Le Syndicat des Travailleurs de la Sonatel (SYTS) se bat pour que la société garde son identité sénégalaise. Les syndicalistes dénoncent les tentatives sournoises de délocalisation éventuelle d’activités de la Sonatel (Société nationale des télécommunications) vers des filiales de France Télécom. Une fois accomplie, ce processus consiste à transférer des activités de supervision réseau et de services à la clientèle à un centre de compétence, en partage avec 8 autres pays.
Le groupe Sonatel qui comprend des filiales au Mali, en Guinée et en Guinée-Bissau, a réalisé un bénéfice net consolidé de 218 milliards FCFA en fin d’exercice 2014. Une clause de préemption signée entre l’État du Sénégal et France Telecom en 1997 accorde à la multinationale française la priorité dans la vente de toute action de la Sonatel. Étant donné que 25% des actions flottent en bourse, il y a lieu de craindre que France Télécom devienne finalement majoritaire et fasse de ce fleuron de l’économique sénégalaise une simple filiale.
Il est incompréhensible que France Télécom, ne détenant que 42% des actions (donc partenaire), exerce une si grande influence sur le devenir de la boite. À tort, la majorité des sénégalais assimilent cette boite à une multinationale (propriétaire de Sonatel). Dans la lutte engagée par le SYTS, la question de la souveraineté économique témoigne de leur engagement patriotique qui se distingue carrément des doléances corporatives habituelles des regroupements de travailleurs.
Le SYTS se bat pour que la Sonatel ne soit pas abandonnée au capital étranger avant le renouvellement de la concession, prévue en 2017. La société de télécommunication contribue à hauteur de 12,5% du Produit intérieur brut (PIB) dans l’économie nationale et joue également un rôle stratégique dans la sécurité nationale, la protection des données personnelles et le fonctionnement des services administratifs et sociaux de base.
Les assurances d’Abdou Karim Mbengue, Directeur de la communication, à l’effet que les emplois ne sont pas menacés ne donnent aucune garantie sur la conservation de l’identitaire sénégalaise des activités d’exploitation. Dans le projet d’externalisation, la mise en place d’un centre commun d’exploitation de réseau en mode BOT (Build Operate and transfert) est prévu sur trois à cinq ans. Ensuite, le transfert se fera aux « filiales utilisatrices », dit la direction. Ainsi, l’hypothétique filiale utilisatrice repreneuse peut être n’importe quel démembrement de France Télécom. C’est à ce niveau que la perte de contrôle par la Sonatel de secteurs clés est à craindre.
Birame Ndiaye
(Source : SenécoPlus, 22 mars 2016)