L’Information sur le net : « Pas une source, mais un moteur de recherche »
mardi 5 juillet 2005
L’internet est devenue une source d’information pour les journalistes. Une source où il ne faut cependant pas puiser sans précaution, parce que la denrée qu’on y prélève n’est pas consommable sans risque. Pour dire le mot, l’internet est une multitude de sources dont certaines comportent de fortes doses de toxicité. Et cette dangerosité, les journalistes doivent la connaître pour la bonne santé de la presse. C’est pour le leur rappeler que la Convention des jeunes reporters tenant son Ecole de la convention samedi dernier a axé le thème sur la manipulation par l’internet. Un thème introduit par Mamadou Amath, journaliste à l’agence panafricaine Panapress. Dans son exposé, M. Amath a souligné qu’« il faut se méfier de l’Internet où l’on trouve du tout. Du bon au mauvais, de l’excellent à l’abject, du vrai au faux ». A travers la toile, soutient le chef du desk politique du journal Le quotidien, Soro Diop, « le journaliste peut être manipulé ». Et l’exemple qui a servi d’école à cette cinquième cours des jeunes reporters du Sénégal sur le thème de « La manipulation de l’information » est l’affaire qui a opposé le journal Le quotidien avec Karim Wade le fils du président de la République. Nos confrères du journal Le Quotidien, rappelle Mamadou Amath, « viennent de s’excuser publiquement comme l’a exigé Karim Wade à qui, ils ont reconnu avoir porté tort en reprenant des « informations » sur Internet ». De telles informations selon lesquelles Karim Wade aurait pris des actions dans le capital de Maroc Télécoms. Sous le titre « Le business d’Etat de Karim Wade », ils laissaient entendre que le fils du président de la République comptait profiter de sa position dans l’appareil d’Etat pour acquérir la troisième licence de téléphonie au Sénégal.
En déclarant avoir été induits en erreur par le site source de l’information, lequel s’est plaint d’une mauvaise traduction de l’information recueillie, les journalistes du Quotidien posent ainsi la difficulté de la vérification des informations tirées sur le net. Le directeur général de 7 Editions Yaxam Mbaye reconnaît cet obstacle citant comme exemple l’affaire Fodé Sylla. C’est pourquoi, affirment les professionnels des médias, la toile ne doit pas être une source mais plutôt un moteur de recherche dont les informations doivent être “recoupées” avec d’autres informations, d’autres sources ». Selon l’agencier Mamadou Amath, « les informations tirées sur le net ne tombent pas du ciel, elles émanent de personnes qui peuvent aussi vouloir manipuler. Il n’appartient pas à un journaliste de dire que telle chose est vraie parce qu’elle provient de l’internet ». Un journal, note ce dernier, ne doit pas être constitué que d’articles tirés de l’internet. Cela cause, ajoute-t-il, « toujours des dégâts ». En effet, démenti ou pas, précision ou non, rétractation ou excuses publiques, constate Mamadou Amath qui se sert de l’interne pour se documenter, « le mal est fait. C’est honnête quelque part, mais c’est humiliant de dire que l’on a raconté des histoires de façon légère ».
Fatou K. SENE
(Source : Wal Fadjri, 5 juillet 2005)