnels et au grand public et 10 % au personnel. Les orientations données au processus de privatisation, à l’issue des travaux, tournent notamment autour de l’adéquation entre les opérations de privatisation, les mesures de libéralisation du secteur et la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire. Les orientations se présentent aussi sous la forme de questionnement autour des investissements. ’’Quels investisseurs, quels opérateurs pour quels projets ? Quelles mesures et quels moyens pour assurer l’actionnariat régional ? Quels modes de financement ? Telles sont les questions qui restent à être résolues dans le cadre de la libéralisation des services de téléphonie au Sénégal.
Ainsi, le secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Sonatel (SYTS), Ibrahima Konté, plaide pour un débat national sur la question de la libéralisation du secteur des télécommunications qui interviendra en juillet 2004. Selon lui, « Il faut susciter un débat national (...) pour faire en sorte que l’Etat s’oriente vers un schéma de libéralisation le plus optimal possible » (...) « Comme par rapport à la privatisation (de la SONATEL), nous n’avons pas eu une position idéologique, nous l’avons accepté, de même les travailleurs entendent accompagner la libéralisation qui comporte des avantages ».
À ce titre, le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel, cite le développement des infrastructures du réseau des télécommunications, la création d’emplois stables, l’accroissement des recettes de l’Etat induit par la création de richesses supplémentaires et la diversification des services et offres tarifaires au profit des consommateurs, notamment. Tout en estimant que la question de la libéralisation « est plus dangereuse que la privatisation », il soutient que les travailleurs de la société sont contre « une libéralisation financière ou budgétaire destinée simplement à approvisionner les caisses de l’Etat ». Tout en soulignant « les risques et menaces liées à une libéralisation mal maîtrisée » il préconise « des mesures de précautions et de sauvegarde pour ne pas mettre en péril les intérêts du pays et des garde-fous pour que les acquis ne soient pas détruits ».
Mounirou FALL
(Source : Sud Quotidien 17 janvier 2004)