L’Organisation des Professionnels des TIC (OPTIC) se prononce sur l’actualité du secteur numérique au Sénégal
mercredi 16 mars 2016
Jeudi 3 mars 2016, le Président de l’Organisation des Professionnels des TIC (OPTIC), Antoine NGOM, a rencontré la presse pour un survol de l’actualité du secteur numérique.
Ci-dessous les différentes thématiques abordées
Vision, Politique & Stratégie
PSE : PTN Diamniadio
Le secteur privé national est très impliqué et très intéressé par le Parc des Technologies Numériques de Diamniadio. Ce Parc permettra au Sénégal de faire un bond important dans le développement du Numérique dans notre pays.
Il faudra cependant veiller à faire la part belle aux pme nationales qui devront s’installer en masse sur ce site si attendu.
Les installations et les incitations prévues transformeront sans nul doute nos PME et leur permettront de franchir un cap dans leur développement et dans leurs capacités à prendre en charge les préoccupations économiques et sociales du pays d’une part, mais également dans leurs capacités à s’exporter.
Stratégie Sénégal Numérique
Le processus de finalisation des travaux de la Stratégie Sénégal Numérique entrepris par le Ministère des Postes et Télécommunications a été salué par l’ensemble du secteur privé. De plus, nous marquons notre accord total sur la démarche participative et inclusive.
Notre Organisation est partie prenante de ce processus et notre contribution est très importante.
Nous avons récemment édité un document de plaidoyer qui concentre d’une part les différentes contraintes vécues par nos entreprises et d’autre part des fortes propositions pour lever ces contraintes.
Nous devons veiller maintenant à l’appropriation de cette stratégie par toutes les parties prenantes et gagner le défi de la mise en œuvre, où le Sénégal pèche souvent.
Environnement
Cadre institutionnel, CNN
La structuration l’architecture institutionnelle du secteur du numérique au Sénégal ne permet pas une grande cohérence dans l’élaboration des politiques publiques et dans les décisions qui sont prises dans le secteur.
En effet, notre secteur a souvent brillé dans la presse par « les affaires » qu’il a connues et non par ces résultats. De plus, cela fait plusieurs années que nous n’avons pas de stratégie sectorielle qui décrit les grandes orientations et le positionnement de notre pays sur la scène mondiale.
Ce manque de cohérence est principalement dû à deux facteurs importants :
la multiciplité des centres de décision
l’instabilité institutionnelle (changement fréquent de Ministre).
Une des réformes importantes du PSE propose de mettre en place l’IT Board pour corriger cette situation.
OPTIC a organisé avec l’ensemble des parties prenantes (public, privé, société civile, partenaires sociaux, partenaires techniques et financiers) une journée de réflexion sur la Gouvernance du Secteur en Décembre 2014.
Comme principale recommandation de cette journée de réflexion, les acteurs ont souligné l’importance de mettre en place dans les meilleurs délais un Conseil National du Numérique.
Le rapport de cette journée comprenant les recommandations précises sur la mise en place du Conseil a été déposé sur la table des autorités.
Un an après, force est de constater que rien n’a évolué. Ceci, malgré la volonté affichée du Président de la République de mettre en place cet organe.
Conseil Présidentiel de l’Economie Numérique
Un Conseil Présidentiel sur l’Economie Numérique est annoncé depuis plusieurs années et souvent reporté.
La tenue d’un Conseil Présidentiel sur le secteur du Numérique permettrait de prendre des décisions immédiates avec un fort impact sur le secteur.
Nous appelons donc de tous nos vœux ce Conseil Présidentiel sur le Numérique.
Cadre juridique, réglementaire & fiscal, code des télécoms
Le nouveau code des télécoms (si nous pouvons toujours le qualifier de nouveau) a été voté depuis 2011. Mais faute de décrets d’application, les nouvelles dispositions qui favorisent le développement du secteur ne peuvent être mises en œuvre.
OPTIC a organisé en Octobre 2014 une journée de Réflexion essentiellement portée sur la question du Code et ses décrets d’application. Cette rencontre a réuni toutes les parties prenantes du secteur et a permis de faire des propositions concrètes à l’Etat sous la forme de contributions regroupées dans un document transmis à la Tutelle.
Un décret sur le contrôle des appels et un autre sur les consommateurs ont été signés, sans consultations préalables avec les acteurs, mais la grande partie des décrets reste toujours dans le circuit de validation, sans aucune visibilité des différents acteurs, notamment du secteur privé.
Ce code qui devient obsolète au vu de l’avancée très rapide de la technologie devra sans doute faire l’objet d’une revue dans les meilleurs délais et ainsi prendre en compte toutes les innovations technologiques et les nouvelles notions qui voient le jour (big data, neutralité du net, internet des objets, etc…).
Dispositif d’appui aux entreprises
Des problèmes de financement se posent avec acuité dans notre secteur pendant que la plus part des ressources générées, notamment par les télécommunications sont utilisées à d’autres fins.
Par exemple, la multitude de taxes prélevées dans les télécoms a une destination qui reste inconnue, autre que le secteur.
De plus, depuis plusieurs années, 95% du Fonds de Développement du Service Universelle des Télécommunications sert à alimenter le Fonds de soutien à l’énergie.
Ces ressources générées par notre secteur devraient servir à mettre en place un dispositif d’appui cohérent à travers :
La mise en place d’un Fonds de soutien à l’innovation (par exemple avec le FDSUT), d’un fonds de soutien aux startup,
Des appels à projets à forte valeur ajoutée. Par exemple, le gouvernement de la Côte-d’Ivoire vient de mettre en place un fonds de 500 Millions pour soutenir 200 projets en 2016, au-delà de la convention signée entre l’ANSUT et l’Agence de l’emploi des jeunes. Des exemples comme ceux-là sont des exemples à suivre par nos autorités.
L’accompagnement à l’export qui reste très faible.
Nous en profitons d’ailleurs pour annoncer la création au sein d’OPTIC d’une commission « Dispositif d’appui à l’innovation dans le numérique » qui va rencontrer toutes les structures d’appui aux entreprises, les institutions financières, etc… Et qui sera chargée de proposer une feuille de route pour conduire à la mise en place d’un dispositif d’accompagnement à l’innovation.
La création d’une commission « Relation avec les institutions régionales UEMOA & CEDEAO) » est également en création au sein de notre Organisation. En effet, le plaidoyer sur l’environnement du secteur doit se faire de plus en plus au niveau des institutions régionales car les grandes orientations sont décidées dans ces instances puis transposées dans nos différents pays.
Capital humain
Il faut reconnaître que sur la question des ressources humaines, notre pays est à la traine. Les écoles et instituts de formation de mettent pas suffisamment de ressources de très haut niveau sur le marché de l’emploi. Cela joue bien évidemment sur la compétitivité des entreprises nationales qui ont du mal à trouver des profils de pointe en quantité.
Cette inadéquation entre la formation et l’emploi est accentuée par l’arrivée de multinationales qui, ne trouvant pas suffisamment de ressources humaines sur le marché puisent dans le personnel des PME.
Il devient donc urgent de mener la réflexion sur le renforcement du dispositif de l’enseignement supérieur et technique.
OPTIC s’est déjà organisée en mettant en place en son sein une commission « Capital humain » qui fera des fortes propositions pour permettre au système de formation d’une part de mettre à disposition plus de ressources qualifiées mais également faire monter en compétence les ressources humaines déjà présentes dans les entreprises.
Infrastructure
Nous avons pris connaissance du projet de l’ADIE d’étendre son réseau de fibre optique en déployant 3000 km supplémentaires pour passer à une capacité totale de 4 500 km sur tout le territoire. Cela permettra certainement à notre pays de passer un véritable cap dans la couverture nationale en fibre.
Il faut cependant s’assurer que le schéma économique qui sera mis en place pourra garantir l’utilisation cohérente de ce réseau national.
Cela nous amène à parler de la mutualisation des infrastructures. Les différents acteurs (ADIE et Opérateurs) déploie chacun de leur côté des infrastructures. Pour permettre une cohérence dans tout le dispositif de couverture réseau au niveau nationale, une concertation doit être menée. Cela garantira un meilleur maillage du territoire national avec comme préoccupation majeur une couverture efficiente.
ISP
L’état du Sénégal a décidé l’installation de trois Internet Service Provider (ISP) ou Fournisseurs d’Accès Internet (FAI) supplémentaires à travers un appel à candidature avant la fin du premier semestre 2015 (voir article l’Observateur du 2 Mars 2015).
Les dispositions de l’article 23 du code des télécommunications définissent clairement les modalités de sélection des opérateurs et fournisseurs de services. L’autorité gouvernementale chargée du secteur, précisément le Ministère des Postes et des Télécommunications peut prendre au nom de l’Etat, la décision de lancer les procédures d’appel à concurrence. Ensuite, la mise en œuvre de la procédure d’appel à la concurrence est approuvée par le Collège de régulation de l’ARTP.
L’ARTP met ensuite en place une commission composée notamment des représentants d’institutions de l’Etat afin de lancer un appel public à candidatures, réceptionner les soumissions, dépouiller et évaluer les offres et enfin choisir l’attributaire qui recevra la notification du Ministère chargé des Télécommunications, avant la signature de la convention.
Force est de constater que ce processus n’est toujours terminé et que les acteurs, notamment du secteur privé fortement intéressés, n’ont aucune visibilité sur cette question.
4G
Suite à l’Appel public à candidature infructueux, pour l’attribution de licences et de fréquences autorisant l’utilisation des technologies mobiles de 4ème génération en vue de l’établissement et l’exploitation de réseau public de télécommunications 4G au Sénégal, OPTIC a appelé à une concertation urgente des parties prenantes dans le but de trouver une solution alliant au mieux l’intérêt des utilisateurs, des différents acteurs et une bonne évolution du secteur.
La position d’OPTIC a toujours été de privilégier le dialogue public/privé en amont de toutes les décisions structurantes pour le secteur de l’Economie Numérique.
Le numérique est un enjeu de gouvernance économique et sociale partout dans le monde.
La question de la 4G, hautement stratégique pour le Sénégal, devra nécessairement faire l’objet d’une concertation publique/privée afin de trouver les solutions idoines et d’atteindre les objectifs du PSE pour un Sénégal Numérique.
Consciente de cette situation et de ses responsabilités d’organisation professionnelle représentative du secteur, OPTIC entend jouer dès à présent ce rôle de médiateur entre les différents acteurs (Etat, opérateurs de télécommunication, autres acteurs du numérique, Consommateurs,…) afin d’aboutir rapidement à la solution tenant compte des préoccupations des parties-prenantes et privilégiant l’intérêt du Sénégal.
Nous avons commencé les rencontres avec les différents acteurs cités plus haut et avons bon espoir qu’une solution pourra être trouvée dans les meilleurs délais.
Plus généralement sur cette question, nous avons mis en place au sein d’OPTIC une commission « Infrastructure haut débit » pour mener la réflexion sur ces questions.
Accès aux Marchés
Projets phares de l’Etat, PPP, Partenariat avec ADIE
La nouvelle Loi sur le Partenariat Public Privé consacre la notion d’offre spontanée.
Malheureusement, le plancher de 50Mds pour prétendre à l’offre spontanée ne permet pas à notre secteur de pouvoir profiter de cette avancée significative dans les partenariats avec l’Etat.
En effet, aucun projet relatif à notre secteur ne nécessite des investissements de cette nature. Il est urgent de revoir ce plancher si l’on veut permettre au secteur du numérique de jouer son rôle de catalyseur de l’économie nationale.
Celle nouvelle Loi si elle est réajustée pour notre secteur, permettra aux entreprises nationales de pouvoir prendre en charge les projets phares de l’Etat tels que la numérisation de l’état civil, la numérisation du dispositif de santé publique, etc…
Dans ce cadre, il est primordial, surtout au vu de ses grandes capacités en terme de couverture réseau, d’arriver à une collaboration beaucoup plus soutenue entre l’ADIE et le secteur privé.
Implication du secteur privé dans les projets du PSE
Dans le cadre de l’organisation du futur forum sur l’implication du Secteur Privé national dans le PSE, des commissions thématiques ont été mises en place par le BOS/PSE.
Monsieur Antoine NGOM, Vice-Président du CNP et Président de l’Organisation des Professionnels des TIC (OPTIC) a été désigné pour le compte du secteur privé Président de la Commission Thématique « Multiservices« .
Pour information, il est prévu que la commission « Multiservices » se penche sur les sujets suivants :
Hub Santé avec le Projet Phare (PP) Dakar Médical City (PP 21)
Economie Numérique : zones dédiées aux services d’exports prêtes à l’emploi (PP 19)
Les projets Business Park (PP 20), Développement des infrastructures commerciales (PP 10)
Le projet de hub éducation (PP 22)
Le plan de relance aérien (PP 24)
Sous-traitance des projets confiés aux multinationales
Nous ne cesserons jamais de le répéter, les projets confiés aux multinationales doivent faire l’objet d’une part importante de sous-traitance. Cela permettra de faire monter en compétence nos entreprises à travers un transfert de savoir-faire.
Promotion des entreprises
Nous avons organisé en Décembre 2015 la 1ère édition du SIPEN. Ce salon technologique a vu une forte participation de l’écosystème numérique du Sénégal mais aussi de quelques pays de la sous-région.
La deuxième édition se tiendra dès cette année 2016 avec des invités venus de toute la sous-région et même au-delà avec le Maghreb et l’Europe.
Nous espérons que les pouvoirs publics s’engageront d’avantage pour cette deuxième édition.
(Source : ITmag, 16 mars 2016)