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L’Ethiopie met fin à 22 ans de monopole d’Etat dans les télécoms : les opérateurs sont dans les starting blocks

mercredi 26 juin 2019

Le pays qui figurait, encore il y a peu, parmi les derniers bastions du continent réfractaires à la concurrence dans les segments de la téléphonie mobile, fixe et internet a ouvert ses portes aux investisseurs étrangers. Cette libéralisation laisse présager des retombées conséquentes aussi bien pour le Trésor public que pour les populations qui déplorent depuis bien longtemps déjà la qualité et les coûts de services offerts par l’opérateur historique Ethio Telecom. La compétition maintenant est lancée.

Une nouvelle ère commence pour les abonnés télécoms éthiopiens, habitués depuis deux décennies aux services de l’opérateur historique des télécommunications Ethio Telecom. La société publique, monopole d’Etat, ne devrait plus être la seule à proposer ses services aux consommateurs d’ici la fin d’année. En effet, le 10 juin 2019, le parlement éthiopien a approuvé l’ouverture du marché télécoms à la concurrence. L’attribution de licence à de nouveaux acteurs a déjà été retenue en premier ressort au regard de sa rapidité. La procédure d’appel d’offres y relative devrait être lancée au mois de septembre prochain.

L’attribution de licence à de nouveaux acteurs a déjà été retenue en premier ressort au regard de sa rapidité. La procédure d’appel d’offres y relative devrait être lancée au mois de septembre prochain.

Le gouvernement éthiopien envisage toujours de vendre une participation minoritaire dans Ethio Telecom. Mais cette option exige beaucoup de temps, en termes de préparation et de réalisation. L’Etat prévoit d’ailleurs de scinder l’opérateur historique en deux entités distinctes avant sa privatisation. La première entité fonctionnera comme le gestionnaire des infrastructures télécoms nationales, notamment le réseau national de fibre optique, tandis que la seconde se consacrera aux activités de télécommunications.

En émettant des licences télécoms, le gouvernement éthiopien souhaiterait que les entreprises lauréates démarrent leurs activités l’année prochaine, en s’appuyant dans un premier temps sur l’infrastructure d’Ethio Telecom. Eyob Tekalign Tolina, le ministre des Finances, a d’ailleurs déclaré à cet effet que le gouvernement travaille actuellement « sur un calendrier très agressif » dans l’espoir que de nombreux Ethiopiens utilisent bientôt différentes cartes SIM pour communiquer.

Une autorité fédérale de réglementation

La loi sur la libéralisation du marché télécom national vient parachever le dispositif réglementaire mis en place depuis février dernier par le gouvernement pour l’expression d’une pluralité d’offres sur le marché télécom national.

Réuni en session extraordinaire le 04 février 2019, le conseil des ministres de la République fédérale d’Ethiopie a tout d’abord posé les bases d’une saine concurrence dans le marché télécom national en créant une autorité fédérale de réglementation des télécommunications. Placée sous la tutelle du premier ministre, cette tour de contrôle que le gouvernement veut « indépendante, transparente et responsable », sera chargée, entre autres, de « restructurer le marché des télécommunications et d’instaurer la concurrence, de mettre en œuvre les politiques relatives aux services de communication ; de réglementer les tarifs relatifs aux services de communication, conformément aux dispositions réglementaires ; superviser les opérateurs du service de communication et modifier, renouveler, suspendre ou révoquer les licences ».

La profonde transformation que connaît actuellement le secteur éthiopien des télécoms est le fruit des réformes économiques annoncées par le premier ministre Abiy Ahmed, après son entrée en fonction le 2 avril 2018. Elles visent à rendre le pays plus attractif pour les investisseurs et à stimuler le développement économique.

Retombées multiples

En ouvrant son secteur télécoms à la concurrence, l’Ethiopie s’est retirée de la liste désormais très réduite des marchés monopolisés par l’Etat. Il ne reste plus que Djibouti et l’Erythrée. Les Comores, qui en faisaient partie, ont changé de cap en octobre 2015 en attribuant une licence télécoms Telma pour 16 millions de dollars US. La société a lancé ses activités dans le pays en décembre 2016, mettant immédiatement à mal l’opérateur historique Comores Telecom.

Avec la concurrence dans les télécoms, les Ethiopiens vont faire l’expérience d’une amélioration de la qualité des services, longtemps décriée par les populations. Le taux de couverture réseau du pays va également s’accroître et même le coût des services va connaître un ajustement.

L’Ethiopie, c’est actuellement un marché de plus de 100 millions d’habitants avec un taux de pénétration du mobile en dessous de 55%, alors que le taux de pénétration d’Internet avoisine 20%.

L’Ethiopie, c’est actuellement un marché de plus de 100 millions d’habitants avec un taux de pénétration du mobile en dessous de 55%, alors que le taux de pénétration d’Internet avoisine 20%.

C’est le deuxième plus gros marché télécoms du continent en termes de population, après le Nigeria. Il est riche en opportunités. Bien que la 4G y ait déjà été lancée, la technologie peine à se déployer au-delà de la capitale Addis-Abeba. Les zones rurales, comme dans de nombreuses nations africaines, demeurent des niches de marché sous-exploitées.

Le marché télécoms éthiopien, de nombreux opérateurs télécoms étrangers ont commencé à loucher dessus depuis l’année dernière, dès qu’une éventuelle privatisation de l’opérateur historique a été évoquée.

Les sociétés embusquées

MTN Group fait partie de ceux-là qui s’impatientent de se lancer à la conquête du marché éthiopien. Au cours d’un entretien accordé à Bloomberg en mai 2019, Rob Shuter, le président directeur de l’entreprise sud-africaine, déclarait d’ailleurs à cet effet qu’ « il y a quelques grands marchés qui sont sous-pénétrés et où il y a de la place pour un opérateur n° 1 ou n° 2, comme l’Ethiopie. C’est évidemment un domaine dans lequel nous serions très heureux de participer, en quelque sorte ». Avant MTN Group, Vodacom avait déjà exprimé son intérêt pour l’Ethiopie, tout comme le groupe télécoms français Orange.

Viettel a jeté lui aussi son dévolu sur le marché éthiopien. Le groupe télécom vietnamien était aux aguets depuis de nombreuses années. Anticipant sur une potentielle évolution du marché télécoms local, le géant, qui jouit d’une présence au Cameroun, au Mozambique, au Burundi et en Tanzanie, avait ouvert une représentation à Addis-Abeba. Aujourd’hui, sa patience pourrait s’avérer payante.

Muriel Edjo

(Source : Agence Ecofin, 26 juin 2019)

Post-Scriptum

L’expérience des Comores

Selon la Banque Mondiale, en 2015, avant la libéralisation du secteur comorien des télécommunications, le taux de couverture des services télécoms était certes supérieur à 50% mais le taux de pénétration du mobile, sur la base d’abonnés uniques, ne dépassait pas la barre de 50%. Le taux de pénétration de l’Internet n’excédait pas 7,9%. Les coûts du service voix et des services à large bande étaient considérés comme parmi les plus chers d’Afrique.

Mais en 2017, le taux de couverture du réseau télécoms avoisinait déjà 80%. We are social et Hootsuite, dans leur Digital Report 2019, révélaient que le taux de pénétration d’Internet dans le pays était déjà 20% en janvier. La qualité des services s’est sensiblement améliorée et les tarifs sont devenus un peu plus abordables. Ils devraient connaître une tendance à la baisse avec le jeu de la concurrence, Telma Comores étant décidé à devenir le numéro un. Cet ensemble de performances contribue déjà à l’amélioration des conditions de vie des populations et au développement de l’écosystème numérique local.

Au niveau du Trésor public, l’entrée de Telma a aussi suscité de nouvelles recettes pour l’Etat qui perçoit un ensemble d’impôts et de taxes auprès de la compagnie qui a aussi crée de l’emploi direct et indirect.

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